Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
23 février 2009 1 23 /02 /février /2009 16:22

L’homme est né et continue à naître du bricolage

 

Pierre Mercier, un orfèvre du social, et Etienne Duval, nous entraînent sur le chemin du bricolage, qui nous arrache à la standardisation et trace une voie pour le sujet. C’est ainsi que l’homme peut retrouver le chemin de la raison, dégagée de sa toute-puissance stérilisante, en redécouvrant la voie de la création que la nature avait ouverte bien avant son apparition. Comme chaque fois, la réflexion cherche à s’adosser au bricolage génial du mythe lui-même.

 

Éloge du bricolage pour faire et (re)faire notre monde

Par Pierre Mercier

 

Au départ, il s’agissait simplement de réaliser une tablette en bois, sous la fenêtre du salon, pour y déposer quelques objets et bibelots qui m’accompagnent depuis plusieurs années. J’imaginais fixer une planche de bois rabotée entre les deux chambranles à l’aide de tasseaux, puis de peindre l’ensemble d’une couleur crème en veillant bien à égrener chacune des couches pour m’assurer d’un rendu laqué. J’aime la peinture à l’huile. Elle est agréable à caresser et comme les tapisseries et rideaux, elle enveloppe les matières brutes de nos logements qui deviennent autant de « boites adoucissantes (1) ». Quoi qu’il en soit, j’avais envie  de faire de cette fenêtre, un petit monde et un passage apaisant pour l’œil et l’esprit, ouverts à la rue et aux autres.

 

La vieille valise marron

Me voilà donc avec ma planche, un tasseau et j’avais sorti du placard de l’entrée ma boite de bricolage enfouie sous une dizaine de pots de peinture ayant servi pour l’appartement et d’autres aussi. Non pas une de ces caisses à outils « pro » parfois vendues pré-équipées d’une batterie d’outillage, mais une vieille valise marron rigide de taille moyenne bien pratique comme fourretout, dans laquelle j’ai entreposé au fil du temps différents outils. J’en ai d’ailleurs une autre pleine de cartes postales, photos, dépliants et papiers collectés ça et là, qui m’apparaissent aujourd’hui comme autant d’outils et de matériaux d’un autre genre, mais nous y reviendrons. Bref, il y a dans ma valise de bricolage toute une série de choses : une bobine de ficelle, des pinces, des clés, un marteau, des vis et clous, une scie, du papier de verre, des fusibles, des pinceaux, des joints, des bouts de bois, des chevilles, des tournevis,… De quoi refaire le monde, si l’occasion se présente.

 

Refaire le monde

Refaire le monde. Peut être pas le grand, mais au moins le mien. C’est le sens du bricolage, trop souvent attribué à celles et ceux qui ne savent pas vraiment, qui n’ont ni plan, ni moyen. L’affaire n’est pas très sérieuse au regard des ordonnateurs du monde et autres adeptes d’une organisation rationalisée et normative des façons de vivre, qui s’autorisent à peser assez lourdement sur le cours des choses, (c’est une des qualités des bricoleurs de ne s’occuper que du léger) mais il s’agit d’un esprit qu’il convient de réhabiliter comme mode vie, de relation, d’action ou de pensée précisant qu’il n’est pas opportun de l’imposer contre toutes autres formes d’être.

 

Arranger ingénieusement

Le terme de bricolage est recouvert à première vue d’un voile négatif et péjoratif puisqu’il désigne couramment une activité ne présentant à priori aucun caractère sérieux, rationnel, solide. Tout au plus occupe-t-il aujourd’hui une place dans une économie domestique du dimanche comme passe-temps. D’ailleurs les définitions usuelles invitent à « s’occuper chez soi à de menus travaux manuels (réparation, entretien, aménagement » ou encore à « réparer provisoirement et de façon approximative » et « d’arranger grossièrement avec des moyens de fortunes, sans avoir recours à un professionnel ».

L’étymologie du mot nous enseigne qu’il est issu du langage guerrier, la « bricole » étant une catapulte destinée à rompre les murailles. Par référence à la trajectoire du projectile, il est ensuite employé à propos d’un ricochet puis d’un zigzag pour éviter les obstacles. Le verbe s’applique ainsi au jeu de balle et de billard, à la chasse et à l’équitation, mais toujours pour évoquer un mouvement incident : celui de la balle qui rebondit, du chien qui divague, du cheval qui s’écarte de la ligne droite pour éviter un obstacle. Le passage au sens moderne se fait au milieu du XIXème siècle, époque où le verbe signifie « exécuter de menus travaux » puis « arranger ingénieusement », l’accent étant mis sur l’idée de manier adroitement.

 

Faire avec les moyens du bord

La définition du bricolage met en avant l’idée d’un arrangement avec « les moyens du bord » et notamment avec des éléments recueillis ou conservés en vertu du principe que « ça peut toujours servir ». Dans La pensée sauvage, Claude Lévi-Strauss indique : « le propre (…) du bricolage est d’élaborer des ensembles structurés mais en utilisant des résidus et des débris d’événement : des bribes et des morceaux, témoins fossiles de l’histoire d’un individu ou d’une société ». Selon l’auteur, « le bricoleur est apte à exécuter un grand nombre de taches diversifiées ; mais à la différence de l’ingénieur, il ne subordonne pas chacune d’elles à l’obtention de matières premières et d’outils conçus et procurés à la mesure de son projet : son univers instrumental est clos et la règle de son jeu est de toujours s’arranger avec les moyens du bord ». Et ces moyens sont « le résultat contingent de toute les occasions qui se sont présentées de renouveler ou d’enrichir le stock, ou de l’entretenir avec des résidus de constructions et de destructions antérieures ».

 

Quelque chose de soi-même

Ainsi (2), le bricoleur collecte au gré de sa vie des ressources, c’est-à-dire des objets hétéroclites, des idées, des savoirs divers,  qui constitueront son stock, sur la base du simple principe que « ça peut toujours servir ». Poussé à agir, le bricoleur engage un dialogue avec les éléments de son stock pour trouver les éléments qui, agencés les uns les autres, permettront d'obtenir un dispositif adéquat. L'arrangement final ne sera jamais tel qu’espéré, ni que tel autre qui lui aurait été préféré mais il est considéré comme satisfaisant dès lors qu'il « marche » sans exigence de performance spécifique. Enfin, le bricoleur est attaché à son bricolage parce qu'il y met quelque chose de lui-même, « racontant, par les choix qu’il opère entre des possibles limités, le caractère et la vie de son auteur  (3) ».

A partir de « Essai de construction de l'idéaltype du bricoleur », R Duymedjian, ESCHIL, 2008.

La pensée sauvage, Claude Lévi-Strauss, 1962.


Réaménager notre espace

Alors cette approche se prête bien sur aux rapports que nous entretenons avec nos habitations, lieux idéaux du stockage et de l’arrangement, mais pour peu qu’on lui accorde une attention, elle s’applique également à de multiples champs de la vi (4).

Concernant nos pratiques d’habiter, Michel Bonetti (5) nous indique par exemple que chaque nouvel habitat nous oblige à réaménager notre rapport à l’espace et à recomposer des éléments historiques, sociaux, relationnels qui le constitue : « les éléments disparates se mélangent, se superposent, se combinent pêle-mêle dans un processus de condensation. Il s’agit d’un véritable bricolage de matériaux spatiaux et de significations attachées à différents espaces qui sont projetées sur le lieu dans lequel on vit ».

Michel Bonetti, Le Bricolage imaginaire de l’espace, 1994.

 

Une expression artistique affranchie des règles

Marielle Magliozzi (6) évoque pour sa part la valeur artistique du bricolage, au travers de créations architecturales « marginales », telle que le Palais Idéal de Facteur Cheval « construction merveilleusement complexe et aboutie », réalisé sans véritable projet établi et avec les moyens du bord par un postier pédestre qui collectait des pierres lors de ces tournées. « Ainsi, d’une activité populaire liée à l’occupation du temps libre, le bricolage devient une expression artistique ingénieuse et affranchie des règles et du système. »

 

Faire et refaire le monde social qui est le sien

Claude Javeau (7) a pu décrire le monde social et l’activité des acteurs sociaux comme une forme de bricolage : « Les hommes se livrent à un bricolage toujours recommencé pour produire et reproduire ce qu’on a coutume d’appeler société ». Le monde social n’étant finalement qu’un ensemble d'arrangements entre individus qui ne cessent, dans le cours des interactions qui les unissent, de faire et de refaire le monde social qui est le leur. Loin de l’acteur exclusivement agi par des conditionnements socioculturels ou de l’acteur rationnel mû par son seul intérêt, il s’agit d’envisager un acteur bricoleur (8) : « un acteur ne disposant pas toujours, et plutôt rarement, de préférences clairement établies et hiérarchisées, de toute l’information disponible, des savoirs et des moyens suffisants pour agir comme il le souhaiterait. Bref, un acteur contraint, limité de bien des manières mais qui agit quand même. Comme le « bricoleur du dimanche », il fait avec ce qu’il a, parce qu’il doit faire et que les situations s’imposent à lui ».

Il est d’ailleurs tentant de rappeler le lien entre l’art et l’ordre du monde social : « Si l’on devait représenter l’ensemble social par une image, écrit le sociologue Jean-Daniel Reynaud dans Les Règles du jeu (1989), ce serait plutôt une machine de Tinguely, compliquée et bruyante, et qui peut être indéfiniment bricolée. Avec la différence que personne ne l’a construite et qu’elle produit une grande quantité de choses hétérogènes » (9).

Personne n’a construit cette machine ?

 

La nature elle-même agit à la manière d’un bricoleur

Sur cette question de l’évolution humaine, François Jacob (10) prix Nobel de physiologie apporte  une réflexion qui reprend les conclusions de Lévi-Strauss : « L'évolution ne tire pas ses nouveautés du néant. Elle travaille sur ce qui existe déjà, soit qu'elle transforme un système ancien pour lui donner une fonction nouvelle, soit qu'elle combine plusieurs systèmes pour en échafauder un autre plus complexe. Le processus de sélection naturelle ne ressemble à aucun aspect du comportement humain. Mais si l'on veut jouer avec une comparaison, il faut dire que la sélection naturelle opère à la manière non d'un ingénieur, mais d'un bricoleur ; un bricoleur qui ne sait pas encore ce qu'il va produire, mais récupère tout ce qui lui tombe sous la main, les objets les plus hétéroclites, bouts de ficelle, morceaux de bois, vieux cartons pouvant éventuellement lui fournir des matériaux ; bref, un bricoleur qui profite de ce qu'il trouve autour de lui pour en tirer quelque objet utilisable.(...) L'évolution procède comme un bricoleur qui pendant des millions et des millions d'années, remanierait lentement son œuvre, la retouchant sans cesse, coupant ici, allongeant là, saisissant toutes les occasions d'ajuster, de transformer, de créer.(...) L’évolution est ainsi fondée sur une sorte de bricolage moléculaire, sur la réutilisation constante du vieux pour faire du neuf. »

 

Le refus des mots d’ordre et de la standardisation

En résumé, il semble que le bricolage traverse de nombreux champs de compréhension du monde, alors pourquoi ce sujet ?

Parce qu’il en va d’une illusion et d’une réalité navrante du monde laissant autorité à ceux qui savent au détriment des autres. Valérie Marange (11) nous indique à ce propos que « c’est là sans doute que se joue la ligne de partage entre la pensée majoritaire liée au désir de faire science, et de régner au nom de la vérité sur les autres modes de pensée et de vie, et une pensée mineure, qui se lie au style et à la tactique, et conçoit donc toujours l’éventualité d’autres manières, d’autres constructions de vérités que la sienne propre ».

Il me semble donc que soutenir le bricolage c’est (re)prendre possession de notre monde, en refusant les « mots d’ordre » de la standardisation et du contrôle normatif des pensées, des pratiques et de notre environnement. C’est engager un dialogue avec nos ressources et à nos moyens. C’est élaborer des constructions singulières en recherchant nos propres arrangements. C’est tenter de nouvelles coopérations et retrouver notre « pouvoir d’invention ». C’est réhabiliter un travail de terrain dans la cité en osant nos affaires. C’est se réapproprier notre présent et notre avenir. C’est « réouvrir une voie non-dogmatique permettant d’élaborer le travail affectif qui fait que la vie tient malgré tout ». C’est y mettre de nous. (12)

 

Au bout du compte, le bricolage pose la question de l’ordre du monde en se rappelant avec Jacques Prévert que « les désordres humains ne sont pas dans l’ordre des choses ».

 

Cela étant, il me faut retourner à mon bricolage.

Pierre Mercier

 

1.Michel Serres, Les cinq sens, 1985.

2.A partir de « Essai de construction de l'idéaltype du bricoleur », R Duymedjian, ESCHIL, 2008.

3.La pensée sauvage, Claude Lévi-Strauss, 1962.

5.Michel Bonetti, Le Bricolage imaginaire de l’espace, 1994.

6.Marielle Magliozzi, Arts bruts, architectures marginales : un art du bricolage, 2008.

7.Claude Javeau., Le bricolage du social. Traité de sociologie, 2001.

8.« Bricolage, complexité et sciences sociales : quelques prolégomènes » P Roggero, ESCHIL, 2008.

9.« L’idée d’un monde social bricolé est-elle sociologiquement pertinente ? » C Thuderoz, ESCHIL, 2008.

10.François Jacob, Le jeu des possibles, 1981.

11.Valérie Marange, « pour une éthique du bricolage » 2002.

12.Valérie Marange, « pour une éthique du bricolage » 2002.



 

Le bricolage et le mythe ou le jeu avec les limites de la raison
Présentation par Etienne Duval


Un très vieux conte égyptien intitulé « Le conte de Rhampsinite » met en valeur le comportement d’un homme qui, à tout moment, affronte le risque de la mort en s’opposant au roi, pour faire gagner la vie. A la fin, séduit par son savoir faire, le souverain lui donne sa fille en mariage. L’histoire qui nous est racontée ici met en scène deux formes d’intelligence, celle de la raison que le roi croit s’approprier et celle du bricolage que met en œuvre un modeste Égyptien, fils de maçon. Malicieux, l’homme du peuple joue avec les limites de la raison pour tenter de la dépasser et gagner ainsi la partie engagée avec le roi, qui est aussi un jeu avec la mort. Il finit par avoir raison contre la raison parce que, comme Prométhée, il sait faire jaillir l’éclair de lumière qui la fonde. Avec le bricolage, il a découvert le secret du feu de l’intelligence. Mais ce feu a besoin de la raison pour que l’homme trouve sa pleine dimension au-delà d’une toute-puissance illusoire. C’est ce que veut évoquer la fin du conte, qui se termine par le mariage avec la fille du roi.


Le conte de Rhampsinite

 

Le roi Rhampsinite possédait un trésor considérable, si grand que, parmi ses successeurs, non seulement pas un ne l'a dépassé, mais aucun n'a pu accumuler, de bien loin, autant de richesses. Soucieux de mettre ce trésor à l'abri des voleurs et pour le tenir en sûreté, il fit bâtir un caveau en pierre de taille, situé sur le côté du palais et de telle façon qu'une des murailles se trouvait en bordure et accessible du dehors. Le maçon qui construisit le caveau s'arrangea pour placer dans ce mur une pierre bien taillée et bien ajustée, si adroitement que deux hommes ordinaires, ou même un seul d'une force au-dessus de la moyenne, pouvaient, sans trop d'effort, la saisir, la tirer et l'ôter de sa place. Lorsque le caveau fut achevé, le roi y fit entasser toutes les richesses de son trésor, satisfait de le croire bien en sécurité. A quelque temps de là, le maçon, sentant approcher la fin de sa vie, fit appeler ses enfants, qui étaient deux fils, et leur révéla comment il avait pourvu à leur avenir en usant d'artifice, et comment le caveau du roi avait été construit de manière à leur permettre de vivre dans l'abondance.

Et après leur avoir clairement expliqué le moyen d'ôter la pierre, et de la remettre ensuite en place, après leur avoir bien recommandé de prendre certaines précautions, qui feraient d'eux en secret les grands trésoriers du roi, il passa de sa vie à trépas. Les enfants, bien entendu, ne tardèrent guère à se mettre en besogne. Ils allèrent de nuit rôder autour du palais du roi, reconnurent aisément la pierre, l'ôtèrent de sa place et emportèrent une bonne somme d'argent. Mais le sort voulut que le roi vienne inspecter son caveau ; il fut tout étonné de constater que le niveau de l'or dans ses coffres avait fortement baissé. Il ne savait qui accuser ni qui soupçonner, le sceau apposé par lui-même sur la porte était intact et bien entier, le caveau exactement clos et fermé. Après y être retourné deux ou trois fois, il constata que le contenu des coffres ne cessait pas de diminuer. Alors, pour empêcher les larrons d'agir si librement et de retourner tranquillement chez eux ensuite, il fit fabriquer des pièges et les fit installer auprès des coffres qui contenaient son trésor.

Les voleurs arrivèrent une belle nuit selon leur coutume et l'un deux se glissa dans le caveau ; mais soudain, comme il approchait d'un coffre, il se trouva pris au piège. Se rendant bien compte du danger où il était, il appela vite son frère, lui montra sa piteuse situation et lui conseilla d'entrer dans le caveau pour lui trancher la tête, afin qu'il devînt impossible de le reconnaître et que son frère ne fût pas compromis et perdu avec lui. Le frère pensa que le conseil était sage, et il l'exécuta sur-le-champ. Puis il remit la pierre en place et s'en retourna chez lui, en emportant la tête. Quand le jour reparut, le roi entra dans son caveau. Le voilà fort effrayé de voir le corps du larron pris au piège et sans tête, sans qu'il n’ y eût nulle part trace d'entrée ni de sortie. Ne sachant comment se tirer de pareille aventure, le roi imagina de faire pendre le corps du mort sur la muraille de la ville, de la faire surveiller et de charger les gardes d'arrêter et de lui amener toute personne, homme ou femme, qu'ils verraient pleurer auprès du pendu ou s'apitoyer sur le sort du mort sans tête.

Lorsqu'elle vit le corps qui était ainsi troussé, haut et court, la mère, en proie à une grande douleur, ordonna à son fils, le survivant, d'avoir à lui apporter le corps de son frère. Elle le menaça, s'il se refusait à obéir, d'aller trouver le roi et de lui révéler qui pillait son trésor. Le fils, qui connaissait sa mère et qui savait qu'elle prenait les choses à coeur, et que rien ne la ferait changer, quelque remontrance qu'il lui fît, réfléchit et finit par inventer une ruse. Il fit mettre le bât (selle rudimentaire de bête de somme) sur certains ânes qu'il se procura, les chargea d'outres en peau de chèvre, pleines de vin, puis les chassa devant lui. Arrivé auprès des gardes, c'est-à-dire à l'endroit où était le pendu, il délia deux ou trois de ces outres en peau de chèvre, et devant le vin qui coulait à terre, se mit à pousser de grandes exclamations, à se donner de grands coups sur la tête, et à avoir l'air bien empêtré d'un homme qui ne sait par quel bout commencer pour réparer le désastre, ni vers lequel de ses ânes il doit se tourner en premier.

Les gardes, voyant se répandre à terre cette grande quantité de vin, coururent au secours, se disant que recueillir ce vin perdu serait pour eux autant de gagné. Le marchand, derrière les ânes, se mit à leur dire des injures et fit semblant d'être fort en colère. Les gardes furent donc bien polis avec lui, et complaisant ;  peu à peu, il s'apaisa et modéra sa colère, et à la fin il détourna ses ânes du chemin pour rafistoler et recharger. La conversation continua de part et d'autre ; de petits propos en petits propos, un des gardes jeta au marchand une bonne plaisanterie dont celui-ci ne fit que rire et même, il finit par leur adjuger une outre de vin. Ils ne tardèrent pas à s'asseoir là et à se mettre à boire, et le marchand leur tint compagnie, et vu leur bonne volonté et leur soif, il leur donna encore le reste de son chargement, et ils burent le contenu de toutes les outres de peau de chèvre, pleines de vin. Quand ils eurent tout bu, ils étaient tous ivres-morts, le sommeil les prit et ils s'endormirent sur place, sans pouvoir bouger.

Le marchand attendit, jusque bien avant dans la nuit, puis alla dépendre le corps de son frère et, se moquant des gardes à son tour, il leur rasa à tous la barbe de la joue droite. Puis, il chargea le corps de son frère sur les ânes, les poussa du côté du logis, et rentra, ayant obéi aux ordres de sa mère. Le lendemain, lorsque le roi fut averti de ce qui s'était passé et qu'il sut comment le corps du larron avait été habilement dérobé, il fut grandement vexé. Voulant à tout prix retrouver celui qui l'avait si finement joué, il chargea une des princesses, sa fille, réputée pour son esprit malin, de rechercher le coupable. Il fut entendu qu'elle attirerait les passants au palais pour bavarder avec eux et qu'elle s'arrangerait pour leur faire dire, en les poussant à se vanter, ce que chacun d'eux avait fait en sa vie de plus prudent et de plus méchant ;  et si l'un d'eux racontait le tour du larron, vite, elle devait le saisir et ne pas le laisser partir. La princesse obéit, mais le larron, entendant raconter tout ça, voulut encore jouer au plus fin avec le roi.

Et qu'est-ce qu'il inventa ? Il coupa le bras d'un mort récent, et le cachant sous sa robe, il s'achemina vers le palais. Il rendit visite à la princesse et les voilà en grande conversation. Bien entendu, elle lui posa la même question qu'aux autres :" Contez-moi donc ce que vous avez fait dans votre vie, de plus malin et de plus méchant ? " Il lui conta donc comment son crime le plus énorme avait été de trancher la tête de son frère pris au piège dans le caveau du roi, et que son action la plus malicieuse avait été d'enivrer les gardes afin de pouvoir dépendre le corps de son frère. La princesse, dès qu'elle eut compris à qui elle avait affaire, tendit la main. Mais le larron lui laissa prendre le bras du mort qu'il avait tenu caché, et tandis qu'elle l'empoignait ferme, il fila. Elle se trouva trompée, car il eut le loisir de sortir et de s'enfuir bien vite.

Quand la chose fut rapportée au roi, il s'étonna, émerveillé de l'astuce et de la hardiesse de cet homme. Il ordonna qu'on fît publier par toutes les villes de son royaume qu'il pardonnait à ce personnage, et que s'il voulait venir se présenter à lui, il lui donnerait de grands biens. Le larron eut confiance en la publication faite au nom du roi et il s'en vint vers lui se déclarer. Quand le roi le vit, il le jugea un oiseau rare, et il lui donna sa fille en mariage comme au plus malin des hommes. N'avait-il pas, en effet, donné la preuve de la malice des Égyptiens qui en remontrent à toutes les nations.

http://mythesgrec.ibelgique.com/egypte.htm

 

 

Partager cet article

Repost0

commentaires

E
Mireille Debard te communique son e-mail :rmdebard@wanadoo.frBonnes retrouvailles !
Répondre
G
Rien à voir avec tout ça mais j'aimerai prendre contact avec Mireille Debard, quand j'avais 18 ans je gardais les enfants David??? aussi le temps a passé... mais cette Mireille m'a accueillie... aidé... il serait temps que je dise Merci - Christine Gudefin
Répondre
E
Me voilà bien rassuré !
Répondre
G
Peu de danger. Mon mur marche comme un pont. De plus il est bien solide et conçu pour être très ouvert. Tu peux venir voir.
Répondre
E
C'est étonnant de voir que les mêmes réflexions surgissent au même moment chez des individus différents. Je suis en train de préparer un nouveau blog que j'ibntitulerai : Traverser la crise en passant de l'individu au sujet. L'individu morcelle, tend à tout transformer en marchandise, y compris les rapports sociaux. Le sujet, qui est un individu mais aussi un être social, donne de lui-même, interagit, crée. Créer c'est mettre une âme dans ce qu'on fait, c'est mettre du sujet et, par le fait même, c'est mettre aussi de la gratuité. Il me semble que la gratuité est l'espace du sujet, car qui dit sujet, au sens noble du terme, exprime le don de soi.Ne mets pas trop de murs entre toi et tes voisins !
Répondre
G
<br /> <br /> <br /> <br /> Cher Etienne<br /> Ton indulgence pour mes petits bricolages me perdra. De plus tu sais sans doute ce que je vais ajouter, à ta demande, à ma sortie précédente.<br />  <br /> Lorsque mon voisin de Lesches me donne et me livre, même, à la main et sur son diable, un lot de belles pierres pour mon muret, c'est gratuit. Il a fallu penser et combiner une belle manœuvre pour sortir la plus grosse  (environ 250 kg)  de sa bergerie. L'autre voisin a sorti son tracteur et sa fourche pour la faire passer de ce côté de la cour : gratuit  aussi. On se retrouve à la fin de l'opération, autour d'un coup de cidre, pour des commentaires avisés et amusés. On se retrouvera plus tard, le muret en cours de montage ou monté,  pour une critique, pas nécessairement indulgente, toujours amusée,  de l'usage que j'en ai fait.<br />  <br /> Lorsque j'achète des matériaux chez Morin à Die, je paie, je m'en vais. Ou on me livre, je signe, le camion s'en va. Je me retrouve seul avec mes chevrons, mes voliges, que sais-je, dans l'indifférence ou la réserve discrète des voisins de tout à l'heure. <br />  <br /> Dans le deuxième cas : des rapports marchands qui tiennent tout le monde à distance. Le produit ou le service "juste suffisant", "juste à temps", comme disent les professionnels,  pour un client qui paie le "juste prix",  et se débrouille ensuite avec "son problème", comme on dit maintenant. Si le service promis n'est pas suffisant ou le temps pas respecté, pour le prix demandé (et il toujours tentant de le juger ainsi), l'insatisfaction, la récrimination, la tension, la frustration s'installent nécessairement. Belle efficacité de la Loi du marché !!!<br />  <br /> Dans le premier cas, chacun a exercé sa liberté, sa générosité, ses connaissances, même, et surtout son astuce pour résoudre des problèmes bien concrets et précis, et pour une part communs ; a marqué de l'intérêt pour son prochain  en oubliant un moment les siens. On a pris autant de plaisir qu'on s'est donné du mal. Et j'ai commencé mon mur dans la foulée et le contentement. L'ensemble de l'opération, qui a un peu amélioré le paysage,  a conforté dans le quartier  une reconnaissance mutuelle, dans les deux ou trois sens du terme. Que demander de mieux que cette mise en œuvre spontanée de fondements indispensables aux rapports qui, dès lors, sont  humains .  <br />  <br /> Il est difficile, et peu utile, de théoriser sur ces évidences. Mais je pense ceci : l'ignorance délibérée ou le mépris de la gratuité, comme fondement nécessaire des rapports humains , pour qu'ils soient humains - y compris les rapports économiques et politiques - ,  est une des tares les plus graves de cette société-ci  où "tout devient marchandise" ou s'organise suivant la norme des rapports marchands. (Ce type de rapports -le "juste suffisant, juste à temps" - nous a été fourni explicitement comme modèle dans ma pseudo-formation de futur soi-disant-chef d'établissement de "l'Education nationale " ! … Là où, en fonctionnaires ringards, nous aurions été portés à en faire plus sans gagner plus, mais pour satisfaire mieux, au nom d'un service de l'Etat, les familles, nos élèves, les collègues ) . L'effet destructeur des "rapports marchands" -en fait capitalistes-  n'a pas besoin d'être démontré. Les exemples indiscutables abondent. Surtout depuis octobre. <br />  <br /> Reste l'impossible question : comment introduire la gratuité et de l'humanité dans l'organisation économique et politique actuelle ? Qui peut y croire ?  Introduire la gratuité n'est pas une affaire de bons sentiments. Alors, tant qu'à faire, comment bricoler une autre organisation dont la gratuité et des rapports véritablement humains seraient la règle ? Bon. J'y penserai. Mais je n'ai pas complètement fini mon petit mur. <br />  <br /> Gérard. 11.III.2009
Répondre
E
J'ai retrouvé ton écriture avec plaisir : une écriture toujours pleine de réflexion et de sens. Comme toi, je déteste l'imposture qui confond les résultats d'un bricolage avec ceux d'une démarche scientifique, surtout lorsqu'on est directement concerné comme dans l'expertise médicale. Mais ce qui m'a le plus intéressé c'est ce que tu dis sur l'échange et il me semble que, sur un tel sujet et sur la base d'une riche expérience, tu as encore beaucoup à dire...
Répondre
G
Merci pour l'envoi sur le bricolage comme métaphore de la vie - vie libre, s'entend. Je l'ai reçu alors que nous nous apprêtions à quitter nos plateaux pas mal enneigés cette fois, pour notre migration de retour jusqu'en Bretagne.J'ai beaucoup apprécié le texte, en usager du bricolage : notre baraque leschoise en est un produit. Je sais seulement qu'il y en a qui marchent, d'autres moins, ou pas du premier coup ; que les normes sont supportables quand elles sont indicatives ; que les compétences -celles de mon voisin, souvent - y sont bien utiles . Mais que ces échanges, même inégaux, même à sens unique, par nécessité et dans la gratuité, sont le sel même de la vie, et plus que ça : son mouvement même. Puissent les "économistes" le comprendre, eux qui bricolent aussi de la théorie pour justifier les bricolages des experts politiques, en faire des vérités définitives en attendant les suivantes.J'ai récemment bénéficié de l'expertise médicale. Mais, de l'aveu de ces experts-là, nous restions dans le bricolage : " nous sommes la médecine, me disaient-ils, c'est à dire dans l'incertitude". Je crois bien. Tout a été bricolage, plus ou moins affiné ou sophistiqué, plutôt provisoire, au résultat très aléatoire, tant qu'on est dans le vivant. L'auto- proclamation de l'expertise, imposant sa norme, sa vérité, sa certitude, est une imposture mortifère. La vérité se recherche, dans la gratuité et la liberté, par tâtonnements incessants . Comme on dit dans la Marine, la bonne manouvre est celle qui marche. Tout cela n'est pas très original. Mais il est difficile d'être plus pertinent que ce texte de départ, excellent. Par ailleurs, j'ai mieux compris pourquoi tu as sauté au plafond lorsque je te disais (je ne sais plus dans quels termes exactement) que l'argent ne devait pas avoir de valeur symbolique. Je viens de lire , de DOSTALER (Gilles) et MARIS (Bernard) .- Capitalisme et pulsion de mort.- Albin Michel, 2009, à quoi m'ont conduit nos échanges (inégaux et bricolés) à propos de l'argent. Tu connais sans doute.Voilà. Bien amicalement.
Répondre
E
Je pense que je suis d'accord avec vous. En tout cas, c'est la démarche habituelle dans le cadre d'une thérapie ou d'une post thérapie. Mais la psychologie fait aussi feu de tout bois...Bonne journée !
Répondre
A
C'est la difficulté , voire la détresse , qui incitera au bricolage psychologique , perçu comme la planche de salut oblgée.Un élément de bricolage sera constitué par l'observation des émotions et des intellectualisations générées par une expérience relationnelle ponctuelle .
Répondre
E
Achille, entièrement d'accord sur le bricolage psychologique. Nous lisons tous un peu dans le marc de café. Je veux dire, toute attitude ou toute parole de l'autre peut être comme un miroir qui nous renvoie à nous-mêmes et peut nous offrir les matériaux qui vont nous aider à nous construire. Je pense que c'est notre inconscient qui nous incite au bricolage, se révélant dans le grand livre du monde qui nous est constamment ouvert...
Répondre
A
Dans le commentaire 24 , Etienne semble solliciter des réflexions sur le bidouillage intellectuel.Mais peut-être le bidouillage trouve-t-il aussi sa place lorsqu'on entreprend de se construire psychologiquement par un travail sur soi . Pour paraphraser Ibrahim ( commentaire 4 ), le goût de l'effort est alors le moteur , la liberté l'ingrédient et le mieux-être le but.Le bricolage psychologique peut faire flèche de tout bois , par exemple de la lecture de ce blog...
Répondre
E
Merci Mireille. En peu de mots tu dis beaucoup de choses sur le bricolage. Je me souviens de la 2 CV que je croyais à bout de souffle. Chez vous, elle a eu une seconde  et presque une troisième vie. Elle faisait partie de la famille car Robert, par son bricolage, l'avait complètement adoptée et transformée. Et puis, il n'y avait pas que la voiture : il y avait Robert lui-même qui se formait en mécanique, réparait, adaptait, économisait et surtout trouvait son plaisir. J'ai été impressionné par ton musée avec tous ces objets confectionnés dans une sorte de jeu avec la mort. Il y avait chez moi, comme dans beaucoup de familles, deux très beaux vases confectionnés avec des douilles d'obus, par des personnes de la famille, au moment de la guerre. Quel symbole qui en dit long sur les sentiments intérieurs. Nos soldats détournaient le sens des armes. On leur demandait de tuer et ils nous offraient des fleurs pour dire leur amour de la vie.
Répondre
M
Bonjour Etienne, juste quelques lignes pour te dire que ce nouveau thème m'amuse parce que J'ai été  entourée de bricoleurs.  Le meilleur c'était Robert !  avant lui il y avait son père et maintenant, nos enfants. Tu te souviens peut-être de  ce camping -car  - notre" "tapis volant" des vacances -  imaginé, aménagé,  au hasard des récups. et des trouvailles.  A coup de rafistolage, la vie des voitures, des outils a toujours été prolongée chez nous à la limite du possible, comme si l'objet réparé , devenait plus robuste, plus adapté que l'objet neuf.Dans un autre registre j'ai visité cet été un petit musée près de Cluny, qui expose  "1000 objets "réalisés par les "poilus" en attente dans les tranchées : des briquets, des vases de cuivre gravés dans des douilles d'obus,  des cannes, des cadres  ou crucifix sculptés dans une branche...Travail des mains et de l'inséparable couteau.  Une manière d'occuper  l'esprit en attendant de monter  à l'assaut, de dire aux parents que l'on pense à eux, de rester en vie... Mireille.
Répondre
E
A la suite de plusieurs remarques dont la tienne, je n'ai pas osé épiloguer après la présentation du conte pour laisser libre l'interprétation de chacun. Les quelques lignes de présentation me paraissaient suffisamment explicites pour ouvrir la réflexion. En ce qui me concerne, c'est bien le bricolage intellectuel qui m'intéresse. La pensée fonctionne comme la nature. Pour être créatrice, il me semble qu'elle doit passer par le bricolage. J'ai assisté à une conférence, hier, sur Salman Rushdie, qui est un auteur exceptionnel, prônant le métissage des cultures. Or il est tout entier dans le bricolage. C'est bien aussi une des raisons qui suscitent mon attrait pour les mythes et surtout les mythes égyptiens. Comme je l'ai indiqué briévement, ils sont l'expression d'un bricolage génial de la pensée.
Répondre
Y
<br /> <br /> <br /> <br /> Pour le blog sur le bricolage, le thème a pu paraître futile aux  lecteurs habituels. Il aurait peut-être fallu un titre plus  accrocheur…. Le conte égyptien  est original et intéressant, mais son aspect "immoral" a pu choquer.  Les lecteurs ont sans doute aussi été déroutés par le fait que tu ne  l'as fait suivre d'aucun commentaire. Pourtant le texte de P Mercier  avait bien ouvert la problématique du bricolage; peut-être faudrait-il  aider le lecteur à entrer dans le bricolage intellectuel, qui me  paraît une nécessité pour ouvrir les portes d'une réflexion neuve,  libre et ouverte à tous, y compris à ceux qui feraient un complexe de  ne pas être des intellectuels. Dans ma petite introduction, j'ai fait  allusion au Garm pour deux raisons: montrer que des actes, manifestations ou autres, peuvent être des susciteurs de réflexion  <br /> ( l'action comme moteur de la réflexion), et dire que l'humour est une  approche bricolée mais interrogative du politique entre autres, mais  aussi de toute pensée formatée. Je me suis freiné pour ne pas tomber  dans l'autosatisfaction.
Répondre
E
A Yvon MontignéLe blog sur le bricolage n'avance pas beaucoup. Le texte est trop long et sollicite trop d'effort pour le lecteur... Mais tu as peut-être une autre diagnostic.
Répondre
E
Allez voir le blog d'Yvon Montigné, qui fait de l'art avec ses courges !Vous ne perdrez pas votre temps :<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> http://yvon.montigne.over-blog.com/albums.html<br />
Répondre
E
Josiane, je vois que tu es aussi bien impliquée dans le bricolage. Ce qui m'intéresserait c'est de savoir comment un professeur bricole avec ses élèves. Comme tu le dis la crise est une invitation au bricolage. Je me souviens être allé en Polog,e, au début des années 80 : c'était l'époque où nous essayions d'aider les Polonais en difficulté. Or, lorsque je suis arrivé à Varsovie, j'ai été très étonné de constater que les femmes étaient bien habillées et même très élégantes. J'ai appris alors qu'elles confectionnaient elles-mêmes leurs habits. Le bricolage était, pour elles, une manière de résister à l'emprise appauvrissante de leur puissant voisin.
Répondre
J
<br /> <br /> <br /> <br /> Merci pour ces propos rassurants sur le bricolage.<br />  <br />  Je partage complètement votre éloge de cette forme d'intelligence que j'ai vu et vois à l'oeuvre dans ma famille ; de plus elle  se transmet aux  nouvelles générations !<br />  <br /> Quel paysan n'est pas bricoleur ?<br />  <br /> Ah ! Si cette crise pouvait nous redonner le goût de faire et non pas de tout acheter ... On y gagnerait en indépendance, en créativité, en estime de soi.<br />  <br /> Ce qui compte aussi dans le bricolage, à mon avis, c'est la "complétude " : faire quelque chose d’original, d’unique, d'adapté à ses besoins et le faire de A à Z.  Pas de frustration comme dans le travail morcelé, à la chaîne.<br />  <br /> Cuisiner, coudre, raccommoder, tricoter, jardiner : tâches nobles et gratifiantes, contrairement à ce que beaucoup pensent ...<br />  <br /> Alors bricolons, osons bricoler ! Mais laissons leur place aux spécialistes ...
Répondre
D
Yvon, si tu n'es pas bricoleur, personne ne l'est. Donner de l'intelligence et de l'humour à de vulgaires courges, c'est un vrai tour de force ! Je peux aussi témoigner de l'efficacité de ton bricolage à l'occasion des manifestations du GARM : comme le fils de maçon face au roi, avec d'autres tu as su mettre en difficulté le Ministre de la Défense... Ceux qui te connaissent souhaitent que tu continues jusqu'au bout, bricolant avec la mort pour faire ton passage...
Répondre
D
<br /> <br /> <br /> <br /> Je donne l'adresse des cucurbitacées d'Yvon : http://epice-riz.e-monsite.com/album-cat-1-41664.html<br /> Je reviens
Répondre
Y
Je ne suis pas vraiment un bricoleur car je me cantonne délibérément dans l'inutile. Mais j'aime bien  le challenge de faire quelque chose si possible uniquement à partir de matériaux récupérés en les détournant complètement de leur contexte d'utilisation. Mobiles, machines infernales, automatismes, courges, pourvu que ce soit un peu inattendu et drôle; je ne les garde pratiquement jamais ni ne les vends; ça fait des cadeaux qui amènent un peu d'humour là où ils sont. Je pense que nos manifestations lyonnaises au sein du Garm étaient empreintes de ce bricolage qui tout en faisant rire disait des choses sérieuses avec plus de force et d'audace que des longs discours. Je pense aussi plus généralement que le bricolage est une manière de construire du lien social. C'est une manière d'échanger des savoirs et des savoir-faire en démontrant la possibilité de réaliser, certes à toute petite échelle un environnement qui dégage un certain sens et échappe au monde marchant.En tapant sur Google "cucurbitacées Yvon Montigné" vous pouvez voir quelques uns de ces amusements. Je ne sais pas d'ailleurs qui les a mis sur Internet à partir de l'association dont je fais partie. Yvon Montigné 
Répondre
E
Merci Olivier de signaler cet article dans ton blog de blogs. Tu poses une question. Je pense effectivement que l'évolutionnisme est le fruit d'un bricolage de la nature. Mais alors que d'intelligence dans un tel bricolage !
Répondre
O
Philo, société : L’homme est né et continue à naître du bricolage ; j’ai en tête la citation d’Einstein (Laborit, déterminisme) et me demande si on touche, là, à Darwin et si l’évolutionnisme est un bricolage de la nature. L’homme, un fait divers dramatique, et des remarques personnelles ; une autre approche ? … Et, pour moi, ceci participe de cela : Un artiste, des histoires à raconter ; où la poire double la pomme …
Répondre
E
La disposition des notes de bas de page n'est pas de mon fait mais celui du blog lui-même. J'ai d'ailleurs beaucoup bataillé parce que le système de notes  ne passait pas. Il a fallu que je réinscrive les numéros  dans le texte et dans les reports à la fin..Tu peux intervenir dès maintenant. Si l'accès aux commentaires te paraît compliqué, tu peux me faire parvenir tes réactions.
Répondre
P
Je crois qu'il y a un petit décalage de mise en forme sur le blog (note de bas de page intégrées dans le texte) et tu sais que dans le bricolage, le style est très important, encore que l'erreur puisse aussi produire de beaux assemblages !!Sinon, je suis d'accord pour échanger avec ceux qui le souhaiteraient.
Répondre
E
Je savais que ce blog allait t'intéresser car je savais que tu étais un bon bricoleur. Le bricolage, y compris dans la pensée, nous montre pourquoi l'esclave peut devenir le maître : c'est lui qui est le plus proche de la source de l'intelligence, lorsqu'il est contraint de bricoler... Mais je vais transmettre ton mail à Pierre Mercier.
Répondre
J
Pour ce qui est de ton dernier blog, étant bricoleur par goût, j'ai été très intéressé.A sa lecture, je viens de découvrir que cette activité que je considérais jusqu'alors comme un loisir agréable et utile, associant intelligence pratique et adresse manuelle au risque de se coïncer un doigt ou de se blesser plus gravement, est riche d'autres aspects auxquels je n'avais jamais pensé: son existence dans la nature, dans l'action sociale,dans le fait qu'il peut être une philosophie de comportement humain responsable par:- lerefus de la standardisation,- " '' du contrôle normatif des pensées,- " '' des pratiques qui ne ns conviennent pas,- l'évaluation du rapport entre nos ressources et nos moyens,avec, en conclusion, la justification de notre capacité d'action dans la societé ( un horizon à l'heure de tentatives d'instauration d'un pouvoir politique absolu!).Amicalement.-J.PUEL.-
Répondre
E
Ibrahim, en plus de la poésie, il y a chez toi une bienveillance extrême...
Répondre
I
J’ai répondu avant de parcourir ce texte riche et pédagogique et je crois avoir bien fait car on pourra pas ajouter un seul mot à cette étude scientifiquement et littérairement parfaite.Bravo à l’auteur Ibrahim
Répondre
E
Pierre j'attendais votre réaction sans vouloir trop la provoquer car je sais qu'on brûle les bricoleurs. Alors je n'abjure pas : bien modestement je prends le parti des victimes en redisant aux partisans de l'ordre (rationnel) : vive les bricoleurs !
Répondre
E
Décidément les médecins sont les premiers à intervenir (Pierre est intervenu avant toi) et cela me rassure car comment être bon médecin sans être en même temps un bon bricoleur ? Mais toi, c'est sur la poésie que tu attires l'attention. Ainsi tu mets le doigt sur quelque chose qui me paraît important : le bricoleur est un poète qui s'engage dans l'action et la réflexion sans rien renier de sa poésie.
Répondre
P
Un complément: mes patients je l'espère, j'ose y croire! Mais mes collègues!!!! comme vous y allez.... je ne suis pas sûr qu'ils n'aient besoin de mon bricolage!!! Oh là là qu'allez vous dire là! Provocateur!! On en a brulé pour moins que ca à une époque... il va falloir que vous abjuriez
Répondre
I
Oui Etienne S’il est un domaine où le bricolage est roi c’est bien cette façon de s’exprimer qui ne donne pas sa place à une autre : je voulais dire la poésie. Le plaisir est le moteur, la liberté d’entreprendre est la condition du savoir faire, la beauté est le but plus que ne l’est le  rendement. Et l’inspiration et l’imagination rencontrent très souvent l’intuition. Oui je suis aussi bon bricoleur que poète et j’en suis vraiment heureux.Ibrahim
Répondre
P
et en photo! et dans d'autres projets en cours... je continuerai à bricoler!a bientot j'espère
Répondre
E
Pierre, je savais que vous bricoliez et il m'a touijours semblé que, dans votre travail de médecin et de thérapeute, c'était là le secret de votre réussite. Alors poursuivez dans le bricolage : vos patients et vos collègues en ont besoin.
Répondre
P
Que nenni je ne bricole pas dans mon appartement, je n'aime pas cela, je hais cela même, je ne suis pas bon pour les choses que je n'aime pas. Par contre dans mon boulot je bricole du matin au soir, dans le sens que je crois que l'humain ne peut etre aidé que grace au bricolage. J'ai des boites pour ranger mes outils, mais je n'ai pas de boite pour ranger, classifier diagnostiquer, dogmatiser les etres humains et leur souffrance. De telles boites ne me serviraient qu'à ranger mes craintes et mes incompetences!!Alors à la maison vivent les professionnels qui savent qui connaissent les règles. Vivent les Darty qui remplacent quand ca fuit. Au boulot le bricolage au jour le jour!
Répondre

  • : le blog mythesfondateurs par : Etienne
  •   le blog mythesfondateurs par : Etienne
  • : Mythes, articles à partir des mythes, réactions sur le site Mythes fondateurs http://mythesfondateurs.over-blog.com/ Le mythe et le conte sont la parole dans sa première gestation. C'est pourquoi, si la parole est malade, comme le dit Vittorio Gasman, il devient urgent de revenir à ses fondements qui sont encore à notre disposition, à travers les mythes et les contes. Lorsque la parole ne fonctionne pas, c'est la violence qui gagne. Les mythes et les contes, par l'apprentissage du processus symbolique qu'ils proposent, sont là pour nous aider à faire sortir la parole de la violence. C'est de la naissance de l'homme lui-même dont il s'agit.
  • Contact

Recherche

Articles RÉCents

Blog De Mythes Fondateurs

Liens

Créer un blog gratuit sur overblog.com - Contact - CGU -