La mort de Nahel et ses conséquences que nous ne comprenons pas
Le 5 juillet 2023, sur le blog mythesfondateurs par : Etienne

La mort de Nahel et ses conséquences que nous ne comprenons pas

 

La mort de Nahel, à la suite de l’’intervention d’un policier, a pris une dimension qui nous étonne. Il y a là un phénomène que nous ne comprenons pas. La violence s’est répandue comme la fa flamme d’un incendie, impossible à maîtriser. Sans doute opérons-nous une confusion qui nous empêche de voir la réalité telle qu’elle est. Pour soulever le voile qui égare notre perception, nous allons faire référence au mythe biblique de La lutte de Jacob avec Dieu.

 

Lutte de Jacob avec Dieu

 

Cette même nuit, Jacob se leva,

Prit ses deux femmes, ses deux servantes, ses onze enfants

Et passa le gué du Yabboq.

Il les prit et leur fit passer le torrent,

Et il fit passer aussi tout ce qu’il possédait.

Et Jacob resta seul.

 

Et quelqu’un lutta avec lui jusqu’au lever de l’aurore.

Voyant qu’il ne le maîtrisait pas,

Il le frappa à l’emboîture de la hanche,

Et la hanche de Jacob se démit pendant qu’il luttait avec lui.

Il dit : « Lâche-moi car l’aurore est levée »,

Mais Jacob répondit :

« Je ne te lâcherai pas, que tu ne m’aies béni ».

Il lui demanda : « Quel est ton nom ? »

« Jacob, répondit-il ».

Il reprit :

« On ne t’appellera plus Jacob, mais Israël,

Car tu as été fort contre Dieu et contre les hommes

Et tu l’as emporté ».

Jacob fit cette demande : « Révèle-moi ton nom, je te prie »,

Mais il répondit :

« Et, pourquoi me demandes-tu mon nom ? »

Et, là même, il le bénit.

 

Jacob donna à cet endroit le nom de Penuel,

« Car, dit-il, j’ai vu Dieu face à face et j’ai eu la vie sauve ».

Au lever du soleil, il avait passé Penuel

Et il boitait de la hanche.

C’est pourquoi les Israélites ne mangent pas, jusqu’à ce jour,

Le nerf sciatique, qui est à l’emboîture de la hanche,

Parce qu’il avait frappé Jacob

À l’emboîture de la hanche, au nerf sciatique.

(Genèse, 32, 23-33)

 

Une lutte inspirée par l’amour et non par la haine

 

Le texte que nous livre la Bible est particulièrement étrange. Jacob est en train de prendre sa liberté par rapport à son oncle Laban, chez qui il a travaillé et élevé des onze enfants. C’est une nouvelle existence qu’il veut engager :  en abordant la rivière Yabboq, il effectue un passage essentiel pour sa vie future. Patiemment il commence par faire passer ses troupeaux, ses onze enfants, ses deux femmes Léa et Rachel et ses deux servantes. Or maintenant la nuit est là, qui l’enveloppe de toutes parts. Il est seul face à lui-même. Mais, dans cet entre-deux, un Autre s’interpose et lui barre le passage. Peu à peu, il comprend que c’est le Dieu de son père. Alors sa lutte prend un autre sens. Elle devient un combat d’amour pour l’adoption. Il faut que l’Autre lui fasse une place. Celui-là finit par accepter en inscrivant son propre nom dans celui de son nouveau partenaire : Jacob devient alors Israël (que Dieu règne). Désormais il appartient vraiment à la famille de Dieu.

 

La recherche d’adoption chez les jeunes des banlieues

Fondamentalement, les jeunes des banlieues, qu’ils viennent du Maghreb, d’Afrique ou d’autres anciennes colonies françaises, aspirent, eux aussi, depuis assez longtemps, à l’adoption par la nation elle-même. Ils veulent être considérés comme français à part entière. Mais les politiques n’ont souvent pas compris une telle transformation. Ils continuent à vivre dans la méfiance et ne sont pas toujours prêts à accepter l’adoption d’une population dont ils continuent à se méfier.

 

Le déchaînement de violence lorsqu’un jeune est tué par la police

Lorsqu’un jeune est tué par la police, chaque autre jeune aspirant à l’adoption reçoit l’évènement comme une atteinte personnelle très profonde. Il s’aperçoit qu’il ne compte pas et que son souhait est loin d’être pris en compte. Au départ, c’est un déchaînement de désespoir qui se transforme en soulèvement de violence. La raison n’a plus de place et la violence elle-même devient mimétique. En fait, la violence de l’autre devient la règle de ma propre violence.

Il n’est pas question ici d’incriminer la police, car son travail devient de plus en plus compliqué en raison du phénomène de la drogue et des dealers. Mais, en même temps, la drogue constitue un écran, qui empêche de voir la réalité avec les nuances qui s’imposent. Comme les citoyens eux-mêmes, les policiers ne voient qu’une dimension de la réalité.

 

Nous sommes renvoyés au problème que nous ne voulons pas voir

Si nous voulons avancer, il est indispensable de sortir d’une attitude défensive. Le jeune des banlieues n’est pas simplement un être qui s’est égaré dans la violence : comme chacun d’entre nous, il est en demande d’amour. Il ne voit d’issue à son mal-être et à sa solitude que dans son adoption par la France toute entière. Les spécialistes de la violence nous ennuient ; ils ont oublié que derrière la violence, il y a aussi la vie.

 

Si nous répondons à l’attente d’adoption des jeunes, nous réveillerons une énergie considérable

Des trésors se cachent sous les soubresauts d’une jeunesse acculée parfois au désespoir. Si elle est accueillie comme il se doit, non seulement elle ne sera pas une charge nouvelle, mais elle fournira une force créatrice insoupçonnable pour la transformation des banlieues et de la société dans son ensemble.

Etienne Duval, le 5 juillet 1023

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