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14 octobre 2013 1 14 /10 /octobre /2013 18:32

Oedipe et Antigone par Camille Felix Bellenger

 

La révélation d’Œdipe au-delà de la psychanalyse

 

Freud avec la psychanalyse n’a retenu qu’une partie du mythe d’Œdipe et Antigone. L’histoire qui nous est présentée est, en même temps, plus riche et plus complexe. Ici nous ne pensons pas faire une exégèse complète du texte. Mais, en toute modestie, nous essayons de donner une place originale à l’épisode du Sphinx et au parcours d’Antigone avec son père.

 

Œdipe ou l’homme à la recherche de lui-même

 

Œdipe a les pieds enflés comme le pèlerin au terme d’un long parcours. Il est en recherche, en recherche de soi-même.  On pourrait dire qu’il est l’homme qui marche comme Socrate ou Jésus lui-même, comme chacun d’entre nous en quête de son propre secret. En tant que personnage mythique, il a pourtant cette particularité de traverser les siècles à grandes enjambées : il est dans le temps et hors du temps, le héros d’un récit et l’interprète de ce récit.

 

La violence incontrôlée : les hommes se tuent de père en fils

 

Ce qui frappe au départ, c’est que la violence est là dès la naissance. Laïos et la reine Jocaste n’arrivent pas à avoir de descendance : angoissés, ils envoient un messager à Delphes pour interroger le fameux oracle. S’adressant au roi, celui-là annonce : « Il te naîtra un fils et, avec lui, le malheur s’abattra sur ton palais. Tu mourras toi-même de sa main. » Aussi lorsque Jocaste met au monde un garçon, Laïos ne veut pas le voir et ordonne à un vieux berger de le conduire sur la montagne et de l’exposer aux bêtes sauvages. Le vieux berger pense à l’agneau qui sort du ventre de sa mère : comment pourrait-il lui donner la mort ? Alors une idée salutaire surgit de sa tête : il conduira l’enfant dans la ville de Corinthe. Ici, le roi, privé d’héritier, s’attache au bébé et finit par l’adopter.

 

Bien des années passeront. Œdipe grandit et, vers l’âge de 20 ans, il apprend qu’il n’est peut-être pas le fils de son père. Dans l’angoisse, le doute le pousse à interroger, à son tour,  l’oracle de Delphes : « Fuis ton père, lui dit-il. Si tu le rencontres, tu le tueras toi-même et épouseras ta mère ». Comment pourrait-il tuer son père ? Il n’a rien contre lui. Pour détourner un destin aussi funeste, il s’éloigne de Corinthe mais finit par rencontrer un vieillard sur son char avec deux serviteurs ; le vieillard pressé veut l’obliger à dégager le chemin pour lui laisser la place. Or Œdipe a un caractère déjà bien trempé : il ne cède pas, résiste au vieux personnage et finit par tuer les trois passagers. Bien plus tard, il apprendra qu’il vient de tuer Laïos, son propre père.

 

Le combat mythique contre la mère archaïque

 

Il est étrange que les hommes en soient arrivés ainsi à s’entretuer. Or, en pleine réflexion, notre héros apprend que la ville de Thèbes, toute proche, est menacée par un Sphinx. Il a une tête de femme, un corps de lion et deux ailes enracinées sur son dos. Sa spécialité consiste à poser une énigme aux passants. Mais, comme ils sont impuissants à répondre, il les précipite dans l’abîme. C’est ainsi que, chaque jour, la ville perd un de ses habitants. Oedipe, interpellé, sent qu’il y va de son propre sort et du sort de l’humanité. Il doit affronter le redoutable passeur. Jusqu’ici les hommes ont été bloqués par leur ignorance. C’est par un surplus d’intelligence que la voie peut être ouverte. Comme si subitement il avait épousé la connaissance, le héros se présente au questionneur. L’examinateur l’interroge : « Le matin, il a une tête et quatre jambes. A midi, il n’en a que deux. Et, le soir, il en a trois. Plus il a de jambes et moins il a de forces ». La réponse arrive, aussitôt la question posée : « il s’agit de l’homme. Au matin de sa vie, il marche à quatre pattes. A midi, c’est-à-dire à l’âge adulte, il marche droit sur ses deux jambes, et au soir de sa vie, il a besoin d’un bâton pour étayer sa faiblesse. Ce bâton, c’est sa troisième jambe. « Tu as résolu l’énigme, hurle le Sphinx », et il se précipite dans l’abîme ».

 

Œdipe qui sait ce qu’est l’homme peut passer et avec lui toute l’humanité. En fait, ce petit épisode ne fait que nous renvoyer à une histoire mythique beaucoup plus ancienne, au moment où les humains ont réussi à se dégager de la toute-puissance de la mère dévoratrice, représentée par le Sphinx. Le récit comme le pèlerinage renvoie aux origines. Mais si, un jour et ce jour c’est encore aujourd’hui, la femme sous le manteau de la mère dévoratrice, a laissé la place à l’homme masculin, elle n’a fait qu’ouvrir un autre porte à une nouvelle violence.

 

La femme perd sa place et l’homme (masculin) vit dans la toute-puissance

 

En se dégageant de la mère dévoratrice, les hommes finissent par se dégager de la femme et du féminin. Livrés à eux-mêmes, ils entrent alors, à leur tour, dans la toute-puissance. Et c’est ainsi que la violence masculine se déchaîne et que les hommes se tuent de père en fils. En fait, la mère dévoratrice n’a pas complètement disparu. C’est pourquoi l’homme continue à se marier avec sa mère, comme Œdipe avec Jocaste. Mais la femme-mère  vit sous la domination de l’homme et n’arrive pas à trouver sa place de femme, à égalité avec lui.

 

Il n’est pas étonnant qu’une telle structure perturbe la vie sociale et politique. Le texte dit que la peste s’abat sur le pays. Les guerres se multiplient : « la mort fait des ravages dans toutes les demeures, des familles entières sont décimées et une grande anxiété s’empare de ceux qui espèrent encore survivre. Même le bétail dans les prés se faire rare ». La respiration des peuples comme celle des individus finit par s’étioler, tout simplement parce qu’il n’existe pas d’espace de respiration entre l’homme et la femme.

 

La révélation que l’homme est aveuglé par sa toute-puissance

 

Oedipe ne comprend pas ce qui se passe. C’est pourquoi il n’hésite pas à envoyer Créon, le frère de sa femme, à Delphes. Aussitôt le message arrive : « Le meurtrier du roi Laïos est dans les murs de Thèbes. Tant qu’il ne sera pas puni, le royaume ne sera pas débarrassé de la peste ». Œdipe qui a été choisi comme roi, il y a déjà longtemps, après son combat contre le Sphinx, est loin d’être clairvoyant. Aussi appelle-t-il un aveugle, Tirésias, le prophète, pour lui révéler l’invisible. Tirésias n’ose pas dire ce qu’il voit. Fortement réprimandé par le roi, il finit par avouer : « Tu veux connaître la vérité ? Eh bien, je vais te le dire. Tu as toi-même tué Laïos et tu as épousé ta propre mère ».  Œdipe n’a rien vu. Il finit par comprendre que la toute-puissance l’aveugle, comme elle aveugle les autres hommes. Aussi abandonne-t-il le pouvoir à Créon, se déchargeant ainsi de la cause de son aveuglement et, pour faire bonne mesure, il se crève les yeux pour retrouver la vision intérieure qui lui manque.

 

Œdipe comprend qu’il faut donner sa place à la femme

 

Le héros comprend alors qu’il est nécessaire de redonner sa véritable place à la femme. Puisque Jocaste est morte, c’est sa fille Antigone qu’il révélera à elle-même pour qu’elle réponde à la question fondamentale de l’homme. Appuyé sur un bâton, il s’en va vers la mort. Antigone l’accompagne. L’amour paternel se conjugue avec l’amour filial. Œdipe n’a plus peur de la mort. Il sait maintenant que cette peur est à l’origine de toutes les dérives de l’homme et qu’il n’y a d’autres voies que l’amour. En réalité, l’amour finit par transcender la mort elle-même : amour conjugal, amour paternel ou maternel, amour filial, amour fraternel. Dans le bosquet des Erinyes, Œdipe, habillé de vêtements neufs, peut retrouver la paix dans la mort elle-même. Et il appartient maintenant à Antigone de révéler à l’homme son propre secret.

 

Le combat de la femme contre la toute-puissance de l’homme

 

Victimes de leur propre toute-puissance, les deux frères d’Antigone, Etéocle et Polynice, finissent par s’entretuer. Mais Polynice, considéré comme le véritable perturbateur n’a pas droit aux funérailles. Créon, le nouveau roi, menace de mort toute personne qui contreviendrait à un tel interdit. Pour Antigone, en raison de son amour fraternel, il est de son devoir de transgresser un tel interdit. Pendant la nuit, elle vient discrètement pour honorer son frère mais les gardes finissent par découvrir son forfait. Créon la condamne alors à être enterrée vivante. Menée sur le lieu de son supplice, avant que la sentence ne soit exécutée, elle se pend avec son voile de femme. Aux yeux de tous et surtout du roi, elle révèle que la femme est enterrée vivante simplement parce qu’elle est femme. Et cela parce que l’homme est enfermé dans sa toute-puissance d’homme. Aujourd’hui encore, Antigone crie qu’il n’y a de solution que dans l’amour, plus fort que la mort. Mais l’amour n’est possible que si l’homme renonce à sa propre toute-puissance.

 

Etienne Duval

 

Texte du mythe d'Oedipe

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commentaires

A
Vous vous perdez dans l’histoire d’Œdipe., jetez un coup d’oeil son arbre généalogique !
Répondre
Œ
ŒDIPE SUR LA ROUTE<br /> <br /> Sous un long portique de Thèbes<br /> Sa chair mise au silence regrette<br /> D’avoir été un jour l’enfant du désir<br /> De celle qu’il aime<br /> <br /> Une lame acérée de mémoire<br /> Ouvre son regard sur le noir d’une autre cité<br /> Des hiéroglyphes murmurent sur sa bouche<br /> L’ombre creuse l’effigie de l’épouse<br /> <br /> Pour elle il n’était qu’amour<br /> Ses yeux en prirent la voix<br /> Dès que Jocaste toucha l’autre rivage<br /> Au rythme fébrile d’une flamme qui meurt<br /> <br /> Sous les plis du lourd haillon montrant<br /> Ses pieds de statue et la cheville épaisse<br /> Accroupi sur le pavé auprès de la colonne<br /> Il soumet la force brisée à la souffrance<br /> <br /> Par la séparation le cheminement commence<br /> La nuit n’est pas sur son visage ulcéré<br /> Une paupière fermée du firmament<br /> À sa faveur il faut se mettre sur la route<br /> <br /> Cœur ébloui au point du jour a-t-il déchiré<br /> La sourde horreur de son amour<br /> Il n’est que le chemin inconnaissable<br /> Et par le vent son corps un jonc replié<br /> <br /> Loin des hommes et des bêtes parleuses<br /> Il s’incline à la racine de son abîme<br /> Seul sur la route où rien ne se repose<br /> Il y a en lui trop de silence<br /> <br /> Comment retenir la supplique<br /> Le saule et l’ombre déportée font signe<br /> À l’achèvement de l’immense supplice<br /> Au vide insoutenable de la divinité absente<br /> <br /> Les yeux ensevelis il marche dans la poussière<br /> Mendiant il tend la main obéissante<br /> Rien d’autre pour tracer le chemin<br /> À la rencontre de ce qu’il ne sait pas<br /> <br /> Comme un rayon dans le cyprès<br /> Il puise les psaumes de notre terre<br /> Au seuil redoutable du bosquet sacré<br /> <br /> Au déclin d’un autre âge l’on scrute encore<br /> Poème d’Adriano Marchetti d’après le roman Œdipe sur la route d’Henry Bauchau<br /> <br /> Appuyez sur le titre pour lire un condensé tout en sensibilité de l’œuvre Henry Bauchau
E
Oui, Charles, je suis tout à fait d'accord sur la différenciation des places et sur ce que tu en dis. Mais la toute-puissance du pouvoir peut très bien être individuelle et ne pas être équivalente au rejet de la différenciation des places. Il y a la structure de l'inconscient individuel et celle de l'inconscient collectif. Oedipe souligne la toute-puissance de l'homme à l'encontre de la femme, au niveau de l'inconscient collectif, mais pas l'inverse. Tout au moins dans ma lecture au second degré du mythe.
C
Et la différenciation des places, à savoir que le père n'est pas la mère, que l'enfant doit apprendre, comme le dit Pierre Legendre, à ne plus être sa mère, qu'il fait naître ses parents comme parents, etc., c'est bien autre chose qu'un individu -homme ou femme- affirmant que la loi existe pour moi si je veux !, se faisant la référence absolue : il en va du gouvernement de l'espèce, l'espèce humaine. <br /> Charles
E
Ce que tu dis est vrai à un niveau individuel, mais il l'est moins au niveau collectif et politique aujourd'hui. C'est sur ce terrain historique que je cherche à me situer. Mais d'accord sur la différenciation des places.
C
Et moi je continue de penser, rejoignant en cela Yvon, que le renoncement à la toute-puissance du pouvoir ne concerne pas seulement l'homme mais aussi la femme : ils ont tout autant l'un(e) et l'autre à veiller à la différenciation des places, ce qui est tout autre chose qu'une question d'égalité où là, bien sûr, dans le rapport dominant-dominé(e), ça peut toujours s'intervertir !
E
J'aime bien l'idée de la déliaison d'Oedipe. Mais je me demande si cette déliaison n'a pas été opérée par Oedipe lui-même au moment où il renonce à la toute-puissance du pouvoir, qui est aussi, en l'occurrence, toute-puissance de l'homme sur la femme. L'humanité peut ainsi marcher sur ses deux jambes déliées, la jambe masculine et la jambe féminine, parce que la femme retrouve sa place perdue...
C
J'en reviens à notre blog sur Œdipe à partir de ton texte (tu es fou d'avoir pris un tel sujet !) avec vers 1800, bien avant Freud, les *Remarques sur Oedipe et Antigone* de Hölderlin qui, me semble-t-il, met bien plus en lumière Antigone qu’Oedipe, ce qui pourrait compléter<br /> notre réflexion sur cette question de l'inceste. Comme l'observe Roseline Bourrellier dans *Sous le soleil de Hölderlin* (&quot;die Sonne &quot; en allemand: au féminin) : &quot;Au premier temps du complexe était la fille&quot;, c.à.d. qu'il y a bien avec Oedipe un inceste au 1er degré comme dirait Françoise Héritier entre le fils et la mère mais il y a aussi la question de l'inceste au 2ème<br /> degré entre frères et sœurs. Il n'y a pas le mot &quot;inceste&quot; dans le grec ancien ; pour autant l'interdit n'en existe pas moins mais comme une loi non écrite &quot;ces maux qui te feront égal à toi-même en te rendant égal à tes enfants&quot; (*Oedipe roi**), *suite à cet acte *more ferarum* &quot;à la manière des bêtes sauvages&quot;<br /> .<br /> En ce qui concerne Antigone, les deux frères se sont entretués et elle, devenue sans frères, juridiquement &quot;fille épiclère&quot;, se doit, selon les lois de la cité, d'épouser le plus proche parent de son père défunt, et donc son cousin, fils de son oncle Créon. Mais Antigone, en se donnant<br /> comme tâche, malgré l'interdit de Créon, d'accomplir pour son frère Polynice les rites funéraires, choisit en priorité de suivre cette loi religieuse non écrite. Or, il me semble que par son acte elle reconnaît ainsi Polynice comme son frère et par la même Oedipe comme leur père et non comme le fils incestueux de leur mère Jocaste, elle-même soeur de Créon,<br /> répondant ainsi à un autre désordre, non plus celui du meurtre d'Étéocle par son frère, mais des conséquences de cette autre loi non écrite, l'interdit de l'inceste au 1er degré, celui de la génération précédente.<br /> <br /> Antigone remet de l'ordre : &quot;Au premier temps du complexe était la fille&quot;... qui dénoue le complexe, délie &quot;Oedipe&quot; (les pieds enflés quand enfant, attaché par les chevilles à un arbre, il a été trouvé et adopté). En cela aussi Étienne, je te rejoins dans ta conclusion, mais avec un<br /> détour par le non-savoir de l'inconscient du sujet.<br /> Charles
E
C'est vrai que que nous marchons constamment à cloche-pieds. Nous ne voyons qu'une dimension des choses. Oedipe, en nous déliant les pieds fait d'une pierre deux coups : il nous ouvre sur un monde à trois dimensions où l'inconscient trouve toute sa place et nous fait découvrir une forme d'amour transcendant qui nous précède.
C
Réponse un peu tardive Étienne à ta propre réponse le 1er novembre sur le blog ; mais c'est parce que ta dernière petite phrase me donnait à réfléchir : &quot; l’idée d’une quête de l’homme par Dieu. Et ce serait sur ce socle que la quête de Dieu par l’homme peut se justifier et se développer.&quot; : &quot; et ce serait sur ce socle...&quot; Merci Étienne pour la sagesse de ta remarque ; C'est ce qui s'appelle, comment dire, &quot; retomber sur ses pieds&quot;, ... nos pieds déliés !<br /> Charles
L
Oui Etienne je le pense vraiment nous sommes face des forces de l’inconscient. <br /> Nous observons le même phénomène chez Eschyle :<br /> <br /> « Nous sommes à Delphes, dans le sanctuaire d'Apollon où Oreste s'est réfugié. Tout alentour, les Erynies sommeillent, Apollon est là, qui exhorte Oreste à se rendre à Athènes: à Athènes. des juges équitables pourront le délivrer de son tourment. Guidé par Apollon, Oreste se met en route, mais les Erynies le poursuivent toujours, excitées par l'ombre de Clytemnestre. Le voici, maintenant, sur l'Acropole, devant le temple d'Athéna. La déesse choisit elle-même les magistrats, qui composeront l'Aréopage. Ceux-ci rendent le jugement suivant : « Oreste, il est vrai, a tué sa mère ; mais sa mère a tué le père : les deux crimes se valent Les voix se répartissent d'une manière égale, et Oreste est acquitté. Cependant, les Erynies, furieuses, menacent de se venger sur le peuple athénien. Athéna réussit à les apaiser : elle les persuade de devenir bienfaisantes (Euménides) et leur promet qu'un temple sera élevé en leur honneur. A la lumière des flambeaux, un cortège solennel se forme et les Euménides prient les dieux d'accorder aux Athéniens paix et bonheur. Ce dernier drame est une exaltation de l'Aréopage, le grand tribunal d'Athènes. Le sang appelle le sang et les crimes sont vengés par de nouveaux crimes, la chaîne des fautes ne se brise pas et la loi du talion ne cesse de détruire les familles et de vider la cité : il convient donc de confier à l'État le droit de juger et de punir ; il reste à souhaiter que les arrêts du tribunal seront acceptés par tous avec ce respect dont Socrate, par sa mort, donna l'exemple ». <br /> <br /> Société d'Éditions &quot;Les Belles Lettres&quot;, 1949
E
Avec les Erinyes, nous sommes manifestement en face de forces de l'inconscient...
L
ÉRINYES ou EUMÉNIDES<br /> <br /> Nom donné dans la mythologie grecque aux déesses de la vengeance, que les Latins identifièrent avec leurs Furies. Les Anciens les appellent par antiphrase les Euménides, c'est-à-dire les Bienveillantes, de manière à s'attirer leurs bonnes grâces en les flattant. D'après Hésiode, elles naquirent du sang que la mutilation d'Ouranos répandit sur la Terre ; chez Eschyle, elles sont filles de la Nuit ; chez Sophocle, filles de l'Ombre et de la Terre. Euripide fut le premier à préciser qu'elles étaient trois. Des écrivains postérieurs les nomment Alecto (l'Implacable), Tisiphone (la Vengeresse du meurtre) et Mégère (la Jalouse). Déesses primitives, elles ne reconnaissent que leur propre loi, et Zeus lui-même doit leur obéir. On les représente ailées, coiffées de serpents et armées de fouets ou de torches. Elles habitent le royaume des Ombres. Elles punissent impitoyablement tous les crimes contre les lois de la société humaine, notamment les fautes contre la famille : elles tourmentent sans répit leur victime, qu'elles frappent souvent de folie.<br /> <br /> Encyclopedia universalis
E
Je ne savais que l'Odyssée évoquait le parcours d'Oedipe, sans trop le déformer !
D
Je vis, nous conte Ulysse « la mère d'Œdipe, la belle Épicasté, qui, par, ignorance d’âme,, commit un acte affreux : Elle épousa son fils, et ce fils devint, après avoir exterminé son père, le mari de sa mère. Œdipe souffrit de grands maux dans l'agréable ville de Thèbes ; puis il régna sur les fils de Cadmos accablé de tourments par les rigoureuses résolutions des dieux. Épicasté descendit chez le puissant Hadès aux passages bien clos. Excédée de souffrir, elle attacha une longue corde à la poutre de son haut plafond. Laissant après elle au malheureux Œdipe des maux incalculables que mènent à terme les Érinyes d’une mère. »<br /> Tiré du onzième chant de l’Odyssée d’Homère. <br /> <br /> J’aimerai souligner l’importance du sanctuaire des Érinyes (les furies) qui sont aussi les Euménides (les Bienveillantes) <br /> Danièle Pétel
E
Décidément, Charles, tu me fais réfléchir et me poser des questions. Je n’avais pas vu, dans l’effondrement de la sphinge, l’interdit de l’inceste, du fils par rapport à la mère. Dans ce cas, ne serait-ce pas plutôt l’acceptation de l’interdit de l’inceste, chez la mère jusqu’ici dévoratrice ? Il y aurait alors une conjugaison entre cette acceptation et le renoncement à la toute-puissance maternelle. En même temps, il y aurait pour Œdipe le passage d’une connaissance consciente à l’entrée encore confuse dans le monde de l’inconscient. J’essaie de m’en tenir au texte. <br /> <br /> D’un autre côté, c’est bien sous la pression de l’inconscient qu’Œdipe renonce à son pouvoir tout-puissant pour se laisser guider par une femme, sa fille, chez qui l’amour filial renvoie à l’amour d’un Autre. Et, avec toi et grâce à toi, je découvre ce qui reste souvent inconscient dans la vie spirituelle, à savoir l’idée d’une quête de l’homme par Dieu. Et ce serait sur ce socle que la quête de Dieu par l’homme peut se justifier et se développer.
C
« Deux pigeons s’aimaient d’amour tendre. Moralité : l’un d’eux s’ennuyait au logis » ; ça c’est Tristan Bernard lisant la fable de La Fontaine. Il y a aussi Althusser s’interrogeant sur sa folie avec ce &quot;Louis&quot;, prénom que lui a donné sa mère, non-dit de celui de son amant. Il y a encore Simone Signoret confiant dans La nostalgie n’est plus ce qu’elle était : « Il n’y a rien de plus triste au monde que de faire du mal à celui à qui on ne veut que du bien, et d’être incapable de faire la seule chose qui arrangerait tout, c.à.d. de cesser d’aimer l’autre. C’est dérisoire d’essayer de s’accrocher à la raison…Je ne sais pas dans quelle mesure on est libre de choisir ce qu’on va vivre. Si j’avais rencontré Montant loin de mes familiers et de ceux d’Allégret, il n’y aurait pas eu de témoins, il n’y aurait pas eu ces regards qui décuplent tout. Je pense qu’il en va des histoires d’amour comme des engagements qu’on prend dans la vie, qui sont finalement aussi des histoires d’amour. »<br /> Voilà ce à quoi, singulièrement Etienne, me renvoie ta réflexion sur &quot;la toute-puissance masculine qui prive la femme-mère de trouver sa place de femme à égalité avec lui&quot;, et cela à partir de la révélation d’Oedipe &quot;au-delà, dis-tu, de la psychanalyse&quot;, je dirais quant à moi, plutôt à côté ! …<br /> S’il s’agit du moins de celle dont Freud en 1909 disait à Jung et à Ferenczi sur le bateau qui les amenait aux Etats-Unis : « je leur apporte la peste », cette même peste qui sévissait à Thèbes au temps d’Œdipe. Car si cette psychanalyse-là s’interroge comme tu le fais toi-même sur nos motivations inconscientes et sur les symptômes que nous observons à partir de notre &quot;point aveugle&quot;, ce n’est pas pour passer de l’inconscient au conscient et faire de la psychologie projective chère aux pratiques cognitivistes dont l’objectif est de comprendre, ce qui est déjà beaucoup, même si elle ne s’intéresse aux limites que dans leur expression pathologique : phobie, anorexie, etc., mais pour ne pas court-circuiter ces motivations inconscientes et, quant au complexe d’Œdipe, pour prendre en compte sa complexité : l’inconscient du sujet dans son rapport à la mère.<br /> Or, il me semble, tu vas si vite en besogne que tu te mets déjà à la place d’Œdipe quand il a trouvé l’énigme, si bien qu’au niveau de la connaissance, il n’y a plus d’énigme puisque, tu le dis toi-même : &quot;comme si, par un surplus d’intelligence, il avait subitement épousé la connaissance, notre héros…&quot; alors que là, précisément, il ne s’agit pas de connaissance mais d’un savoir inconscient, celui de l’interdit de l’inceste auquel est lié l’interdit du meurtre et que Laïos, le père, qui l’avait reçu lui-même de la génération précédente, lui a transmis comme ça dans cette famille, en creux, un raté, si je puis dire. Interdit fondamental, celui, par rapport à la mère dévoratrice, qui engendre la psychose, la folie. Or, et c’est là que je veux en venir, tu dis que &quot;en se dégageant de la mère dévoratrice, les hommes finissent par se dégager de la femme et du féminin. Livrés à eux-mêmes, ils entrent alors, à leur tour, dans la toute-puissance. Et c’est ainsi que la violence masculine se déchaîne et que les hommes se tuent de père en fils.&quot; Ici, tu parles des hommes au masculin, et il est vrai que dans le mythe il s’agit d’Œdipe, de sexe masculin, et de l’interdit par rapport à sa mère, Jocaste ; mais l’interdit fonctionne aussi par rapport au féminin, même si étant du même sexe ce rapport à la mère n’est pas le même ; cela, du fait que garçons et filles, nous naissons tous, du moins jusqu’à présent, d’un ventre maternel, si bien que la violence dont tu parles n’est pas plus masculine que féminine puisque la toute puissance meurtrière qui l’engendre vient du fait que la femme tout autant que l’homme n’ont pas su se dégager de la mère dévoratrice, demeurant dans la confusion incestueuse des places et des générations.<br /> Alors, certes, comme l’observe Pierre Legendre, (L’inestimable objet de la transmission p.78), &quot;la mère ici n’est qu’un écran. Ce qui se trame dans cette tragédie du destin, c’est l’enlacement du sujet humain avec sa propre image, portée au lieu unique où elle peut être aimable de façon inconditionnelle : là est le noyau de l’amour de la mère, d’où l’image du père qui n’est pas prise en compte : Œdipe a tué son père en qui il ne se reconnaît pas puisque ce père est un inconnu, comme Narcisse qui ne se reconnaît pas non plus dans sa propre image, ni dans celle d’un père.&quot; Et là où je te rejoins, Etienne, c’est dans une identification du sujet masculin par rapport au père au point que &quot; la femme-mère&quot; comme tu l’appelles vit cette identification comme une domination : ainsi ces femmes, hystériques parce qu’elles ne trouvaient pas leur place si ce n’est celle des trois K : Kirche, Kinder, Küche, et qui envoyaient balader Freud et ses trois W « Was wille das Weib , mais qu’est ce que veut la femme ? » d’où le séminaire que Lacan consacrera en 72 (Encore) sur sa distinction entre &quot;jouissance phallique&quot; et &quot;jouissance Autre&quot;. La jouissance langagière est dite phallique parce qu’elle soumet le sujet à la reconnaissance d’une instance organisatrice, le Phallus qui dans la sexuation est du côté masculin, instance qui va signifier à l’enfant que sa mère, cette mère, elle a un désir qui n’est pas lié à lui, et qu’il y a un père ; d’où un symptôme constitué chez l’enfant par la fin du complexe d’Œdipe entre son désir pour la mère qu’il faut refouler, c’est un désir interdit, et son identification au père qui va lui commander de s’ouvrir au monde extérieur, de se socialiser, non dans une toute-puissance, dans une jouissance-toute pour désirer tout et n’importe quoi, mais dans une jouissance limitée qui du fait d’être tout entier pris dans cette jouissance peut lui mettre des œillères, parfois jusqu’à la connerie au point d’en être à reprocher à son épouse, sa compagne ou sa maitresse qu’elle ne prend pas l’initiative ; car aujourd’hui à la différence du temps de Freud où peu de femmes s’autorisaient de leur désir, il faut qu’une femme soit &quot;toute&quot;, qu’elle réponde à toutes les jouissances, c.à.d. que par ailleurs elle fasse preuve de son désir, et « faire preuve de son désir », c’est faire preuve d’une certaine virilité ! D’où l’attention que Lacan a porté à sa notion de &quot;jouissance Autre&quot; qui est du côté féminin : Autre, c.à.d. Autre que phallique, mais aussi Autre parce que liée au corps et à ce premier Autre qu’est le corps de sa mère et désormais barré, manquant, non fusionnel. Et tout en s’appuyant sur la fonction phallique au risque de se retrouver sinon, elle aussi, dans la toute-puissance ; mais pas toute phallique, ce qui peut la faire apparaître comme un peu fofolle, alors que cette jouissance Autre, &quot;loin de ramener la mystique à des affaires de foutre&quot;, comme le dit crûment Lacan, est justement celle qui, comme chez Antigone, peut ouvrir l’autre jouissance. <br /> Alors, cette autre jouissance, la jouissance phallique, l’ouvrir sur quoi ? Il me semble Etienne qu’en attribuant à Œdipe la fonction de &quot;celui qui doit donner sa place à la femme&quot;, tu te situe, comment dire, sur une surface à deux dimensions, celle encore en opposition entre le côté masculin et le côté féminin, en miroir si je puis dire ; or pour que dans ce couple ça puisse se conjuguer, il me semble qu’il y faut une autre dimension, celle qui prend en compte non pas ce mot qui nous vient tout de suite à la bouche : &quot;l’amour&quot;, mais ce Rien qui fait que l’inconscient ça existe, ou pour le dire autrement, avec cette petite phrase de Simone Weil dans Lettre à un religieux : &quot;L’idée d’une quête de l’homme par Dieu est d’une splendeur et d’une profondeur insondables. Il y a décadence quand elle est remplacée par l’idée d’une quête de Dieu par l’homme». Et, qu’on y trouve ou pas &quot;sa vérité subjective&quot;, l’important c’est que ça déplace ! <br /> Charles Lallemand
J
Un livre de Paul Gravillon aux éditions Golias<br /> <br /> Ce sont ces larmes que je veux interroger aujourd'hui : ces larmes d'un fils qui s'est dit Dieu sur le bois du supplice inondé de son sang. De quel Dieu, de quel père, de quel fils est-il question : de quel homme sous des cieux déchirés où retentiront toujours de tels cris, où brilleront toujours de telles larmes, plus ineffaçables que le sang?<br /> De quel droit, par quelle audace le moribond du Golgotha s'est-il permis de poser cette question au Très-Haut, comme le ferait un fils avec son père ?<br /> Ces larmes-là, dont ne parle aucun des quatre évangiles, qui pourtant ont remarqué celles que Jésus a versées sur Jérusalem et sur Lazare, je veux savoir pourquoi elles ont coulé. Est-ce que ce sont celles d'oedipe, écrasé par le destin, ou s'agit-il au contraire de celles du Fils prodigue, revenu vers un père qui, lui aussi, du fond de la dernière souffrance, et dans un amour réconcilié, retrouve enfin ce fils qui était mort et qui maintenant est vivant?
E
Toute cette généalogie me paraît très intéressante dans la mesure où elle est analysée d’un point de vue symbolique. Ne cherchant pas à interpréter tous les détails, je remarque qu’avant Œdipe, nous n’arrivons pas à sortir de la violence. Cette violence trouve son origine dans l’amour lui-même, où se mêlent enlèvements, viols et jalousie. Peut-être la violence guerrière est-elle un premier essai de régulation. Il faudra l’aventure d’Œdipe pour arriver à décrypter ce qui se passe et sortir de la toute-puissance masculine afin de donner sa place à la femme. Il y a là comme un nouvel accouchement de l’amour et de l’homme lui-même. Œdipe apparaît alors comme un véritable sauveur souffrant de l’humanité.
H
Histoire des Labdacides<br /> <br /> Tout commence lorsque Zeus, prenant l’apparence d’un superbe taureau, enlève Europe, la fille d’Agénor. Ce dernier demande à ses fils de partir à sa recherche. Après avoir parcouru tout l’univers, l’un d’eux, Cadmos, consulte l’oracle, qui l’invite à ne pas s’inquiéter de sa sœur mais plutôt à suivre une génisse et à fonder une ville là où elle s’étendra. C’est ainsi que sera créée Thèbes (en Béotie, ce qui veut dire « le pays de la génisse »).<br /> Malheureusement, un dragon garde la seule source de la contrée. Cadmos le tue, et Athéna lui ordonne de semer les dents du dragon. Aussitôt des hommes armés jaillissent des sillons et s’entretuent. Ceux qui survivent deviennent les compagnons de Cadmos. De ces hommes belliqueux proviennent les Spartes ( les « semés »).<br /> <br /> Cadmos épouse ensuite Harmonie la fille d’Arès, le dieu de la guerre. Ils ont un fils et quatre filles. L’une d’elle, Sémélé, est séduite par Zeus. Devenue sa maîtresse, elle se heurte à la jalousie d’Héra qui, prenant l’apparence d’une vieille femme, lui fait croire que son amant est un menteur et qu’il se fait passer pour le roi des dieux. Afin d’être certaine que son amant ne lui ment pas, Héra suggère à Sémélé de lui demander d’apparaître dans toute sa splendeur divine ; ce que Sémélé fait. Elle est aussitôt consumée, un humain ne pouvant supporter de la vue d’un dieu. L’enfant qu’elle portait sera sauvé de la mort par Zeus qui le place dans sa cuisse ( sorte de couveuse artificielle ). Il s’agit de Dionysos, le dieu né deux fois.<br /> <br /> Agavé, une autre fille de Cadmos, a pour fils Penthée. Celui-ci devient roi de Thèbes et s’oppose à l’introduction du culte du jeune dieu Dionysos, son cousin. Ce dernier se venge : Penthée sera tué sur le mont Cithéron, décapité par sa propre mère et les bacchantes (ces femmes qui se livrent au culte de Dionysos, dont le nom romain est Bacchus).<br /> Labdacos, un petit-fils de Cadmos, donne son nom à la famille des Labdacides. On ne sait pas vraiment pourquoi, mais c’est à partir de ce personnage que les choses tournent mal dans la maison royale de Thèbes (Labdacos signifie «le boiteux» ; son règne est boiteux, instable. C'est un temps de violence, de désordre). En effet, en mourant, Labdacos laisse un fils âgé d’un an, Laïos.<br /> S’ensuit, durant la période de régence ( le roi Laïos étant trop jeune pour régner ), une période de trouble, et Laïos devra fuir chez Pélops. Plus tard, rentrant à Thèbes pour y régner, il enlève le fils de son hôte, Chrysippos, dont il est devenu amoureux. Cet enlèvement provoque la colère d’Héra qui maudit la famille. Un peu comme dans la bible ( pensez à l’épisode d’Adam et Ève chassés du Paradis ), ce sont les parents et toute leur descendance qui sont maudits. Une autre version affirme que c'est Pélops qui lance contre Laïos une imprécation en demandant que la lignée des Labdacides soit vouée à l'anéantissement.<br /> Laïos épouse Jocaste. L’oracle leur interdit d’avoir une descendance : elle causerait la perte de Thèbes ( c’est un thème fréquent. Le prince Pâris, par exemple, provoquera la perte de Troie ). Contre toute attente, ils ont pourtant un fils, Œdipe.<br /> Ses parents confient l’enfant à un homme qui doit le tuer. N’en ayant pas le courage, il l’abandonne sur le mont Cithéron…<br /> <br /> http://www.ralentirtravaux.com/lettres/sequences/troisieme/oedipe/genealogie_labdacides.php
D
Merci Etienne pour ton texte que je ne qualifierai pas de Fabuleux, mais tout simplement de Génial. <br /> <br /> Questions / Réponses autour du Sphinx. Ou la violence au Féminin <br /> <br /> Qui peut avoir donné lieu à imaginer un semblable monstre ?<br /> On dit qu’une fille naturelle de Laïos nommée Sphinge, y donna lieu. Cette princesse, peu contente, des traitements de son père, se mit à la tête d’une troupe de bandits qui désolaient les environs de Thèbes, ce qui la fit regarder comme un monstre. Ses griffes de lion marquent sa cruauté, son corps de chien ses désordres, ses ailes son adresse à éviter les piéges des Thébains, ses énigmes les embûches qu’elle leur dresse. Œdipe avec ses troupes surprit cette femme et ses compagnons et la fit périr, ce qui a fait dire qu’il avait deviné l’énigme… <br /> Extrait d’un Traité de la mythologie, à l’usage des jeunes gens de l’un et l’autre sexe, édité en 1783. Page 146.
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L
Le Sphinx de Gizeh<br /> <br /> Depuis l'Antiquité, la figure de l'homme lion a nourri l'imagination des artistes et inspiré les recherches des scientifiques. L'énigme du sphinx de Gizeh reste entière. Qui a ordonné la construction de la célèbre statue de lion à tête humaine ? Le pharaon Khephren ou le pharaon Kheops ? Qui ce géant haut de 19,8 mètres, son visage abîmé par le temps représente-t-il ? Quand a-t-il été érigé ? Pour certains, sa construction est contemporaine de celle des pyramides, bâties il y a 4500 ans.<br /> <br /> Pour d'autres, les pyramides et le sphinx datent d'il y a 10 500 ans et ont été conçus selon un plan inspiré des astres. D'autres encore affirment avoir découvert sur le sphinx les traces d'une gigantesque crue : Noé serait-il le créateur de l'homme lion de pierre ? Des archéologues tentent de trouver un labyrinthe qui serait situé sous le sphinx. En effet, le voyant américain Edgar Cayce a évoqué, lors d'une transe, l'existence d'une chambre souterraine où serait conservée l'histoire secrète de l'humanité. La découverte récente d'une tombe située à 30 mètres de profondeur relance le débat... Depuis des siècles, le mystère du sphinx de Gizeh reste toujours entier à ce jour.<br /> <br /> Il représente la statue d'un lion couché à tête humaine et a été érigé entre 2500 et 2600 avant notre ère. Il représente le roi Khéphren divinisé. La tête est coiffée du nemès, le front était jadis orné d'un uraeus. Les carriers et les architectes du roi Khéphren utilisèrent pour tailler cette colossale figure un éperon rocheux qui subsistait tout près de là. Les dimensions sont impressionnantes hauteur 20 mètres, longueur 73 mètres, largeur du visage 4,15 mètres.<br /> <br /> Le Sphinx était considéré d'abord comme l'effigie du roi Khéphren sous forme monumentale puis comme une image du dieu solaire Rê-Horakhty. Un événement important qui lui est attaché est commémoré sur une stèle déposée par Thoutmôsis IV (1401 -1390 av J -C) entre ses pattes de lion. Cette stèle raconte qu'un jour, alors que le roi chassait dans les environs, il était venu se reposer au pied de la statue, très ensablée à cette époque. Le dieu lui était alors apparu en songe et lui avait demandé de procéder au désensablement, en échange de quoi il lui assurerai la royauté sur l'Égypte, ce qui fut effectivement accompli<br /> <br /> Aujourd'hui la pollution et l'érosion éolienne dégradent la pierre, de plus le calcaire marneux est très sensible à l'humidité et la nappe phréatique est menaçante Une partie de l'épaule droite s'étant effondrée en 1988, son cou étant fragile, des travaux furent entrepris dès 1989, sous la direction de l'archéologue égyptien Zahi Hawass, ils durèrent huit ans.<br /> <br /> à l'origine, il était recouvert d'un enduit coloré qui en modelait plus finement les détails. Son visage a été mutilé par les mamelouks qui le prirent pour cible pendant leurs exercices d'artillerie. Entre ses pattes se trouve une stèle gravée sur l'ordre de Thoutmôsis IV qui relate un rêve que fit le souverain : s'étant endormi là, il vit le sphinx lui apparaître en songe et lui promettre le royaume s'il le désensablait.<br /> <br /> Immédiatement devant le sphinx se trouvent les ruines de deux Temples : celui du sphinx et le Temple de la vallée. On y accédait par un quai où s'amarraient les barques du Nil, en temps de crue ; un corridor étroit conduisait à une rampe qui menait au Temple funéraire adossé à la face est de la pyramide. (Baudelet)<br /> <br /> http://www.baudelet.net/voyage/egypte/gizeh-sphinx.htm
L
Sources littéraires et iconographiques de la Sphinge (grecque)<br /> <br /> Que sait-on au juste sur la Sphinge ? Il est difficile d’être exhaustif à son sujet, car ses sources sont multiples et disparates. La plus ancienne référence se trouve dans la Théogonie d’Hésiode qui évoque un monstre portant le nom de Phix et séjournant sur le mont Phikion, aux alentours de Thèbes. Elle fait partie de la progéniture de parents monstrueux et incestueux, en la personne d’Échidna, une femme-serpent, et de son propre fils Orthros, un chien à deux têtes. Selon une autre variante, elle a été conçue par Échidna et Typhon, qui est lui-même le fruit de l’inceste, puisqu’il est né de Gaïa et de son fils aîné Pontos. Pausanias évoque une toute autre généalogie puisqu’elle est une fille de Laïos qui lui avait confié l’oracle delphique délivré à Cadmos, le fondateur de Thèbes. Lorsque ses frères venaient parlementer avec elle au sujet de leur droit à la succession, elle les mettait à l’épreuve en les interrogeant sur leur connaissance de l’oracle et les tuait s’ils ne pouvaient répondre, jusqu’à la venue d’Œdipe dont l’oracle lui avait été révélé en rêve.<br /> La Sphinge est représentée comme un être hybride, mi-humain, mi-bête, avec une tête et un buste de femme sur un corps de lion pourvu d’une paire d’ailes de rapace. Il lui est parfois aussi ajouté une queue de serpent, rappelant ainsi ses origines maternelles. D’après M. Delcourt (1981), cette représentation de la Sphinge est originaire de la vallée de l’Euphrate, puis a migré vers la Crète et Mycènes. Elle emprunte son aspect au Sphinx égyptien qui a également un aspect léonin mais qui est de sexe mâle, avec une tête de pharaon. Il importe donc de distinguer ces deux entités mythologiques, car le Sphinx égyptien est un emblème du pouvoir royal et une figure du dieu solaire, alors que la Sphinge grecque a, quant à elle, une nature malfaisante. Selon P. Legendre (1988), son nom provient de « sphiggô », signifiant « serrer, lier étroitement, nouer » : elle est littéralement « l’Étrangleuse ».<br /> D’après Euripide, la Sphinge venait d’Éthiopie et avait été envoyée par Héra afin de punir les thébains qui l’avaient outragée en fermant les yeux sur l’enlèvement de Chrysippos, fils du roi Pélops, abusé sexuellement par Laïos et conduit au suicide. Asclépiade précise que les thébains étaient conduits à se réunir chaque jour en assemblée afin d’essayer de résoudre l’énigme que leur posait la Sphinge, afin qu’elle cesse de les enlever un par un pour les dévorer. Créon, qui perdit ainsi son fils Hémon, promit d’offrir la main de la reine Jocaste, veuve de Laïos, à celui qui pourrait les débarrasser de ce fléau semant la terreur parmi la population.<br /> Le grand apport de l’étude de M. Delcourt (1981), au sujet de la Sphinge, est d’avoir analysé précisément son iconographie à partir de compositions picturales et plastiques (vases, bas-reliefs, statuettes) datant de l’antiquité. Il apparaît que ce que l’on pouvait prendre, au premier abord, comme des scènes de poursuite et de rapt, sont en fait des actes d’accouplement sexuel de la Sphinge avec des hommes presque toujours jeunes, contraints à une position de soumission ; ce qui fait dire à M. Delcourt que la Sphinge est une incube, une femme lascive, avide d’une sexualité violente. Cette dimension érotique est confirmée par le fait que les prostituées étaient alors appelées des sphinges dans le langage populaire. La Sphinge est une figure de la “mangeuse d’hommes”, une “femme fatale” ayant un pouvoir de vie et de mort sur les hommes qu’elle tient à sa merci. Elle est l’inspiratrice des « démons opprimants » qui sont présents dans le folklore européen, telle la Serpolnica que G. Roheim (2000) décrit comme une femme sauvage hideuse, partant à la recherche de jeunes gens qu’elle éprouve d’abord avec une question, avant de les rosser et de leur introduire sa langue dans leur bouche. On retrouve aisément dans cette description la posture sexuelle dominatrice qui caractérise l’attitude de la Sphinge avec ses victimes.<br /> M. Delcourt souligne aussi que la Sphinge est presque toujours juchée sur une colonne, à laquelle il faut attribuer un caractère funéraire. Elle en déduit que la Sphinge, qui hante les lieux où reposent les morts, incarne l’esprit d’un défunt et doit être considérée comme une « âme en peine », d’où la présence des ailes qui symbolisent sa dimension spirituelle. Dans la mesure où Sophocle et Euripide décrivent la Sphinge comme chantant en vers, à la manière d’un aède, M. Delcourt l’apparente aux Sirènes qui ravissaient les hommes par leur mélodie et se jetaient du haut de leur rocher si elles ne parvenaient pas à les ensorceler. Le suicide est un élément confirmant le rapprochement avec la Sirène puisque la Sphinge, une fois vaincue par Œdipe, se précipite également dans le vide. M. Delcourt note toutefois qu’il s’agit d’une mythopée plus récente, comprenant l’ajout de l’énigme, alors que la version ancienne montre Œdipe affrontant physiquement la Sphinge, ce qui lui fait dire que « l’énigme se serait donc substituée à la lutte, celle-ci étant déjà le substitut d’une possession sexuelle » (Delcourt, 1981).<br /> Quoiqu’il en soit, la Sphinge est double, selon M. Delcourt : elle se présente sous la forme d’une « réalité physiologique », en tant que bête féroce, doublée d’une spécification « d’ordre religieux », relative à l’esprit désespéré qu’elle incarne. Ce qui nous apparaît le plus significatif dans cette symbolique est l’idée d’une dualité de la Sphinge que nous allons tâcher de développer, pour notre part, en privilégiant l’hypothèse de l’inconscient.<br /> <br /> (Frédéric Caumont)<br /> <br /> http://www.cairn.info/revue-imaginaire-et-inconscient-2007-2-page-109.htm
E
Tu as sans doute raison d’apporter quelques nuances et de vouloir resituer les textes dans leur aire culturelle. Et pourtant ma longue pratique des mythes et des contes m’a amené à comprendre qu’ils ont une portée universelle, indépendamment souvent des contingences historiques, parce qu’ils sont un produit de l’inconscient collectif.<br /> <br /> Sur le masculin de Sphinx, c’est une pure anomalie historique car on parle d’un buste de femme. Et dans la mythologie grecque, le Sphinx est la fille de Typhon (ou d'Orthos) et d'Échidna. (wikipédia). On a d’ailleurs très souvent parlé de la sphinge. Et je ne suis d’ailleurs pas le seul à donner l’interprétation que j’ai proposée.<br /> <br /> Sur le thème de la femme, ce n’est pas du tout un hasard si j’y insiste. Nous avons travaillé là-dessus pendant deux ans au café philosophique et au groupe de la parole et j’ai beaucoup réfléchi à travers la littérature arabe sur ce thème, notamment dans les Mille et Une Nuits en groupe également. Je dois ajouter que j’ai, en même temps, mené ma réflexion sur ce sujet avec Rédouane Abouddahab, professeur de littérature américaine et marocain, bon connaisseur de la littérature arabe, avec qui j’ai écrit le livre sur la violence et la parole. Nous ne sommes pas là dans de pures expériences personnelles.<br /> <br /> D’accord pour tenir compte des rapports sociaux, mais le mécanisme des rapports hommes/femmes ne peut être noyé dans celui des rapports sociaux ; il en fait partie mais il ne perd pas pour autant sa spécificité. Les femmes qui se battent en Tunisie ou dans les autres pays arabes semblent l’avoir bien compris.<br /> <br /> Très souvent je trouve ton discours stimulant, et il le reste ici dans ton texte, car tu sais réfléchir par toi-même et t’appuyer sur ton expérience personnelle. Mais l’expérience personnelle a aussi ses limites ; c’est bien pourquoi il faut aussi passer par certaines disciplines scientifiques et par des réflexions plus collectives, qui donnent des points de vue autres que les nôtres et écartent des a priori que nous prenons trop facilement pour des normes.<br /> <br /> Cela étant dit, je souhaite que tu continues à apporter ton grain de sel, souvent salutaire. D’autant plus que la réflexion personnelle, approfondie comme la tienne, finit par atteindre quelque chose d’universel.
M
Excuse moi d'avoir un peu tardé à te répondre… J'ai aussi été voir les premiers commentaires à ton dernier texte, commentaires de personnes bien plus érudites que moi, qui ne pourrais <br /> invoquer que ma propre réflexion pas si nourrie que ça des grands auteurs. Quand même quelques petites remarques spontanées à propos de ce texte. Je pense que les mythes n'ont pas fini de nous interroger, mais qu'il faut essayer de rester dans la ligne de l'interrogation première, pas si simple que ça et sans doute quelque peu multiple. Je pense qu'il n'est pas non plus interdit de comprendre les mythes dans le contexte de la société dans laquelle ils sont apparus, avec ses particularités qui font que si le mythe a une portée universelle, il est quand même situé et a ses limites. Les grecs ont connu de grands hommes à ma connaissance tous de sexe masculin. Ce n'est pas que grec mais c'est pas mal grec. Dans ton interprétation, la femme y apparaît, masquée, avec un titre masculin (!), le Sphinx. Ton interprétation se situe dans la ligne de l'une de tes préoccupations majeures (j’allais dire de l'un de tes dadas), la toute puissance de l'homme et la minorisation du rôle des femmes, pour faire bref. Permets-moi de te le dire tout cru, je trouve que ton approche est relativement simplificatrice et le caractère répétitif de cette affirmation m'a un peu éloigné du blog. Je ne sais d'ailleurs si les hommes en général sont les mieux placés pour mener ce combat. J'aimerais dans le blog trouver des participations féminines sur ce thème autres que d'adulation. De bonnes disciples !<br /> Les origines de cette situation, les modalités de son exercice, les conséquences sociales à en tirer ( ou à n'en pas tirer), les nuances ou exemples en certains domaines à contrario à y apporter, tout cela mériterait beaucoup plus sans pour autant noyer le poisson. Les rapports sociaux ne sont pas seulement la volonté de puissance, la tentation de la violence, le meurtre symbolique ou non; ni à l'inverse l'amour filial, maternel, etc. Les mécanismes régulateurs qui <br /> équilibrent les rapports ou ne font qu'entériner les dysfonctionnements au bénéfice des classes ou groupes sociaux, sexuels ou non, dirigeants et d'abords législateurs, ça mériterait une approche moins dichotomique, ou j'ai mal compris. Que le machisme dominant ait amené les femmes à trouver une modalité autre pour s'affirmer ou s'imposer, une modalité souvent discrète ce qui ne veut d'ailleurs pas dire moindre, ça c'est sûr. Ma petite expérience de l'autre sexe m'amène parfois à trouver un peu rigolote ta démonstration. Il y a des femmes qui doivent rigoler sous cape. Je crois en connaître.
E
André je te suis presque complètement. Mais Œdipe n’est pas philosophe, il me semble être plus dans le désir (de savoir) que dans la volonté de savoir. Peut-être est-ce une simple nuance. Si j’insiste un peu c’est pour souligner que la logique du désir n’est pas tout à fait celle de la volonté de savoir. Telle est d’ailleurs une des significations du mythe d’Œdipe : la logique rationnelle habituelle ne permet pas de saisir complètement le chemin du désir car elle s’enferme dans la clarté rationnelle, laissant échapper les ressorts de ce désir qui sont dans l’inconscient. Autrement dit ce mythe ouvre au savoir un nouvel horizon que le philosophe ne reconnaissait pas jusqu’ici : il s’agit de la dimension de l’inconscient. Il faut qu’Œdipe sorte de la toute-puissance et de son aveuglement pour devenir voyant comme Tirésias en se crevant les yeux pour accéder à cette nouvelle plage du savoir.<br /> <br /> En fait, je crois que c’est ce que tu penses mais tu l’as dit autrement.
A
On peut voir chez Œdipe la volonté de savoir, de configurer le sens mais alors qu’est-ce qui est refoulé ?<br /> Selon Shopenhauer lettre à Goethe<br /> « C’est le courage d’aller jusqu’au bout des problèmes qui fait le philosophe. Il doit être comme l’Œdipe de Sophocle qui, cherchant à élucider son terrible destin, poursuit infatigablement sa quête, même lorsqu’il devine qu’horreur et épouvante. Mais la plupart d’entre nous portent en leur cœur une Jocaste suppliant Œdipe pour l’amour des dieux de ne pas s’enquérir plus avant ; et nous lui cédons, c’est pour cela que la philosophie en est encore où elle en est » <br /> Jocaste est vue comme l’ennemie du chercheur, une séductrice et perverse <br /> Cf JOCASTE. - Non, par les dieux ! Si tu tiens à la vie, non, n'y songe plus. c'est assez que je souffre, moi.<br /> OEDIPE. -- Ne crains donc rien. Va, quand je me révélerais et fils et petit-fils d'esclaves, tu ne serais pas, toi, une vilaine pour cela.<br /> JOCASTE. - Arrête-toi pourtant, crois-moi, je t'en conjure.<br /> OEDIPE. - Je ne te Croirai pas, je veux savoir le vrai.<br /> JOCASTE. - Je sais ce que je dis. Va, mon avis est bon.<br /> OEDIPE. - Eh bien ! tes bons avis m'exaspèrent à la fin.<br /> JOCASTE. - Ah ! puisses-tu jamais n'apprendre qui tu es !<br /> En fait la volonté de savoir d’Œdipe sera la cause de la mort de Jocaste qui va se pendre (matricide ?)<br /> Or Freud ne fait pas mention de la mort de Jocaste ; c’est la séduction nocturne qui est niée, la matrice enveloppante émotionnelle qui ne développe qu’une plainte <br /> L’élucidation est une mise en ordre selon l’ordre du père qui réduit à l’impuissance un pouvoir antagoniste.<br /> Si la plainte de Jocaste renvoie à la souffrance, à la mort, la démarche d’Oedipe renvoie à la configuration du sens soit un substitut qui recouvre quelque chose de plus profond<br /> Pour nourrir la signification de ce que je dis on peut rapprocher de la plainte de Job : La société a configuré la souffrance selon la logique de la rétribution mais Job doit admettre que la souffrance est sans pourquoi. Elle est au delà du sens. <br /> Qui donc. enfant, qui donc t'a mis au monde ? Parmi les Nymphes aux longs jours. quelle est donc celle qui aima et qui rendit père Pan, le dieu qui court par les monts ? vu bien serait-ce une amante de Loxias ? Il se plaît à hanter tous les plateaux sauvages.<br /> ou bien s'agirait-il du maître du Cyllène ?<br /> Ou du divin Bacchos, l'habitant des hauts sommets, qui t'aurait reçu comme fils des mains d'une Cie, Nymphes avec qui si souvent.<br /> il s'ébat sur l'Hélicon ?
E
La paix c’est peut-être lorsque je peux enfin voir la réalité en face, réalité qui m’aveuglait parce que j’avais peur de la voir. C’est ainsi qu’Œdipe, aveugle et désormais voyant, dégagé de la peur de l’invisible, peut maintenant mourir en paix.
&
Ismène : <br /> La grande oubliée de la tragédie.<br /> « Mon pauvre père - je me le rappellerai toujours- avait un visage, on aurait dit une main crispée, accrochée à un grand rideau noir pour le faire tomber. Au point que je me dise, parfois, que cela : n’a peut-être pas été un mal qu’il se soit aveuglé - car ainsi, peut –être, a-t-il au moins pu voir à l’intérieur de lui-même, et se rappeler peu à peu les choses qu’il n’avait pas vues, et peut-être ainsi les aura-t-il vues vraiment, tandis que jusqu’alors, c’était le regard d’un maître (flatté, bien entendu) qui se reflétait pour lui dans les yeux de ses sujets égarés par la crainte - lui comme eux, je les voyais depuis mon enfance et c’était pitié de les voir. » Ecrit en 1972 Par Yannis Ritsos<br /> <br /> « La Paix » autre très beau poème de Yannis Ritsos dit par Melina Mercouri
E
Quels que soient les récits, la figure de Tirésias reste toujours la même. Il est celui qui connaît le mystère divin, dans ce qu’il a de plus caché, à savoir la féminité de la divinité. Et c’est pour cela qu’il peut accéder à l’inconscient de l’homme et le révéler comme il l’a fait à Œdipe lui-même…
A
On dit qu'un jour Jupiter, égayé par le nectar, oubliant les soins et les soucis du sceptre, s'amusait à de folâtres jeux avec Junon, libre alors de ses jaloux ennuis : <br /> « Avouez-le, dit-il, l'amour a pour vous des transports qui nous sont inconnus ! » <br /> Et Junon soutenant un avis contraire, il fut convenu de s'en rapporter à la décision de Tirésias, qui sous les deux sexes avait connu l'une et l'autre les plaisirs Vénus. <br /> En effet, ayant un jour rencontré dans une forêt deux gros serpents par l'amour réunis, Tirésias les avait frappés de sa baguette, et soudain, ô prodige ! D’homme qu'il était, il devint femme, et conserva ce sexe pendant sept ans. Le huitième printemps offrit encore les mêmes reptiles à ses regards : <br /> « Si quand on vous blesse, dit-il, votre pouvoir est assez grand pour changer la nature de votre ennemi, je vais vous frapper une seconde fois. » <br /> Il les frappe, et soudain, reprenant son premier sexe, il redevint ce qu'il avait été. <br /> Tel fut l'arbitre choisi pour juger ce joyeux différent. Il adopta l'avis de Jupiter ; et l'on dit que Junon, plus offensée qu'il ne convenait de l'être pour un sujet aussi léger, condamna les yeux de son juge à des ténèbres éternelles. Mais le père tout puissant, pour alléger sa peine, car un dieu ne peut détruire ce qu'a fait un autre dieu, découvrit à ses yeux la science de l'avenir, et, par cette faveur signalée, le consola de la nuit qui les couvrait. <br /> OVIDE Les Métamorphoses Extrait du Chant 3 <br /> <br /> Cliquez je vous prie sur Aspasie c’est mon nom
L
« «Débarassons-nous de nos mamelles!» Joignant le geste à la parole, Thérèse, personnage central des Mamelles de Tirésias, change de sexe afin de prendre le pouvoir et d’instaurer l’égalité entre hommes et femmes. Inspiré du mythe de Tirésias et de ses métamorphoses, cette pièce féministe et antimilitariste de Guillaume Apollinaire inspira à Francis Poulenc un opéra-bouffe drolatique qui joue sur les règles du genre, dans tous les sens du terme : outre la thématique du travestissement, sa composition formelle s’affranchit du réalisme pour laisser libre cours à la fantaisie, faisant de cette œuvre l’une des plus expressives du compositeur. L’arrangement pour deux pianos, réalisé par Benjamin Britten en étroite collaboration avec Francis Poulenc, connaît avec cette production une renaissance – la partition n’ayant pas été jouée sous cette forme depuis la création de cette version en 1958. »<br /> <br /> <br /> <br /> http://www.festival-aix.com/en/node/2737<br /> <br /> Cliquez sur &quot;Les mamelles de Tirésias&quot; pour écouter l'opéra de Francis Poulenc avec l'arrangement de Benjamin Britten.
E
Il ne faut peut-être pas inverser les rôles. Le maître ce n'est pas Sigmund, c'est Oedipe ! Mais tout cela est à discuter ! Ce sera pour une autre fois.
G
J'ai en effet durement travaillé : deux à trois heures. Pas plus pour ne pas m'égarer davantage.<br /> <br /> Il est dommage qu'Oedipe n'ait pas croisé Sigmund, qui aurait pu lui expliquer comment les affects spinozistes ont d'une certaine manière déterminé son inconscient. Ce pauvre Oedipe aurait ainsi mieux maîtrisé sa vérité subjective, et mieux affronté le réel et sa vérité objective.<br /> Ce sera pour une autre fois.
E
Ce texte contient beaucoup d’informations très intéressantes. Le féminin (Athéna) y apparaît comme l’inconscient de dieu. Il a une apparence d’homme (Zeus) et un cœur de femme (ici Athéna). Dieu apparaît ainsi comme homme et femme à la fois. Et chez l’homme, le désir inconscient qui fonde tout désir serait le désir de dieu ou le désir de voir dieu, de voir le féminin de dieu. Désir interdit parce qu’il expose à la mort. Mais comme tout interdit, celui-ci peut être transgressé, à condition d’éviter la toute-puissance et de garder la distance. C’est ainsi que Tirésias devient devin, intermédiaire entre la divinité et les hommes, mais au prix de la perte de ses yeux humains.<br /> Il est vrai que nous ne sommes pas ici dans le monothéisme mais la pensée grecque a tenté d’exprimer la divinité à travers des figures complémentaires. Autrement dit, plutôt des figures de dieu que dieu lui-même. Il fallait, comme Tirésias lui-même, se tenir à distance.
T
Servantes préposées au bain de Pallas, venez venez toutes.<br /> Je dirai une histoire; elle ne m'appartient pas, d'autres l'ont déjà contée. .<br /> Filles, il y avait jadis à Thèbes une nymphe, la mère de Tirésias, et Athéna l'aimait fort, plus qu'aucune de ses compagnes . Jamais elles ne se séparaient.[…] Tirésias, adolescent à la barbe naissante, se promenait, seul avec ses chiens, en ce lieu sacré. Indiciblement altéré, il s'approcha des eaux courantes. Le malheureux ! Par mégarde il vit ce qu'il n'est pas permis de voir. Irritée, Athéna pourtant lui parla : « Quel mauvais génie, fils d'Euérés , toi qui d'ici n'emporteras pas tes yeux, t’a conduit par ce chemin funeste ? » Elle parla ainsi, et la nuit prit les yeux de l'enfant. Il était là, debout, muet; la douleur liait ses genoux ; il ne pouvait plus parler. Et la nymphe s écria : « Qu'as-tu fait de mon fils, Souveraine? Est-ce là, déesses, votre amour pour nous? Tu m'as ravi les yeux de mon fils,. ô malheureux enfant ! Tu as vu le sein et les flancs d'Athéna, et tu ne reverras plus le soleil. Infortunée que je suis ! ô mont, ô Hélicon, terre ou « je ne porterai plus mes pas, tu as pris beaucoup en échange de peu de choses; pour quelques daims et quelques faons que tu as perdus, tu gardes les yeux d'un enfant ! Et la mère, enlaçant de ses bras son fils chéri, exhalait la plainte gémissante du rossignol et elle pleurait de lourdes larmes. Mais la déesse Athéna eut pitié de sa compagne et elle lui dit ces paroles : « Femme divine, retire tous ces propos dictés par la colère. Ce n'est pas moi qui ai fait le malheur de ton fils. Il ne saurait être agréable à Athéna de ravir la lumière d’un enfant. Mais ainsi le veulent les lois de Cronos : qui verra un des immortels, si le dieu n'y consent, paiera cher cette vue […]<br /> Amie, ne te plains plus ; par amitié pour toi, je le favoriserai de bien d'autres privilèges. Je ferai de lui un devin dont le nom passera à la postérité, un plus merveilleux devin que nul autre. Il connaîtra le vol des oiseaux, ceux qui sont favorables, ceux dont on ne peut tirer aucun augure, et ceux aussi dont le vol est funeste. Il rendra de nombreux oracles aux Béotiens, il en rendra de nombreux à Cadmus, et plus tard aux puissants Labdacides . Je lui donnerai un grand bâton pour guider ses pas et je le ferai vivre de longues années. Une fois mort, il sera seul parmi les ombres à rester en possession de sa science et le puissant Conducteur des peuples l'honorera. » Elle dit et de la tête fit un signe d'assentiment : tout ce à quoi consent Pallas s'accomplit. Car à Athéna, seule d'entre ses filles, ô servantes préposées au bain de Pallas, Zeus a accordé tous les pouvoirs paternels; ce n'est pas d'une mère que naquit la déesse, mais de la tête même de Zeus . Et la tête de Zeus ne donne pas de vain assentiment.<br /> Pour le Bain de Pallas Hymne de Callimaque Extrait
E
Merci Gérard pour ton application à repenser le texte avec des références sûres. Mais je me demande si ces références, qui sont justifiées, ne laissent pas échapper ce qui est en cause à savoir l’inconscient. C’est ce que tu appelles toi la vérité subjective. En fait cette vérité ne lui manque pas : elle est là et il ne la voit pas. Et s’il ne la voit pas, c’est parce qu’il est dans la toute-puissance masculine. Lorsqu’il remet son pouvoir à Créon, il peut entrer dans son inconscient : le texte dit qu’il se crève les yeux et qu’il devient aveugle. Mais en devenant aveugle, il devient voyant comme Tirésias. Et si Antigone est plus lucide, c’est précisément parce qu’Œdipe lui a ouvert la porte en intégrant la dimension de la femme.<br /> <br /> PS. On peut encore voir la référence au nouveau livre de Gérard Jaffrédou en cliquant sur Etienne Duval.
G
Merci pour cette lecture inhabituelle de ce vieux mythe, si rabaché. Je n'ai rien contre ton interprétation qui est un rappel pertinent et utile : la peur de soi et d'autrui, et de la mort, est &quot;à l’origine de toutes les dérives de l’homme et qu’il n’y a d’autres voies que l’amour&quot;, moyennant un &quot;espace de respiration entre l’homme et la femme&quot; et &quot;qu’il y va (pour chacun) de son propre sort et du sort de l’humanité&quot;.<br /> <br /> Mais, je me laisse influencer par une lecture récente : de Frédéric Lordon, La société des affects, Pour un structuralisme des passions, Le Seuil, 2013, 287 p. Lordon, comme on le sait sans doute, convoque Spinoza pour donner un peu de pertinence à l'analyse sociologique et politique (le conatus, les affects, l'obsequium, l'ingenium). Or je remarque, dans ton texte, l'abondance des notations relatives à la connaissance, à la compréhension, à la révélation, à la clairvoyance, à la vérité. J'en tire ceci.<br /> <br /> Ce qui manque à ce pauvre Oedipe, c'est la connaissance de sa vérité subjective – ce qu'il est, en tant que produit d'une histoire (malheureuse) ; et en même temps il lui manque la connaissance de la vérité objective, celle des faits qui l'ont produit, lui : l'ont &quot;affecté&quot;, et celle des réalités qu'il rencontre. C'est, à l'évidence, ce qui fait sa perte. Il s'enfonce dans des décisions de Gribouille.<br /> <br /> On peut supposer Antigone plus lucide sur elle-même et la réalité, donc en meilleure posture. Elle &quot;persévèrera dans son être&quot;, sûre de sa &quot;légitimité&quot; qui fait sa force, contre la Loi, contre le pouvoir, qui persévèrent de leur côté dans leur être, c'est à dire dans leur stupidité, leur inhumanité. <br /> <br /> Je te rejoins pour observer que le nigaud, dans l'affaire, est ce pauvre Oedipe, l'homme. La femme, Antigone, a la clairvoyance et le courage. Elle suspend l'obsequium de peur, l'habitus qui fait obéir à l'ordre dominant. Ce qui nous arriverait davantage en effet si nous acceptions la femme en nous. Ou du moins si nous les fréquentions davantage et mieux. <br /> <br /> G.J. 21. X. 2013<br /> <br /> PS. En appuyant sur Gérard Jaffrédou, vous avez la référence du dernier livre de Gérard Jaffrédou.
E
A Marius Alliod<br /> <br /> Je suis admiratif devant tant d’érudition, qui nous permet de replacer Freud et son complexe d’Œdipe, dans le courant historique de la pensée. Il n’empêche, comme tu le remarques toi-même, qu’il a fait faire un saut à la réflexion en soulignant l’ambiguïté de l’homme dans le jeu entre le conscient et l’inconscient. Pour simplifier un peu, jusqu’ici, le philosophe s’occupait du conscient, comme si on pouvait s’intéresser au jour sans considérer, en même temps, la nuit. Maintenant il faut aussi donner une place à l’aveugle Tirésias qui lit dans l’inconscient de l’autre. C’est quand même une révolution, qui est loin d’être achevée.<br /> <br /> Mais ce que je voulais souligner c’est que Freud était également aveugle lorsqu’il a analysé le mythe d’Œdipe. Il n’a gardé apparemment que ce qui l’intéressait pour sa pratique du moment, laissant tomber une partie importante du texte également très intéressante et qui apporte un équilibre à l’ensemble de l’interprétation. C’était cela l’objet de mon article.<br /> <br /> Je voudrais dire aussi que nous sommes aujourd’hui contraints de nous réinterroger sur le sujet lui-même, dans son unité profonde au-delà de son ambiguïté qui le fait balancer entre le conscient et l’inconscient, entre l’individu charnel et sa dimension sociale, entre le même et l’autre, car je suis aussi un autre.<br /> <br /> Tout cela ne m’empêche pas de reconnaître l’intérêt essentiel de ta contribution.
E
Tant mieux !
D
Mais point mal ne l'avais pris!
M
Cher Etienne,<br /> <br /> J'avais bien lu ton blog lorsqu'il est sorti, mais je n'ai pas su comment le faire rebondir., pour cause de polysémie.J'ai donc attendu que les commentaires démarrent sous la plume de lecteurs mieux inspirés que moi, … <br /> En peu de mots, il me semble que la difficulté première qu'on rencontre si on confère au récit d'Oedipe une portée universelle et trans-historique consiste en cela qu'on gomme ce qui s'est imposé comme une évidence dans la société occidentale à partir du 16° siècle dont Freud a pris acte, sans plus s'interroger. A savoir que le sujet humain s'est perçu comme devant régenter l'univers par sa science et entrer grâce à elle dans une phase de développement indéfini où le fils serait appelé à devenir plus grand que son père au lieu de se contenter de le perpétuer et de reproduire ses pratiques de survie, selon un destin plus ou moins immuable. C'est du moins un présupposé qui va de soi dans la philosophie de Descartes, jusqu'à la critique Kantienne aux yeux de laquelle il y a une dimension morale de l'être humain, la loi morale au fond de mon coeur, dont la science n' a pas vocation à s'occuper. Les post-Kantiens allemands comme Fichte, Schelling et Schopenauer vont en tirer la conclusion qu'il n'y a plus à s'interroger sur la grandeur du sujet humain, sa capacité de se poser dans l'être notamment par le langage et qu'il faut se contenter de philosopher sur la conscience dans sa pure contingence en dehors de toute prétention ontologique. Bien entendu, le Docteur Freud à l'époque suivante, peu préoccupé de philosophie mais beaucoup de biologie, va se croire autorisé à prendre la conscience comme un simple fait d'observation et à étudier une partie de ses productions comme des phénomènes d'ordre pathologique. Car désormais la conscience, n'est plus maîtresse chez elle, elle est doublée par l'inconscient dont il se charge de développer la théorie ou la doctrine, pour parler comme Roland Dalbiez dans sa distinction entre &quot;La méthode psychanalytique et la doctrine Freudienne&quot;.C'est ainsi que Freud sera amené dans son étude sur le transfert, à faire l'hypothèse du complexe d'Oedipe selon laquelle l'enfant mâle prend le corps de sa mère comme l'objet de ses pulsions et se prépare, s'il est normal dans son développement, à changer d'objet en prenant femme à l'âge adulte, l'âge de la génitalité. Alors que la petite fille, contrairement à son frère masculin, sera le théâtre, non pas d'un changement d'objet consistant à passer de la mère à une autre femme comme objet de ses pulsions, mais d'un changement de l'objet, ( passer de la femme mère à un homme de même configuration que le père). Sachant qu'à l'époque de Freud, on ne parlait encore pas de l'homosexualité féminine où il n'y a pas de changement de l'objet, mais un simple changement d'objet. Mais la vulgarisation de la psychanalyse à réintroduit sous le chef d'Oedipe la suprématie de l'homme masculin dans les ethnies rangées sous la religion du père qu'on a invoquées faussement comme justification de la domination masculine, même si cette dernière ne s'est introduite que plus tardivement chez les Grecs. Puis les hommes de lettres on lu le théâtre grec comme un récit d'origine faisant état de cette idée centrale selon laquelle &quot;le conflit est le père de toutes choses&quot;&quot; que ce soit conflit de l'histoire chez Marx ou conflit intra-psychique chez Freud, ce qui n'est pas du tout la même chose. Sachant qu'entre temps la vision collective du théâtre grec qui figurait la soumission de l'homme au destin a été appliquée à la singularité individuelle dont la découverte et l'astreinte à la liberté remontent seulement à la Réforme initiée par Luther. L'Oedipe est devenu une notion élastique dont les interprétations sont fuyantes et l'opinion courante a perdu de vue la méconnaissance du féminin dans laquelle nos contemporains ne voient plus un thème de sagesse et de recherche d'équilibre de l'âme mais un support des vulgaires revendications d'égalité. Marius A.
E
Pierre, j'ai compris. Je me retire pour que vous puissiez contempler le soleil. Lorsque j'ai fait référence à Tirésias, c'était plutôt élogieux. C'est celui qu'on croit aveugle qui voit réellement. Il n'est plus dans la toute-puissance. C'est la toute-puissance du clan, qui empêche de voir la réalité telle qu'elle est.
D
&quot;Les yeux seuls sont encore capables de pousser un cri&quot; laissez les moi. Ce n'est en plus pas le moment de me parler de cécité. Allez plutôt &quot;voir&quot; le site www.enfantsdafghanistanetdailleurs.org <br /> Ces enfants seraient, et leurs parents, sans aucun doute pour moi, ravis de lire le superbe texte d'Antigone, quant à tuer Jocaste ou se marier avec!!!! <br /> C'est habile pour essayer de me faire réagir. Mais à la place je vous offre Diogene, allez Etienne le grand laissez moi à mon soleil humain. &quot;L'Homme fut sûrement le vœu le plus fou des ténèbres, c'est pourquoi nous sommes ténébreux, envieux et fous, sous le puissant soleil&quot;
E
Si j'ai bien compris, vous êtes comme l'aveugle Tirésias, qui ne veut pas parler parce que ses paroles risquent d'avoir des conséquences redoutables. Si j'ai bien compris encore, certains autres vous considèrent comme aveugle, mais c'est précisément parce que vous êtes aveugle que vous comprenez ce qu'ils ne comprennent pas.
P
Bonjour. J'ai été voir. Je crains que ma réaction ne m'attire encore des coups de bâtons car je ne pourrais pas m'empêcher de dire ce que je pense de toutes ce que je considère comme des fadaises freudienne sur son explication interprétation des mythes. Les mythes sont bien autre chose pour moi. Mon séjour en forêt amazonienne mon récent et prochain séjour à Kaboul me distancient de ces futilités. Je cherche a écrire un livre sur les mythes, mais pas dans un sens interprétatif. Votre texte est super intéeressant surtout ce n'est pas vous que je vise mais je suis à mon grand âge lassé de me faire taper parce que je ne &quot; comprends&quot; rien et ne supporte plus l'arrogance occidentale. Vous voyez m'abstenir est salutaire.
E
Bonjour Danièle, <br /> <br /> Il ne faut pas trop en rajouter sinon je vais finir par avoir la grosse tête !<br /> Je trouve toujours intéressants tes rappels historiques et mythiques. Nous aurions ici une explication de la toute-puissance dévoratrice de la femme-mère, avec une forme de rébellion de la fille contre son père, lui-même aveuglé jusqu’ici par sa propre toute-puissance. Pourquoi pas ? Toutes les pistes sont à explorer.<br /> Par contre, il me semble qu’il faille conserver la résolution de l’énigme par Œdipe, car, de plus en plus, c’est la connaissance qui permet de passer d’un niveau à un autre.
E
Bonjour Monique,<br /> <br /> Il n’y a pas de fin de l’histoire sauf dans une apocalypse. L’amour lui-même engendre le mouvement, des manques, parfois même des incompréhensions. Nous ne sommes pas des anges ni des êtres finis. Nous avons à nous construire nous-mêmes comme sujets et cette construction, dans l’amour ou non, n’est jamais finie.
M
La fin de cette histoire, interprêtée avec maestria,ici, ne conduirait-elle pas à la fin de l'Histoire ?<br /> Si par &quot;Amour&quot; l'homme à son tour, après la femme (mère archaïque puis Sphinx), renonce à sa toute puissance, le bonheur idéal sera atteint et comme les gens heureux n'ont pas d'Histoire...<br /> Heureusement nous avons une nouvelle engeance victime, les &quot;masculinistes&quot;, prête à relancer la guerre ! ;-)
Répondre
D
Lecture passionante. Merci
Répondre
S
Serge Tisseron, psychanalyste, nous invite à grandir, comme lui, avec les images. Le mythe d'Oedipe est &quot;bourré&quot; d'images.<br /> <br /> Ecoutez Serge Tisseron, en cliquant sur son nom.
E
C'est ce que je souhaite mais je crains que mon invitation ne soit maladroite.
P
Merci Etienne de nous inviter à grandir avec ce blog.
C
« Claude LEVI STRAUSS parle du mythe d'Oedipe et du sens à attribuer aux noms de personnes. Le prénom du père d'Oedipe signifiait &quot;boiteux&quot;, celui de son grand père &quot;celui qui marche de travers&quot;. Quant à Oedipe Il désigne celui qui a le pied enflé. C'est donc un seul et même sens même si les sens sont donnés à des moments différents de l'histoire. Il faut donc regrouper ces trois informations dans une partition verticale ». Ces analyses reposent sur l’analogie entre le mythe et la composition musicale. On voit bien comment Oedipe aux pieds enflés, tout en marchant de travers, va devenir l'aveugle, qui révèle une part du mystère de l'homme.<br /> On peut écouter Lévi-strauss en appuyant sur son nom.
G
L'article est maintenant référencé par google.
P
Je reprends ce que dit Pierre Chantelois sur le site d’Olivier et notamment sur la partie <br /> « commentaires » : http://blogoliviersc.org/?p=7200#comments<br /> <br /> Bonjour Olivier<br /> <br /> Fascinant article d’Étienne Duval sur Oedipe. Ce retour sur ce personnage mythique nous rappelle que le passé est souvent garant de l’avenir. Et l’Histoire se répète.<br /> <br /> Pierre R<br /> <br /> C'est toujours réconfortant d'être entendu et compris par les lecteurs. Vous trouverez le site de Pierre Chantelois en appuyant sur son nom.
E
Merci de votre encouragement. En appuyant sur Etienne Duval, vous aurez le site &quot;Mythes fondateurs&quot; et, dans les mythes grecs, vous retrouverez &quot;Oedipe et antigone&quot;.
H
Bravo pour ce tour de force !
Répondre
E
Merci à Olivier Schmidt-Chevalier, qui n'omet jamais de faire référence aux articles de ce blog dans son blog de blogs. Vous pouvez voir son site en appuyant sur Etienne Duval.
E
Merci !

  • : le blog mythesfondateurs par : Etienne
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  • : Mythes, articles à partir des mythes, réactions sur le site Mythes fondateurs http://mythesfondateurs.over-blog.com/ Le mythe et le conte sont la parole dans sa première gestation. C'est pourquoi, si la parole est malade, comme le dit Vittorio Gasman, il devient urgent de revenir à ses fondements qui sont encore à notre disposition, à travers les mythes et les contes. Lorsque la parole ne fonctionne pas, c'est la violence qui gagne. Les mythes et les contes, par l'apprentissage du processus symbolique qu'ils proposent, sont là pour nous aider à faire sortir la parole de la violence. C'est de la naissance de l'homme lui-même dont il s'agit.
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