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19 janvier 2011 3 19 /01 /janvier /2011 17:32

 

L'Atlantide

 

La communauté oubliée et l’impasse politique

 

La communauté est en train de frapper à la porte parce que nous l’avons oubliée. Comme une mère abusive, elle peut nous enchaîner. Mais nous ne pouvons rejeter la mère sinon nous n’aurons plus d’enfants. Il faut simplement lui donner sa juste place pour que la vie de tous puisse s’épanouir. Aujourd’hui, il n’est pas trop tard pour ouvrir notre porte à celle qui est devenue une étrangère. La communauté arrive, chargée de cadeaux : elle peut nous empêcher de tourner en rond et ouvrir à nouveau l’espace de l’avenir.

 

L’intégration des étrangers compromise

En France, l’étranger souffre. Il n’arrive pas à s’intégrer. Il demande l’hospitalité mais, depuis longtemps, nous avons perdu le sens de l’hospitalité ; depuis longtemps, nous avons perdu le sens de la communauté. Nous voudrions qu’il soit comme nous. Mais il ne peut renoncer à ce qu’il a de particulier. Non, il n’est pas comme nous et il le revendique. Nous voudrions lui faire croire que nous sommes en avance sur lui. Parfois il finit par le croire mais très vite il se sent pris au piège d’un mensonge.

 

Nous accusons la communauté mais la communauté nous accuse

La communauté de l’étranger nous effraie. A peine, le mot est-il prononcé, que nous pensons communautarisme. Nous ne voyons pas qu’en rejetant sa communauté nous provoquons une réaction de défense. Écarté, il s’arque boute sur le bien qu’il porte. Manquant d’air, le bien qu’il porte finit par l’enchaîner. Il donne alors naissance à des réflexes communautaristes et engendre l’intégrisme.

 

En fait, la communauté est en nous, rejetée dans l’inconscient. Elle resurgit, réveillée par le miroir de l’étranger. Nous nous obstinons à la tenir enfermée. Mais peu à peu elle se faufile et finit par remonter à la conscience. Ce que nous refusons chez l’étranger, c’est une partie de nous-mêmes, c’est la communauté refoulée. Plus nous la refoulons, plus nous refoulons l’étranger, à qui nous rendons la vie impossible.

 

Elle porte nos racines, parentales, culturelles et spirituelles 

Nous voudrions que l’étranger abandonne la communauté à nos frontières. Mais comment le pourrait-il ? C’est un de ses biens les plus précieux. Elle porte les racines de la vie d’aujourd’hui et de demain. A travers elles, c’est sa filiation qu’elle porte : filiation parentale, filiation culturelle, filiation spirituelle. Alors, nous, qu’avons-nous fait de notre propre filiation si nous persistons à renoncer à la dimension structurelle de la communauté ? Est-il possible que nous ne venions de nulle part ? Est-il possible qu’il faille renoncer à sa filiation pour engager l’avenir ? Est-il possible qu’il faille rayer d’un trait de plume toutes les cultures locales et toutes les cultures étrangères  pour donner naissance à  notre propre société ? C’est là sans doute que se cache l’un de nos plus gros mensonges.

 

En rejetant la communauté, nous rendons la démocratie illusoire

Séparé de la communauté, l’individu devient un être sans chair que l’on peut additionner, soustraire et multiplier. Il est réduit à une marchandise. On peut l’acheter et le vendre au gré de ses intérêts. La société se divise alors en deux classes : ceux qui possèdent et ceux qui sont possédés. On  fait croire à l’individu qu’il est libre parce qu’il est libéré de l’enchaînement communautaire. Il appartiendrait à la société de l’engendrer comme sujet. Mais la société, qui a rompu ses liens avec la communauté, est impuissante à engendrer. En mimant la communauté, elle engendre des sujets fantômes. La démocratie est une abstraction de la démocratie et l’abstraction contribue à inverser tous les processus. L’intérêt privé prend le pas sur le bien commun. L’économie l’emporte sur le politique et l’écologie qui préserve la vie est soumise aux intérêts économiques…

 

La solution politique n’est ni à gauche ni à droite, elle est devant nous dans l’engendrement du sujet 

On voudrait que la vérité soit à gauche ou à droite. La droite défend à juste titre l’initiative mais elle crée d’énormes inégalités. De son côté, la gauche met très justement l’accent sur la solidarité mais elle extirpe le pouvoir du citoyen pour le donner au collectif. Alors les Français sombrent dans le désespoir et le pessimisme : le présent est sombre et leur avenir leur échappe. Chacun cherche des responsables mais il n’y a pas de responsables. C’est le système qui est le vrai responsable mais il travaille dans l’ombre et passe inaperçu. Tous sont trompés par lui ; il a oublié la pièce essentielle de la communauté et rend impossible la constitution du sujet.

 

Alors il convient d’ouvrir la porte à l’étranger qui nous rapporte la communauté perdue. Nous pensons qu’il nous menace. En réalité, il est le mage qui nous montre l’étoile de la vie et de la véritable hospitalité. Il nous offre un cadeau somptueux. Avec la communauté retrouvée il deviendra possible de découvrir la solution politique d’aujourd’hui : elle est devant nous, dans l’engendrement du sujet.

 

Le sujet est, en même temps, fait de chair et d’esprit

Le sujet est un individu de chair, d’une chair que seule la communauté peut lui donner. Seule la communauté peut l’aider à sortir de l’abstraction dans laquelle il se trouve, malgré lui, enfermé. Il est d’autant moins voué à se transformer en marchandise qu’il est, par essence, ouvert à l’universel et au spirituel. Ses pieds sont sur terre mais sa tête est dans le ciel. Pour survivre et se développer, il a besoin de revenir aux sources de la vie, dans ses racines que porte la communauté.

 

Sa place est dans l’espace d’interaction, entre la communauté et la société

La communauté n’est pas la société et la société n’est pas la communauté. Pour simplifier, disons que la communauté est le lieu des racines ; la société est celui des projets. Elles ont besoin d’être séparées parce que leur séparation est la condition de leur interaction. La communauté est toujours particulière alors que la société doit être laïque pour offrir à chacun son espace, quelles que soient ses convictions.

 

Pour se développer le sujet a besoin de l’une et de l’autre. Mais sa place privilégiée est dans l’entre-deux, dans l’interaction qui les fait vivre et permet leur développement respectif.

 

Seul l’engendrement du sujet  peut donner sens à une véritable démocratie.

 

Etienne Duval, le 19 janvier 2011

 

 

 

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commentaires

G
<br /> <br /> <br /> La vie et la mort de Gustav Klimt<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Une communauté qui intègre la mort pour produire la vie<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Si l’on s’en tient à l’enseignement du conte précédent, on perçoit que la communauté est fondée sur un engagement qui intègre non seulement les vivants mais aussi<br /> les morts. Autrement dit, pour exister, la communauté doit intégrer la mort, car elle est chargée de  communiquer la vie à ses membres et il n’existe pas de vie sans mort. Le<br /> nom est là pour établir un lien entre les vivants et les morts. Il appartient aux morts de porter les graines de la vie. Sans eux, la fécondité de la vie ne peut se manifester.<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Comme dans l’histoire de Philoctète évoquée plus haut, le conte africain qui suit fonde la communauté sur une sorte d’intégration de la mort et sur une<br /> continuité avec celui est mort ou ceux qui sont morts.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Le nom<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Il était une fois un village qui n’avait pas de nom. Personne ne l’avait jamais présenté au monde. Personne n’avait jamais présenté la parole par laquelle une somme<br /> de maisons, un écheveau de ruelles, d’empreintes, de souvenirs sont désignés à l’affection des gens et à la bienveillance de Dieu. On ne l’appelait même pas « le village sans nom », car<br /> ainsi nommé, il se serait aussitôt vêtu de mélancolie, de secret, de mystère, d’habitants crépusculaires, et il aurait pris place dans l’entendement des hommes. Il aurait eu un nom. Or, rien ne<br /> le distinguait des autres, et pourtant il n’était en rien leur parent, car seul il était dépourvu de ce mot sans lequel il n’est pas de halte sûre. Les femmes qui l’habitaient n’avaient pas<br /> d’enfants. Personne ne savait pourquoi. Pourtant nul n’avait jamais songé à aller vivre ailleurs, car c’était vraiment un bel endroit que ce village. Rien n’y manquait et la lumière y était<br /> belle.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Or, il advint qu’un jour une jeune femme de cette assemblée de cases s’en fut en chantant par la brousse voisine. Personne, avant elle, n’avait eu l’idée de laisser<br /> aller ainsi les musiques de son coeur. Comme elle ramassait du bois et cueillait des fruits, elle entendit soudain un oiseau répondre à son chant dans le feuillage. Elle leva la tête, étonnée,<br /> contente. « Oiseau, s’écria-t-elle, comme ta voix est heureuse et bienfaisante ! Dis-moi ton nom que nous le chantions ensemble ! » L’oiseau voleta de branche en branche parmi<br /> les feuilles bruissantes, se percha à portée de main et répondit : « Mon nom, femme ? Qu’en feras-tu quand nous aurons chanté ? – Je le dirai à ceux de mon village. – Quel est<br /> le nom de ton village ? – Il n’en a pas, murmura-t-elle, baissant le front. - Alors, devine le mien ! » lui dit l’oiseau dans un éclat moqueur. Il battit des ailes et s’en fut. La<br /> jeune femme, piquée au coeur, ramassa vivement un caillou et le lança à l’envolé. Elle ne voulait que l’effrayer. Elle le tua. Il tomba dans l’herbe, saignant du bec, eut un sursaut misérable et<br /> ne bougea plus. La jeune femme se pencha sur lui, poussa un petit cri désolé, le prit dans sa main et le ramena au village.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Au seuil de sa case, les yeux  mouillés de larmes, elle le montra à son mari. L’homme fronça les sourcils, se renfrogna et dit : « Tu as<br /> tué un laro. Un oiseau-marabout. C’est grave ». Les voisins s’assemblèrent autour d’eux, penchèrent leur front soucieux sur la main ouverte où gisait la bestiole. « C’est en effet un<br /> laro, dirent-ils. Cet oiseau est sacré. Le tuer porte malheur. – Que puis-je faire homme, que puis-je faire ? » gémit la femme, tournant partout la tête, baisant le corps sans vie,<br /> essayant de le réchauffer contre ses lèvres tremblantes. « Allons voir le chef du village, dit son mari. »<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Ils y furent, femmes, époux et voisins. Quand la femme eut conté son aventure, le chef du village catastrophé dit à tous : « Faisons-lui de belles<br /> funérailles pour apaiser son âme. Nous ne pouvons rien d’autre. Trois jours et trois nuits, on battit le tam-tam funèbre et l’on dansa autour de l’oiseau marabout. Puis on le pria de ne point<br /> garder rancune du mal qu’on lui avait fait, et on l’ensevelit.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Six semaines plus tard, la femme qui avait la première chanté dans la brousse et tué le laro se sentit un enfant dans le ventre. Jamais auparavant un semblable<br /> événement n’était survenu au village. Dès qu’elle l’eut annoncé, toute rieuse, sous l’arbre au vaste feuillage qui ombrageait la place, on voulut fêter l’épouse féconde et l’honorer comme une<br /> porteuse de miracle. Tous, empressés à la satisfaire, lui demandèrent ce qu’elle désirait. Elle répondit : « L’oiseau-marabout est maintenant enterré chez nous. Je l’ai tué parce que<br /> notre village n’avait pas de nom. Que ce lieu où nous vivons soit donc appelé Laro, en mémoire du mort. C’est là tout ce que je veux. – Bien parlé, dit le chef du village ». On fit des<br /> galettes odorantes, on but jusqu’à tomber dans la poussière et l’on dansa jusqu’à faire trembler le ciel.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> La femme mit au monde un fils. Alors toutes les épouses du village se trouvèrent enceintes. Les ruelles et la brousse alentour s’emplirent bientôt de cris<br /> d’enfants. Et aux voyageurs fourbus qui vinrent (alors que nul n’était jamais venu) et qui demandèrent quel était ce village hospitalier où le chemin du jour les avait conduits, on répondit<br /> fièrement : « C’est celui de Laro ». A ceux qui voulurent savoir pourquoi il était ainsi nommé, on conta cette histoire. Et à ceux qui restèrent incrédules et exigèrent la vérité,<br /> on prit coutume de dire : « D’abord fut le chant d’une femme. Le chant provoqua la question. La question fit surgir la mort. La mort fit germer la vie. La vie mit au monde le<br /> nom ». (Conte africain, Henri Gougaud, L’arbre aux trésors, Ed. du Seuil)<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Le serment qui fonde la communauté<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Je ne comprends pas bien le sens de l’intervention précédente sur Philoctète. C’est par la violation d’un serment sacré que Philoctète s’est exclu de la communauté<br /> des hommes. Il s’est tiré une flèche dans le pied et la puanteur qu’a engendrée cette blessure a provoqué concrètement son exclusion. La communauté repose sur un serment de fidélité réciproque et<br /> si ce serment n’est pas respecté, la communauté devient impossible. Il faudra alors, en ce qui concerne Philoctète, une grande période de solitude et de purification, et l’intervention d’Héraclès<br /> trahi, pour que s’ouvre à nouveau la communauté des hommes. C’est alors que la communauté peut trouver les armes qui l’amèneront à triompher de l’adversité.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Mais j’aimerais que l’intervenante (ou l’intervenant) précédente nous explique l’idée qu’elle avait derrière la tête.<br /> <br /> <br /> <br />
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P
<br /> <br /> Le pied souffre d'un mal<br /> ancien<br /> <br /> <br /> <br /> On raconte que le pauvre Philoctète, alors<br /> qu'il naviguait avec ses compagnons en direction de Troie, se blessa maladroitement au pied, avec une de ses flèches, la puanteur de la gangrène qui s'y produisit fut telle qu'on l'abandonna dans<br /> une île déserte<br /> <br /> <br /> D’autres vous diront que<br /> Philoctèteétait un guerrier très<br /> puissant, héritier de l'arc et des<br /> flèches empoisonnées d'Héraclès. Il<br /> s'était engagé, par serment, à ne jamais dire à Personne le lieu où il aurait déposé les cendres d'Héraclès.<br /> <br /> <br /> Mais les Grecs de l’époque très sensibles aux<br /> oracles envoyèrent des députés à Philoctète, pour apprendre en quel lieu elles étaient cachées les flèches d'Héraclès afin de se rendre maîtres de la ville de Troie<br /> <br /> <br /> Philoctète, qui ne voulait ni violer son<br /> serment ni priver les Grecs de l'avantage que ces flèches pouvaient leur procurer, après quelque résistance, montra avec le pied l'endroit où il avait inhumé Héraclès, et avoua qu'il avait ses<br /> armes en son pouvoir.<br /> <br /> <br /> Cette indiscrétion lui coûta cher par la<br /> suite : Lorsqu’il s’embarqua pour la ville de Troie, une de ces flèches tomba sur son pied avec lequel il avait montré le lieu de la sépulture d'Héraclès, il s'y forma un ulcère qui<br /> répandait une odeur si infecte, sous<br /> prétexte que lamentations démoralisent le reste<br /> de l’équipage, son compagnon de combat Ulysse (Personne) décida de l’abandonner sur une île de Lemnos. Philoctète est expulsé de l'humanité même et retourne<br /> presque à un état primitif, à la frontière entre l'homme et l'animal. Il ne peut se tenir debout à cause de sa blessure et est obligé de ramper.<br /> <br /> <br /> Ce n'est que dans la dixième année de cette<br /> guerre qu'on vint le chercher pour l'amener à Troie,<br /> <br /> <br /> Ulysse et Néoptolème arrivent à Lemnos, ils<br /> décident de s'emparer de Philoctète par la ruse : Ulysse ne se fera pas voir, et Néoptolème, feignant d'être un ennemi des Grecs, devra s'attirer la sympathie de Philoctète et le conduire à bord<br /> du navire qui les a amenés. Pour la suite, on s'en remettra au hasard. C'est ce qui advient en effet. Le pauvre malade s'abandonne avec confiance au jeune homme, afin qu'il le soustraie à sa<br /> triste solitude, et lui remet le fameux arc d'Héraclès, dont il était possesseur, pour qu'il le garde et le mette en sûreté. Tandis qu'ils s'acheminent vers le navire, Néoptolème se sent<br /> contraint de lui révéler la vérité …<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Une société qui ne fait pas une place suffisante à la communauté souffre aussi de la maladie d’Alzheimer<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Sans doute la maladie d’Alzheimer est-elle une détérioration du corps. Mais on peut considérer que la société subit aussi à son niveau des détériorations. En ne<br /> faisant pas une place suffisante à la communauté, elle perd la mémoire et finit par faire perdre la tête aux citoyens. Par ailleurs, l’exemple que j’ai donné montre qu’il existe une relation<br /> entre la perte de mémoire des institutions et la perte de mémoire des individus. La première accélère l’évolution de la seconde.<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> La mémoire perdue<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Il y a à peine deux jours, je suis allé voir un couple de personnes âgées, qui ont choisi de vivre dans une résidence. Je les avais connues, pendant une dizaine<br /> d’années, alors que nous menions une expérience d’habitat collectif en banlieue lyonnaise. Lorsque je suis arrivé, l’homme et la femme étaient installés côte à côte sur une chaise devant la<br /> télévision. L’homme était totalement assoupi. Quant à la femme, elle ne m’a pas reconnu et m’a salué par un « Bonjour Monsieur » très respectueux. Je l’interroge alors sur son<br /> mari ; elle me répond : « Je ne sais pas où il est ». Je lui fais remarquer qu’il est installé à côté d’elle. « Ah, me dit-elle, celui-là n’est pas mon mari. »<br /> Voyant que tout était embrouillé dans sa tête, j’essaie progressivement de remettre un peu d’ordre dans son univers. Vers 16 heures, une aide soignante entre et propose un goûter. Avec une grande<br /> attention elle intervient auprès du mari pour l’aider à ingurgiter un petit gâteau avec de l’eau gélifiée. Nous commençons à parler : je m’aperçois qu’elle ne connaît rien de la vie de ses<br /> deux hôtes. Ce sont tout simplement de vieilles personnes, qui n’ont pas de passé. Je lui explique alors que l’homme a été cadre à Rhône-Poulenc et qu’il a toujours été très apprécié par son<br /> entourage. Je fais aussi remarquer que la femme a été directrice, en son temps, d’une maison de personnes âgées et qu’elle avait beaucoup de maîtrise pour mener les réunions. En retrouvant leur<br /> passé, l’homme et la femme retrouvent aussi leur dignité et redeviennent de véritables sujets. Je sens une certaine admiration chez l’aide soignante, qui regrette de ne rien connaître de ses<br /> pensionnaires. Lorsque je m’apprête à partir, la femme enfin reconnue m’adresse un beau sourire et nous nous embrassons chaleureusement.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Si je relate cette histoire, c’est pour montrer que chacun a besoin de la communauté qui porte ses racines. Sinon en perdant la mémoire nous perdons aussi la<br /> tête.<br /> <br /> <br /> <br />
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G
<br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br /> Groupe Tel quel, 1968<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> C’est par la prise de parole que l’individu commence à s’affirmer comme sujet et la démocratie devrait être le lieu où la parole des plus humbles <br /> est désenchaînée. En ce sens, mai 68 était le prélude d’une révolution encore à concrétiser, une révolution que seule la violence de la parole peut mener à son terme. Ce n’était pas, comme<br /> beaucoup le croient, une révolution avortée.<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> La prise de parole en 1968<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> « En mai dernier, on a pris la parole comme on a pris la Bastille en 1789. La place forte qui a été occupée, c’est un savoir détenu par les dispensateurs de la<br /> culture et destiné à maintenir l’intégration ou l’enfermement des travailleurs étudiants et ouvriers dans un système qui leur fixe un fonctionnement. De la prise de la Bastille à la prise de la<br /> Sorbonne, entre ces deux symboles, une différence essentielle caractérise l’événement du 13 mai 1968 : aujourd’hui, c’est la parole prisonnière qui a été libérée.<br /> <br /> <br /> Ainsi s’affirme, farouche, irrépressible, un droit nouveau, devenu identique au droit d’être un homme, et non plus un client voué à la consommation ou un instrument<br /> utile à l’organisation anonyme d’une société. Il commandait, par exemple, les réactions d’assemblées toujours promptes à le défendre dès qu’il semblait menacé au cours d’un débat : “Ici, tout le<br /> monde a le droit de parler.” Mais ce droit était seulement reconnu à qui parlait en son propre nom, car l’assemblée refusait d’entendre qui s’identifiait à une fonction ou qui intervenait au<br /> titre d’un groupe caché derrière les dires d’un de ses membres : parler, ce n’est pas être le “speaker” d’une force de pression, d’une vérité “neutre” et objective, ou d’une conviction venue<br /> d’ailleurs. »<br /> <br /> <br /> <br /> Extrait de La prise de parole, de Michel de Certeau (Points-Seuil).<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> C’est vrai que notre démocratie, portée par le système libéral, n’est pas une véritable démocratie. En donnant à tous le droit à la parole, mai 68 était l’annonce<br /> d’un autre système possible. Malheureusement ce fut un feu de paille, mais la lumière qui s’est ainsi manifestée, à un moment donné, ne s’est pas définitivement éteinte.  Je ne<br /> sais pas s’il faut attendre des autres révolutions, comme la révolution du jasmin, qu’elles aillent plus loin que nous. Mais je suis sûr qu’il nous appartient, dans le contexte qui est le nôtre<br /> aujourd’hui, de dépasser les blocages de la droite et de la gauche, pour donner au sujet le pouvoir qui lui revient, en mettant en œuvre un nouveau projet politique.<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> De mai 1968 à la « Révolution du jasmin »<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Merci Etienne pour les outils,<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Mai 68 fut en son temps présentée comme une simple agitation étudiante (et ou) prolétarienne pour masquer ce qui fut la force réelle du mouvement. Les jeunes qui se<br /> révoltèrent en 1968 dans le monde entier, ont représenté une première étape dans la prise de conscience des limites de l'Occident démocratique. Dans la mesure où cette révolte démontra que les<br /> plus grandes puissances : militaire, technologique et financière au monde ne parvenaient pas à venir à bout d'un peuple qui luttait pour l'indépendance et la liberté. La résistance tenace et les<br /> sacrifices des anciens peuples du Maghreb et de l’Asie montrèrent aux jeunes Occidentaux que la grande démocratie n'était pas libérale au point de consentir que quelqu'un, dans une lointaine<br /> province coloniale, choisisse une voie différente de la sienne.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Le Jasmin est un mot arabe formé de Yas = désespoir et Min = mensonge<br /> <br /> <br /> (en mémoire du Jeune Tunisien immolé par qui la Révolution est arrivée)<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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P
<br /> <br /> <br /> Outils préhistoriques<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> D’un écart à l’autre<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Danièle vous évoquez très bien deux distanciations qui ont permis à l’homme de progresser : l’outil et l’organisme collectif qu’est la communauté. Il y a eu<br /> ensuite l’écart nécessaire entre la communauté et la société avec ses institutions, chargée d’orienter les projets humains vers une plus grande universalité. C’est un tel écart qui a permis<br /> l’émergence de l’individu. Nous en sommes encore là. Un nouvel écart par rapport à la société et la communauté s’avère indispensable pour faire place au sujet, au-delà de l’individu, dans une<br /> constante interaction entre l’une et l’autre. La constitution de ce nouvel écart semble définir le projet politique d’aujourd’hui.<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> D’après nos philosophes modernes, l'homme devint homme grâce à l'invention de l'outil. Prolongement artificiel de ses mains, cet outil,<br /> indépendant du corps, permit de diversifier l'effort sans en devenir l'esclave. Cependant, l'outil devint vraiment efficace lorsque les humains, réussirent à travailler ensemble vers un but<br /> commun. C'est ainsi que naquirent les grandes civilisations qui donnèrent naissance à la nôtre. Cette invention extraordinaire qu'est l'outil, jointe à l'aptitude des consciences individuelles à<br /> se rejoindre, finirent par former en quelque sorte un organisme collectif, s'étendant dans l'espace et dans le temps.<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Le réseau, une des formes modernes de la communauté ?<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Je pense personnellement que le réseau est une des formes modernes de la communauté. Pus discret, plus souple, il fait circuler la parole autour de valeurs<br /> communément admises par ses membres. Internet permet d’accélérer, à grande échelle et avec une rapidité inégalée, une telle circulation. Son efficacité, comme on l’a déjà dit, suppose le passage<br /> de la communauté virtuelle à une communauté concrète. Je suis frappé de voir comment les demandeurs d’asile et plus généralement les immigrés qui circulent de pays en pays deviennent des experts<br /> dans l’utilisation des réseaux.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Par ailleurs il est possible de multiplier et d’interconnecter les réseaux. Cela peut produire une plus grande intelligence collective et donc une capacité accrue<br /> de création. Personnellement je fonctionne dans de multiples réseaux et, en particulier, dans ce réseau qu’est le blog.<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> <br /> Je pense à quelque chose  qui me paraît important : c’est la parole partagée qui fait exister la communauté. Qu’en pensez-vous ?<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Merci. Si tu as d’autres références sur ce thème, nous serons très heureux d’en profiter.<br /> <br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> « Dehors, dedans, la condition d’étranger »<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Le Livre du jour de La Croix d'aujourd'hui: "Dedans, dehors, la condition d'étranger" du philosophe Guillaume Le Blanc" semble traiter de façon très proche le sujet<br /> de ton blog. Dans le même journal, il y a un forum intéressant du même auteur: "La possibilité de la non-violence".<br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Je trouve que tu as raison d’attirer l’attention sur le fait que la promotion de la personne doit se faire aussi au niveau de la communauté elle-même. Le critère de<br /> cette  promotion sera l’ouverture de la communauté  à un certain universel, qui implique la société.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> En ce qui concerne le côté multiple de la culture et tu penses sans doute aux adeptes de la religion musulmane, la société doit tenir compte de cette multiplicité<br /> et non pas opérer un lissage comme le jacobinisme français a souvent conduit à le faire, si elle veut assurer la promotion de la personne. Encore faut-il que la société elle-même reste laïque,<br /> tout en admettant l’existence de multiples communautés. D’où l’intérêt de bien distinguer communauté et société même si cette distinction est critiquable par certains côtés.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Personnellement je parle plutôt de sujet que de la personne. C’est vrai, la personne a toujours existé en théorie mais sa promotion explicite est plus récente. Le<br /> mot sujet permet de tenir compte de l’historicité de la personne en même temps que de sa connotation métaphysique.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Merci, en tout cas, de participer à ce débat.<br /> <br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Le problème de la personne se pose aussi au niveau de la communauté<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Le problème posé existe depuis que la société humaine existe. Dans les temps modernes, des solutions proposées se sont concrétisées par la devise "Liberté, égalité,<br /> fraternité", ou par les "Droits de l'Homme". Il s'agit de savoir ce que l'on met derrière ces mots, si le but, comme ce doit l'être, est la promotion de chaque personne. Évidemment, le problème<br /> est actuellement beaucoup plus aigu dans la mesure où la société est devenue plus multiple et surtout multiconfessionnelle. Mais la promotion de la personne (et non d'un groupe) doit être<br /> effective non seulement au niveau de la société, mais aussi à l'intérieur de chaque communauté. A ce propos, il serait fructueux de lire ou de relire "l'Enracinement" de Simone Weil.<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Il faudrait s’interroger sur les créations de communautés virtuelles. Leur rôle, en tout cas, est grandissant, notamment dans les évolutions sociales et politiques,<br /> dans le déverrouillage de certaines sociétés bloquées. Ainsi notre monde crée spontanément la communauté dont il a besoin pour faire exister le sujet. Communauté virtuelle, qui se fonde sur une<br /> certaine parole partagée et qui va servir de médiation pour la création de communautés plus concrètes…<br /> <br /> <br /> <br />
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I
<br /> <br /> Internautes et communautés virtuelles<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Le terme de « communauté virtuelle » désigne des personnes réunies via Internet par des valeurs ou un intérêt commun (par exemple une passion, un loisir ou un<br /> métier). Nous notons que la communauté virtuelle et le site Web sont deux concepts indissociables. La mise enplace d'une communauté virtuelle est bénéfique pour un site Web, car elle crée un<br /> sentiment d'appartenance chez les membres et permet de faire évoluer le site dans une démarche participative. L'objectif de la communauté virtuelle est de créer de la valeur à partir deséchanges<br /> entre membres, par exemple en partageant des astuces, des conseils ou tout simplement en débattant d'un sujet. Donc la communauté virtuelle prend sa valeur et se construit grâce à une<br /> appropriation de l'espace de discussion ou du site Web tout entier par les membres. Le nombre des membres d’une communauté virtuelle définit la taille de cette communauté. Ainsi une communauté<br /> d'utilisateurs de taille importante peut être valorisante pour l'image du<br /> <br /> <br /> site Web, car elle procure un fort capital de sympathie et crée un sentiment de confiance chez l’internaute.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> http://www.semionet.fr/ressources_enligne/Enseignement/08_09/cilm/projets_etudiants/Cultures_Communautes/culture_facebook.pdf<br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> <br /> Situation bloquée<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Ce que vous dites est loin d’être hors sujet. Je suis personnellement d’accord avec tous les points que vous développez. Cela met un peu de chair à ce que j’ai<br /> voulu exprimer.<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Réponse aux échanges<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> J'ai lu les interventions : très bien !<br /> <br /> <br /> J'ai eu envie de répondre à cet échange ci-dessous :<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> L’engendrement du sujet<br /> <br /> <br /> - J'ai été surpris du nouveau texte initial que tu proposes. Je l'ai   trouvé extrêmement réducteur et la dichotomie communauté - société<br /> passablement floue et ambiguë, écrit un participant.<br /> <br /> <br /> - Si j’ai valorisé la communauté, répondez-vous, c’est pour attirer  l’attention sur une nouvelle problématique du politique, qui<br /> doit  quitter l’alternance de plus en plus stérile droite/gauche pour  s’intéresser à l’engendrement du sujet.<br /> <br /> <br /> (Je suis d'accord avec votre réponse).<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Des institutions figées<br /> <br /> <br /> - Il faudra bien remplacer un jour les institutions figées qui  continuent à jouer le rôle d’interlocutrices représentatives au<br /> sein  de la société, faute d’autre chose, alors qu’elles ne représentent  plus qu’une infime partie de la population.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Des hommes et des femmes éparpillées<br /> <br /> <br /> - Parler de l’importance des communautés c’est aussi parler d’un  manque cruel. Combien dans nos sociétés "développées" d’hommes et<br /> de  femmes éparpillés, sans attache sociale, religieuse, amicale,  familiale. Ce sont atomes isolés dans des capitales anonymes (cf. « Gros câlin »<br /> d’Émile Ajar : l’homme seul qui a un python comme animal  de compagnie). Internet est venu opportunément suppléer le manque avec un apport de lien virtuel. (Je ne change pas de<br /> sujet en faisant cette assertion).<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Les nouvelles communautés<br /> <br /> <br /> - Les nouveaux besoins créent les nouvelles communautés, autour de  causes ponctuelles ou durables : inondations ou fermetures <br /> d’entreprises réveillent des solidarités, des communautés écologiques  expérimentent la décroissance ou un nouveau type d’habitat etc. On  aurait intérêt à<br /> devenir curieux et à donner davantage la parole à ce  pullulement de mouvements d’où sortiront des idées neuves. D'abord ce  serait "tonique" et ça nous<br /> sortirait des déplorations".<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Un système bloqué depuis 50 ans<br /> <br /> <br /> - Les événements qui ont bouleversé notre société et nos modes de vie  après 68, n’ont pas entraîné à ce jour d’adaptation ou de<br /> changement  des structures et institutions. Le poids des conservatismes (gouvernemental, patronal, syndical, corporatiste) s’y oppose. La réflexion tourne en rond. Nous vivons<br /> dans un système bloqué depuis <br /> <br /> <br /> plus de 50 ans.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> -          Est-ce que ça s'insère dans le débat ou hors sujet, déjà exposé ?<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Il me semble que tu attires à juste titre l’attention sur le pessimisme ambiant, engendré  par « l’inconscience » que nous avons des<br /> phénomènes importants qui se passent aujourd’hui.  Si nous avons un travail utile à faire c’est  précisément de faciliter le passage de ce qui est inconscient<br /> à la pleine conscience.  Merci d’avoir ainsi utilement rebondi.<br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Une perception inconsciente et non expliquée<br /> <br /> <br /> Etienne, bonjour,<br /> <br /> <br /> Tes réflexions ouvrent les portes de la compréhension et donc de la différenciation des notions de "Communauté" et de "Société". Il me semble qu'il est communément<br /> admis que la communauté est porteuse de nos racines, qu'elle en est le lieu ; par contre, réaliser que la société est celui des projets est une notion qui me semble largement ignorée.<br /> <br /> <br /> Ns voyons la société comme un état de fait statique et lentement évolutif même si nous savons qu'il est le fruit de changements et d'apports successifs survenus au<br /> cours des siècles. Ton analyse met le doigt sur leur rapidité actuelle et sur leur permanence. Notre pessimisme ambiant ne serait-il pas le résultat de leur perception inconsciente et non<br /> expliquée? C'est mon analyse; il me semble d'ailleurs que toutes les sociétés, d'une manière générale, sont effrayées par les conséquences inconnues de cette rapidité, d’où en réaction les<br /> nombreux intégrismes qui ns entourent.<br /> <br /> <br /> Quant au développement du sujet, il me semble qu'il est lui aussi évolutif et en devenir permanent, ce que refusent également les intégristes.<br /> <br /> <br /> Bon dimanche et amicalement.<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Le point de vue des uns doit enrichir le point de vue des autres pour nourrir le débat<br /> <br /> <br /> Yvon, je finis par perdre mon latin, je veux dire ma sensibilité sociologique étayée par de nombreuses années d’études et de recherche. Pour que les choses soient<br /> claires, je n’ai pas voulu faire un texte sociologique  mais entrer dans la pensée à partir d’intuitions que je croyais assez fortes. Tu m’emmènes où je ne veux pas aller car<br /> les intervenants ne sont pas sociologues.  D’ailleurs, je dois te dire que les catégories que j’utilise sont très connues des sociologues. C’est pour cette raison que j’ai mis<br /> un petit texte sur le théoricien Tonnies, qui les a beaucoup mis en œuvre.<br /> <br /> <br /> Par ailleurs ma perspective n’était pas  d’abord de travailler sur les catégories communauté et société  mais de faire un petit<br /> travail de socioanalyse  pour remonter, des difficultés au niveau de l’intégration vers les les problèmes et les manques des Français eux-mêmes.  Pourquoi une<br /> telle démarche serait-elle interdite  parce qu’elle ne se développe pas au niveau de la pleine conscience , mais un peu dans le non-dit ? Je me l’autorise tout à fait et je<br /> pense que les  sociologues n'y sont pas opposés. D’autant plus qu’elle me paraît nécessaire si nous voulons changer de problématique  politique.<br /> <br /> <br /> Personnellement, j’ai un point de vue, que l’on peut critiquer et contester mais j’attends aussi le point de vue des autres, qui ont un arrière-fond différent du<br /> mien. Je sais que tu as un arrière-fond philosophique. Le plus simple serait de t’appuyer sur ce trésor accumulé  pour enrichir le débat, car nous risquons de tourner en<br /> rond ; nous ne parlons pas du même lieu et nous n’avons pas les mêmes compétences.<br /> <br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> Débat en continu sur  communauté et société<br /> <br /> <br /> Je ne pensais pas que tu aurais mis mon petit mot sur le blog. Permets-moi de te répondre un peu plus longuement. A vrai dire j’ai été assez choqué que tu lances<br /> sur la place publique un débat qui pourrait être assez fondamental sur la contribution des communautés dans la vie sociale hexagonale à partir de non dits qui me semblent assez graves. Le non dit<br /> permet d’assimiler la flèche « communauté - société » à la flèche « passé - avenir ».  La communauté dont tu parles est celle :<br /> <br /> <br /> - des étrangers d’un pays donné (en ignorant les différences sociales et la prise en considération des particularités nationales les plus positives),<br /> <br /> <br /> - émigrés en France ( en ignorant déjà que d’être émigré espagnol, italien, algérien, anglais ou tchétchène n’est pas comparable tant à cause de la différence<br /> d’origine que de la différence de regard à priori que nous avons sur les immigrés de ces pays, différence de regard à priori qui serait tout autre aux USA ou au Canada ou en Chine, différences de<br /> regard qui est déjà le problème),<br /> <br /> <br /> - sous entendus appartenant à la classe populaire des demandeurs d’emplois ( je ne pense pas qu’un cinéaste turc ou un chorégraphe brésilien se reconnaissance comme<br /> appartenant à cette communauté basique nationale, couleur de peau, à la base de ton raisonnement). Je pense qu’il s’agit plus des immigrés économiques que des réfugiés politiques ou des<br /> professeurs d’université recrutés à l’étranger,<br /> - formant un magma indifférencié, plutôt homogène pour chaque communauté, caractérisé comme non positionné de façon cohérente avec la société.<br /> <br /> <br /> C’est donc  plus le point de vue naïvement satisfait sur l’autre que le point de vue de l’Autre dans la majesté de son itinéraire.<br /> <br /> <br /> Vue comme ça,  l’appartenant à une communauté a tout le chemin à parcourir pour devenir un être social ; il est un enfant vagissant aux<br /> portes de l’humanité.<br /> <br /> <br /> <br /> Comme je l’ai écrit dans ma contribution :<br /> <br /> <br /> -  même les membres des communautés d’origine se situent de manières fort différentes  dans cet espace « pays<br /> d’origine » -« pays d’immigration ». L’ignorer c’est déjà fabriquer le problème.<br /> <br /> <br /> - nous-mêmes appartenons à des communautés et chacun à plusieurs communautés. Et les immigrés peuvent appartenir à ces mêmes communautés. Ce ne sont en rien des<br /> communautés racines. On peut les passer sous silence pour la pertinence du raisonnement. Mais alors autant le dire. Reste-t-il d’ailleurs une pertinence, sauf celle du Front<br /> National ? <br /> <br /> <br /> Pour ce qui est de la « société » comme tu dis, je pense qu’il faudrait vite oublier le terme, mais je ne vais pas reprendre ce qui a été dit précédemment<br /> dans le blog.<br /> <br /> <br /> A suivre, Yvon<br /> <br /> <br /> <br />
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F
<br /> <br /> Communauté et société selon le sociologue Tonnies<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Ferdinand Tönnies, né le 26 juillet 1855 et mort 9 avril 1936<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Tönnies utilise l'approche psychologique à travers les notions de volonté organique (Wesenwille) et celle de volonté réfléchie (Kürwille) pour expliquer le passage<br /> de l'individu de la communauté (Gemeinschaft) vers la société (Gesellschaft). Pour lui, la volonté organique est à l'origine de la forme de vie sociale communautaire. Elle est une spécificité du<br /> comportement des individus vivant en communauté, caractérisée par l'attachement, l'affection qu'a l'individu, envers sa famille (lien de sang), son village et ceux qui y habitent (lien d'amitié)<br /> et les pratiques coutumières et religieuses y existant. La forme sociale sociétale est, quant à elle, le produit de la volonté réfléchie, c’est-à-dire qu'elle est issue de la pensée humaine. A<br /> contrario, de la morale communautaire ciment de la communauté, la pensée est diverse. Chaque individu a sa pensée. Chaque individu rentre donc en concurrence notamment sociale et économique avec<br /> autrui. De ce fait, on assiste à un développement de l'individualisme. Pour Tönnies, le progrès de l'urbanisme- fait évoluer la communauté vers la société et il pense que l'entreprise<br /> commerciale, caractérisant la société de son époque et qui est le motif de la recherche de profit individuel, va entraîner la société à sa perte.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> http://fr.answers.yahoo.com/question/index?qid=20080623070734AAd3ikx<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Un nécessaire retour en arrière pour faire le saut qui s’impose aujourd’hui<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> C’est vrai que j’apprécie les louanges comme tout le monde mais, parfois, la critique est plus utile car elle fait plus avancer. Mon texte est un point de vue et il<br /> est nécessairement parcellaire. Je conviens que ce que tu appelles dichotomie communauté/société puisse être floue et ambiguë. Elle ne l’est pas complètement pour moi si l’on s’en tient aux<br /> repères que j’ai donnés (origine, lieu des filiations, lieu d’où je viens, espace des projets, universalité (sur la quelle je n’ai peut-être pas assez insisté), …. Dans ma tête, je pars un peu de<br /> la situation faite aux étrangers et je constate ce qui se passe : ce sont des problèmes que j’ai travaillés de près pendant de nombreuses années et que j’ai expérimentés en banlieue. Ce sont<br /> bien la communauté et les réflexes communautaristes qui font problème. J’essaie alors de comprendre pourquoi et j’en arrive à l’hypothèse que cela tient à un manque de la société française, qui<br /> hypertrophie la dimension sociétale aux dépens de la dimension communautaire. Cela tient probablement à un héritage de la révolution française qui a dû se défaire à juste titre de l’emprise des<br /> corporations, de l’église et de tout ce qui avait une dimension communautaire. Une telle libération était nécessaire, mais il faut peut-être revenir sur ce qui a été fait pour le réajuster et<br /> retrouver la bonne mesure. Et cela d’autant plus que le projet politique sous-jacent nous oblige aujourd’hui à travailler sur ce que j’appelle l’engendrement du sujet. Or, je constate que cet<br /> engendrement n’est possible que s’il y a interaction entre la dimension communautaire et la dimension sociétale, entre l’origine et la fin, entre les racines et les projets politiques, entre les<br /> filiations, les héritages et les créations nouvelles. Et là il est nécessaire de sortir de la dichotomie dont tu parles pour entrer dans l’interaction nécessaire à cet engendrement du<br /> sujet.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Autrement dit, la situation faite aux étrangers nous sert de révélateur pour faire apparaître nos propres limites, qui compromettent l’avenir politique. Il est donc<br /> temps de s’interroger plus en profondeur et de réajuster notre tir. Si l’on admet que la solution politique n’est ni à gauche ni à droite, mais devant nous dans l’engendrement du sujet, et si<br /> nous en tirons les conséquences pratiques, les réajustements du côté de la communauté et du côté de son interaction avec la société se feront avec une relative facilité. Une des pointes de mon<br /> texte était d’ailleurs d’attirer l’attention sur la nécessité d’une nouvelle problématique politique.<br /> <br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> La dichotomie communauté/société floue et ambiguë<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> J'ai été surpris du nouveau texte initial que tu proposes. Je l'ai  trouvé extrêmement réducteur et la dichotomie communauté -<br /> société  passablement floue et ambiguë; question de point de vue. Il est vrai  que je n'ai aucune formation de sociologue. Point de vue de<br /> béotien,  pas très loin de celui de Jaffredou. Heureusement, la plupart des  commentaires disent leur admiration pour ton texte. Amicalement, Yvon<br /> <br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br /> <br /> La révolution tunisienne<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Si j’ai valorisé la communauté, c’était pour attirer l’attention sur une nouvelle problématique du politique, qui doit quitter l’alternance de plus en plus stérile<br /> droite/gauche pour s’intéresser à l’engendrement du sujet.<br /> <br /> <br /> C’est dommage si j’ai donné l’impression de minimiser la société. Son rôle est capital mais à certaines conditions.<br /> <br /> <br /> <br />
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H
<br /> <br /> Merci de ton texte.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Tu as raison de valoriser la communauté, car c'est-elle qui améliore le rapport à l'autre et offre à chacun de développer l'estime de soi. Ton texte ne fait<br /> peut-être pas une place suffisante à la société qui, seule, fonde la dignité et le respect des personnes avec l'exigence démocratique et les droits d » l'homme, dont les jeunes tunisiens nous<br /> rappèlent aujourd'hui l'importance.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Rebondissements<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Je te suis bien dans toutes développements, mais il faut bien mettre un peu d’ordre entre les termes et entre les expériences pour essayer d’aller un peu plus<br /> loin.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> L’endroit d’où je viens<br /> <br /> <br /> La communauté me renvoie à une origine commune et à une proximité dans cette origine. Un des points de départ de ma réflexion se référait aux étrangers qui arrivent<br /> en France. Le simple fait d’arriver en France les différencie et les rapproche. Leur arrivée dans un pays étranger est créatrice de communauté pour faire face à l’autre qui les accueille. Mais la<br /> France qui ne reconnaît pas vraiment sur son territoire les cultures locales n’accepte pas que celui qui arrive d’ailleurs se différencie par son lieu d’origine. C’est ainsi qu’en rejetant ce<br /> mode de différenciation, elle crée la confusion et contrarie une réelle intégration.<br /> <br /> <br /> Ici, je te rejoins, dans l’idée que la société peut être une communauté et vice-versa selon le point de vue, à partir duquel on les approche.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> L’écrasement des particularismes<br /> <br /> <br /> Dans la culture française, il y a l’idée que la société politique est, par elle-même, créatrice d’identité sans faire référence aux particularismes. Ce n’est pas<br /> tout à fait un hasard si la différence n’existe pas dans les valeurs centrales de la république : liberté, égalité, fraternité. Pour moi, il ne peut y avoir d’unité que dans le respect des<br /> différences, même si, à un certain niveau, elles doivent être dépassées sans pourtant être annulées. Il me semble que le principe d’altérité est ici en jeu, jusqu’à un certain niveau.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> La marginalisation des communautés de forte appartenance<br /> <br /> <br />  Si l’origine n’est pas vraiment un principe de différenciation dans la société française, les communautés de forte appartenance courent le risque<br /> d’être marginalisées, d’autant plus qu’elles semblent menacer l’unité de la société elle-même. C’est vrai que l’on peut se heurter à des phénomènes sectaires, mais ce n’est pas vrai dans tous les<br /> cas. Il serait dommage que de tels groupes, qui sont souvent le point de départ de courants nouveaux et créateurs, soient condamnés à l’enfermement parce que la société globale ne les reconnaît<br /> pas.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Ce ne sont là que quelques réflexions encore lacunaires. Je tends la perche à d’autres intervenants.<br /> <br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> Communauté d’origine et communauté de projet<br /> <br /> <br /> Il me semble que le texte initial se situe dans la perspective de la communauté d’origine comme identification personnelle ou comme identification (répulsive) des<br /> autres.<br /> <br /> <br /> Personnellement même si je garde une attache affective voire sentimentale à ma province d’origine, la Bretagne, c’est plutôt aux régions les plus fortement marquées<br /> par la mer et la langue, mais très peu à l’arrière pays rennais qui est ma véritable origine dont j’ai une image plutôt peu attrayante ; je me sens breton des régions dont je ne suis pas, et<br /> en fait je ne sais si cela a une véritable importance pour moi.<br /> J’ai aussi rencontré des personnes originaires par exemple du Portugal ou du Maghreb, certes identifiées comme telles, mais personnellement, depuis qu’elles vivent en France, assez critiques<br /> envers leur pays d’origine, critiques aussi envers leurs compatriotes qui se cantonnent à des fréquentations identitaires, eux-mêmes sentant bien incapables de retourner vivre dans leur pays<br /> d’origine, même après une seule année passée ici.<br /> <br /> <br /> Les identifier comme appartenant à telle ou telle communauté, n’est-ce pas extrêmement réducteur et dommageable pour une véritable reconnaissance, et pénalisant<br /> pour une démarche vers le vivre ensemble dans la différence acceptée.<br /> <br /> <br /> J’ai par contre appartenu à différents types de communautés, clairement identifiées comme telles par tous, communautés religieuses ou soixante-huitardes ou<br /> « révolutionnaires », communautés de vie ou autres, aux fortes identités, appréciées de manières opposées (sympathie ou rejet) par leur entourage. En généralisant mon expérience<br /> personnelle, j’aurai tendance à dire que c’est par l’appartenance communautaire recherchée que l’on existe dans la société.<br /> <br /> <br /> Cela est vrai pour d’autres  formes d’appartenances qu’on pourrait dire communautaires au moins dans certains cas ou tout au moins pour les<br /> membres de leur  noyau central, même si ce n’est pas le premier mot qui vient à l’esprit quand on pense à elles : associations, groupes contestataires, clubs, partis<br /> politiques ( la famille socialiste), voire cafés philosophiques ou autres, blogs et sites d’échange. Là aussi c’est par la communauté qu’on advient à la société.<br /> <br /> <br /> Société ou communauté<br /> <br /> <br /> Le terme de société me paraît d’ailleurs assez suspect car trop lourd d’ambiguïté. Communauté ou société, tout est une question d’échelle et de<br /> positionnement.<br /> <br /> <br /> Quand on repère un comportement comme communautaire dans la société, c’est trop souvent pour pointer une différence plutôt perçue comme un obstacle au bien vivre<br /> ensemble, dont on serait soi-même un exemplaire plus pertinent, dans une suffisance souvent inconsciente, voire un certain enfermement.<br /> <br /> <br /> La société, qui n’est jamais que celle où l’on vit, mais considérée comme un horizon mythifié, n’est jamais, pour les autres qui vivent dans une autre société,<br /> qu’une de ces nombreuses manières étranges de vivre ensemble, une communauté dont les particularismes voire les bizarreries sont plutôt des obstacles au bien vivre ensemble.<br /> <br /> <br /> Un des exemples les plus caractéristiques est cette référence aux valeurs de la République dont on nous bassine pour flatter notre ego et nous permettre de jeter un<br /> regard de commisération sur ceux qui n’en sont pas les heureux sujets. Pauvres espagnols, belges, anglais, hollandais et autres norvégiens ou danois, encore engoncés dans d’archaïques monarchies<br /> bien loin de nos idéaux démocratiques et fraternels. Et tant pis si donneurs de leçons, nous peinons à faire valoir ces idéaux bien en dessous de la moyenne des autres européens, et si nous<br /> continuons à exploiter sans vergogne ces anciennes colonies, considérées quoiqu’on en dise, et pour paraphraser Zemour, comme peuplées  d’individus à problème.<br /> <br /> <br /> Il me semble que la société, n’importe laquelle, ne vit que dans la confrontation, la fraternisation,  l’imbrication de communautés, la conscience<br /> de son particularisme. Hors des communautés, point de société. Toute société n’étant jamais qu’une communauté qui s’ignore. A quelles conditions les communauté peuvent-elle jouer leur rôle<br /> sociétal, vaste sujet dont je n’en dirai rien pour ne pas être trop long.<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Revenir à la source<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Je crois que tout le problème vient du refus de donner un statut aux ethnies, aux cultures locales, aux courants spirituels liés à un territoire.<br /> <br /> <br />  L’escroquerie de la nation et de la version totalitariste du communisme<br /> <br /> <br /> La nation apparaît alors comme une grosse machine, qui va tenter de les écraser  et de les remplacer. On assiste à une confusion entre communauté<br /> et société et nous entrons ainsi dans une perversité sociale. C’est ce qui s’est produit, à un niveau international, pour le communisme. Le mot même traduisait bien la volonté d’intégrer la<br /> communauté, dans la société comme si la société que l’on voulait bâtir prétendait être à l’origine de toutes les filiations.   Nous étions dans la<br /> toute-puissance. Mais, de manière plus cachée, nous l’étions déjà dans la nation.<br /> <br /> <br />  Pour faire face à la société globale, la communauté ne peut naître que de<br /> « l’inter »<br /> <br /> <br /> Il n’est possible de faire surgir une authentique communauté globale que si l’on reconnaît les ethnies, les cultures locales, les courants spirituels liés à des<br /> territoires. Cette communauté émerge alors de l’interethnique, de l’interculturel, de l’inter spirituel, éventuellement de l’interreligieux. Elle stimule le niveau local, le régule et a aussi<br /> pour rôle de le dépasser, sans, pour autant le détruire.<br /> <br /> <br /> Revenir à la source de toutes les filiations<br /> <br /> <br /> Mais comment faire si ce niveau local est ignoré, non reconnu et rejeté ? Cela ne semble possible que si l’on revient à<br /> la source, au niveau du terrain particulier où naissent les filiations, pour les reconnaître dans leur originalité et leur particularité. Commencer par reconnaître la culture bretonne, la culture<br /> catalane, la culture basque, la culture corse, les cultures algérienne, tunisienne, marocaine, africaine…, tout en sachant qu’elles ne pourront conserver leur particularité, dans un pays comme la<br /> France et éventuellement en Europe, que si elles acceptent d’être dépassées sans être, pour autant reniées. Le même mouvement devrait concerner les ethnies lorsqu’elles existent et les courants<br /> spirituels eux-mêmes.<br /> <br /> <br />  A débattre !<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Je savais que j’allais réveiller tes démons. Il me faut les affronter. Mais comme j’attends des amis pour un repas commun, je devrai attendre  un<br /> peu pour rebondir.<br /> <br /> <br /> <br />
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G
<br /> <br /> Suite<br /> <br /> <br /> Le communautarisme dominant dispose de l'État qu'il justifie et qui le protège, s'érigeant, lui, en Universalisme bienfaisant et colonisateur à bon droit et pour la<br /> bonne cause Il me semble peu douteux que cette organisation et cette représentation non discutées "engendrent" en nous (avec d'autres facteurs, bien sût, à voir) le rejet de la différence, la<br /> peur d'autrui, la peur de nous mêmes, bref : la difficulté radicale à être des "sujets" au sens où tu l'entends. Bien entendu, on peut développer : sur le rapport aux populations autrefois<br /> colonisées et ce qui leur (et nous) en reste; la manière dont tout débat qui se veut sérieux est rapidement biaisé, ses enjeux réels escamotés par l'invocation de la République et de ses<br /> "valeurs" ( exemple : la "crise économique" : à résoudre par le souverainisme ou par l'ouverture plus grande encore des marchés, contre les États et les Nations ?) Ou bien on peut voir à quel<br /> point les problèmes deviennent insolubles (quasiment) posés dans le cadre d'États intangibles, sous-produits du XIXème siècle, sacrés, sensés contenir des Nations, mais fantasmées et de la même<br /> eau (La Côte d'Ivoire, la Palestine et Israël, les Balkans, la Moldavie, l'Afghanistan ..... la liste serait fort longue et je ne suis pas expert). Il me paraît évident que les peurs et les<br /> rejets s'enracinent d'abord dans ces situations absurdes fournies par l'histoire, où des responsabilités précises, économiques et politiques, peuvent être repérées et ne le sont jamais, puisque<br /> camouflées dans des abstractions comme les nations, les états, la civilisation occidentale, voire les communautés, qu'on dénoncera vertueusement<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Réhabiliter les  communautés ne règle pas tout<br /> <br /> <br /> Cela dit, retrouver, réhabiliter les "communautés" (même si on débarrasse le mot de ses connotations polémiques) ne règle pas forcément l'affaire. "Les communautés"<br /> peuvent être un appui contre pas mal de mystifications (la pensée unique, le conformisme politique etc. etc.). Mais le "communautarisme local" peut aussi, bien exaspéré, poussé à bout, être un<br /> nationalisme aussi stupide, fantasmé et mortifère que le communautarisme dominant, c'est à dire le nationalisme officiel, tricolore et obligatoire. Il ne peut de toute façon exister socialement<br /> et subjectivement que sous une forme aimable, folklorique, et sous une forme plus ...vigoureuse seulement s'il est reconnu par ce dernier. Ce qui n'est pas demain la veille. Le brezhoneg des<br /> catacombes a de beaux jours devant lui, mais comptés. Je ne suis pas sûr que les jours de l'État, dans sa version centralisée actuellement délirante, le soient (comptés).<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Gérard Jaffredou 20.I.2011<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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G
<br /> <br /> En France, un communautarisme caché et dominant, mais la réhabilitation des communautés ne règle pas tout<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Merci Etienne pour ta réflexion, à laquelle je réagis au quart de tour avec le risque de radoter une fois de plus.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> De quoi parle-t-on ?<br /> <br /> <br /> D' abord de quoi parle-t-on ? Ce n'est pas à un sociologue comme toi que j'apprendrai (je le dis juste pour fixer mon point de départ) que les notions de<br /> communautarisme et de communauté sont des termes issus des discussions des anthropologues cherchant à établir ce qui fonde l'identité des individus : la conscience de son rattachement à un<br /> hypothétique universel ; ou bien ce rattachement se fait-il par la médiation d'une communauté, qui peut être variable, à plusieurs étages, communicants, réfutés. Pas de problème donc, sauf<br /> théorique : une belle querelle d'experts.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Le débat sur l’identité nationale<br /> <br /> <br /> Le problème vient de ce que ces notions ont été utilisées, comme on sait, depuis quelques années comme mots terroristes – sans contenu défini, accusateurs, répétés<br /> à l'infini à des fins d'intimidation-comme il y en a (eu ?) pas mal dans le "débat" politique hexagonal, et ailleurs aussi sans doute. Ils ont été lancés et utilisés (il faudrait les suivre à la<br /> trace dans le détail) par ceux qui craignaient pour "l'identité nationale", devant l'arrivée d'une immigration (logique) apportant ses "différences" et voulant les maintenir pour d'évidentes et<br /> multiples raisons. Les Valeurs de la République , la sainte trinité Liberté Égalité Fraternité liées par le ciment de la Laïcité, ont été convoquées par les uns contre les autres et<br /> réciproquement, dans un débat jacobino-jacobin où la droite et la gauche s'entendaient pour noyer les poissons. Ceux ci surnagent toutefois : pourquoi l'immigration ? Comment s'est faite<br /> l'extension du marché (y compris et d'abord du travail) à tous les domaines de la vie ? Quels mécanismes réels, juridiques et économiques ont été mis en place, qui produisent cela, et par qui, et<br /> au bénéfice de qui ? Comment "l'énigme de l'identité nationale" (comme dit Détienne) escamote-t-il ces questions ? Le pseudo débat sur le communautarisme et l'identité nationale, et les saintes<br /> Valeurs, a eu pour effet de masquer tout ceci. D'ailleurs les protagonistes du débat pourraient bien dire " circulez, il n'y a rien à voir" : la Laïcité, qui instaure "la société du projet" les<br /> permet tous. Du moment que racines et projets, communauté et société sont sont bien séparés, tout va bien. A chacun de se débrouiller en se faisant pousser les racines qu'il veut -pourvu qu'elles<br /> ne se voient pas de trop. La république récompensera chacun suivant son mérite. Chacun, qui pourra librement travailler plus, gagnera plus, ou, s'il est un industriel modèle, de la pharmacie par<br /> exemple, aura même la Légion d'honneur. Le cumul des deux n'est pas exclu. Roulez, jeunesse ! et vive la France, jusqu'aux prochains morts.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> La France, une admirable machine à assimiler et donc à exclure<br /> <br /> <br /> La France est une admirable "machine à assimiler", estime Elie Barnavi : c'est à dire une machine à exclure les non assimilables -ou déclarés tels parce que non<br /> intégrables (les deux notions ne sont pas équivalentes, comme on le sait, mais, comme on le voit, sont souvent utilisées l'une pour l'autre). On prétend intégrer, on requiert l'assimilation, on<br /> dénonce la communauté et le communautarisme qui sont un obstacle à tant de générosité. D'où vient alors le problème, si on admet qu'il n'est pas artificiel. On peut penser qu'il est "en nous",<br /> dans le refus de l'autre, de ses "racines" et des nôtres. Soit. Une conversion intellectuelle et spirituelle règlerait alors la question. Ce serait beau si c'était facile. Seulement on peut<br /> savoir, et tu le sais fort bien Etienne et bien mieux que moi, que les psychismes et les représentations mentales qui sont produites par notre liberté, le sont tout autant et même plus ? , par<br /> l'organisation sociale, ses tabous, ses mystifications, l'idéologie dominante imposée, diffusée par les institutions ad hoc. (J'ai suffisamment enseigné -de conneries- pour savoir de quoi je<br /> parle) .Retour, enfin, à mes radotages. La sainte Trinité républicaine, que je vénère : attention !!!, est impuissante à faire oublier totalement les réalités historiques, même si une bonne part<br /> de celles-ci a été reconstituée sous son Autorité sacrée, et enseignée pour la bonne cause : la formation de la nation identifiable, version républicaine. Je renvoie une fois de plus à Suzanne<br /> Citron, Marcel Détienne, Gérard Noirel entre autres. Je ne résiste pas au plaisir de citer à nouveau Hobsbawm : "La nation" une fois extraite, comme un mollusque, de la coquille apparemment dure<br /> de "l'Etat-nation", se présente sous une forme flasque et gélatineuse" (in : Nation et nationalisme depuis 1780, Programme, mythe, réalité.- Gallimard, 1992.- Folio, p. 349).<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> La nation ou la communauté universelle<br /> <br /> <br /> Que s'est-il passé, à très gros traits (au risque d'ajouter quelques conneries à ce que j'ai pu raconter sous ma casquette de prof).L’État, celui issu par exemple<br /> de la Révolution Française, héritier de celui de l'Ancien Régime, centralisé et sacralisé, a eu besoin, pour se légitimer, de construire en son sein une Nation, unie, souveraine en principe,<br /> puisqu'il-elle se substituait à la personne Royale de Droit divin. S'est ainsi imposée, dans l'Hexagone tout au moins (et par suite dans son Empire !) un modèle de communauté UNIQUE et<br /> UNIVERSELLE dont la Langue unique, la capitale centrale, puis la République sont les constituants essentiels -au sens fort. Toute autre communauté qui prétend se constituer en son sein est un<br /> cancer, une menace mortelle, qu'il faut rejeter dès la première cellule ou retrancher chirurgicalement, sans pitié).<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Un communautarisme dominant qui dispose de l’Etat<br /> <br /> <br />  Autrement dit, l'Hexagone se caractérise par l'existence d'un communautarisme dominant et absolu : le goût parisien et ses normes, pour faire<br /> vite, (sauf concessions de détail qui font tenir encore un peu) exclusif de tous les autres, ..... qualifiés de vilains"communautarismes". Le communautarisme dominant dispose de l'État qu'il<br /> justifie et qui le protè<br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Œdipe et le sphinx<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Je suis très intéressé par les rapports entre la castration et la langue maternelle. J’attends donc avec impatience ta réflexion sur ce point et sur<br /> d’autres.<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Islamophobie, castration et langue maternelle<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> J'ai commencé à regarder ton nouveau texte. Pour le MRAP je participe à une commission "cité plurielle" à la mairie d'Échirolles (avec la Villeneuve sur son<br /> territoire). Il y a une réflexion intéressante des maghrébins du groupe par rapport à l'islamophobie et la laïcité pure et dure. Sous l'angle de la psychanalyse, dire que la castration se fait<br /> toujours dans la langue maternelle est aussi une piste que je vais essayer de creuser mais j'ai peu de temps en ce moment avec les problèmes du MRAP au niveau national, bien que ça commence à se<br /> décanter.<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Bernard, j’attends ta participation avec beaucoup d’intérêt.<br /> <br /> <br /> <br />
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B
<br /> <br /> Etienne,<br /> <br /> <br /> Je viens de lire ton texte sur la communauté et il est à mes yeux remarquable. Aussi, je t'en remercie. J'aimerais pouvoir y apporter ma contribution comme tu nous<br /> y invites. Je ne suis pas sûr d'en trouver aujourd'hui la possibilité dans le grand retard qui ponctue mes activités trop nombreuses. Cela prendra peut être du temps, mais j'aimerais bien<br /> essayer.<br /> <br /> <br /> Bien à toi,<br /> <br /> <br /> Bernard Bolze<br /> <br /> <br /> <br />
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B
<br /> <br /> Un grand merci pour cette réflexion très riche et passionnante !<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> C’est vrai ne soyons pas trop pessimistes car l’avenir est devant nous et nous avons à le construire.<br /> <br /> <br /> <br />
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