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21 mars 2010 7 21 /03 /mars /2010 17:38
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Malentendu et « malentendre »

 

Je voudrais évoquer ici le malentendu fondamental qui contrarie les relations entre les hommes et plus directement entre les hommes et les femmes. A l’origine, il y a la peur et même le refus de la mort, qui va entraîner un « malentendre de l’autre ». Pour le montrer, je vais commencer par faire le récit d’une très forte expérience personnelle que je relierai au texte mythique de la chute.

 

Mon oreille s'ouvre

 

Nous sommes en 1987. Je viens de m’apercevoir que je n’entends pas de l’oreille droite. J'achète une poire en caoutchouc pour la nettoyer mais rien n'y fait. Tous mes efforts, quels qu'ils soient, n'aboutissent à aucun résultat. Faut-il me rendre à l'évidence ? Je me dis que je dois être sourd depuis ma naissance et que je viens seulement d'en prendre conscience. C'est dur de se sentir handicapé, surtout lorsqu'il s'agit de l'oreille. Mes élucubrations symboliques me renvoient à la féminité de mon père. Il y aurait un problème à chercher dans cette direction. J'en suis là de mes interrogations lorsqu'une collègue de travail m'interpelle : "Tu n'entends pas ?" Elle est en train de critiquer une autre collègue et je fais mine de ne pas l'écouter pour ne pas donner prise à la mésentente sous-jacente. Un peu piqué au vif, je lui réponds : "Je vois tout mais je n'entends pas tout." Or cette petite scène va être d'une importance capitale. Il est six heures du soir. C'est le moment de quitter le travail. Je m'engage dans le centre commercial de la Part-Dieu tout proche. Tout à coup, je ressens dans l'oreille droite la détonation d’un coup de fusil. Mon oreille s'ouvre et, au même moment, j'aperçois, au bas du centre commercial, à la hauteur du métro, de petits enfants qui font du pédalo sur un bac d'eau, qui a disparu depuis. Très rapidement, je vais faire le lien. Je suis renvoyé au moment de ma naissance, avec l'eau et les enfants. Or, à cette époque, il y avait une mauvaise entente entre mes parents et ma grand-mère paternelle. Mon oreille n’aurait-elle pas enregistré cette mauvaise entente ? C’est en tout cas l’interprétation qui me vient rapidement à l’esprit. Mais après réflexion et discussion avec des amis, je comprends que, dès mes premiers jours, j’ai refusé d’entendre la « mauvaise entente » parce qu’elle mettait ma vie en danger. C’est ainsi que ce premier événement a contribué à fermer mon oreille droite, qui  évoquait discrètement la maison de mes grands parents, où je suis né.  Comme chez tout le monde, il y avait, en moi, dès l’origine, une peur viscérale de la mort, qui dictait mes comportements. Sans le vouloir, ma collègue, empruntant probablement la figure de la grand-mère, venait de reproduire la scène primitive qui avait marqué ma naissance. C’est ainsi que j’ai retrouvé, à mon insu, la voie de mon origine et le chemin de ma guérison. Avec l’apparent coup de fusil, la mort dont je refusais l’inextricable implication dans mon existence, refait surface et s’impose comme une dimension nécessaire de ma vie. Pour moi, c’est sa force positive, qui vient de m’ouvrir l’oreille. Aussi la réappropriation de mon écoute est-elle définitivement liée à l’acceptation de la mort elle-même.

 

 

Récit de la chute dans la Genèse

 

Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs que Dieu avait faits. Il dit à la femme : « Alors, Dieu a dit : vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin ? » La femme répondit au serpent : « Nous pouvons manger du fruit des arbres du jardin. Mais du fruit de l’arbre, qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous n’en mangerez pas, vous n’y toucherez pas sous peine de mort ». Le serpent répliqua à la femme : « Pas du tout, vous ne mourrez pas ! Mais Dieu sait que le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme des dieux qui connaissent le bien et le mal ». La femme vit que l’arbre était bon à manger et séduisant à voir, et qu’il était, cet arbre, désirable pour acquérir le discernement. Elle prit de son fruit et mangea. Elle en donna aussi à son mari, qui était avec elle, et il mangea. Alors leurs yeux, à tous deux, s’ouvrirent et ils connurent qu’ils étaient nus : ils cousirent des feuilles de figuier et se firent des pagnes.

(Bible de Jérusalem, Genèse, 3 – 1 à 7)

 

Le serpent qui nous renvoie à l’origine de l’homme est incapable d’entendre le langage de la mort. Comment d’ailleurs pourrait-il l’entendre puisqu’il n’a pas d’oreille ? C’est pourquoi Dieu veut provoquer une mutation de l’homme lui-même. Il veut l’amener à accepter la mort pour pouvoir la dépasser en disant à Adam et Ève : « Du fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin vous n'en mangerez pas, vous n'y toucherez pas, sous peine de mort. » Avant de goûter à la vie, l’homme doit entendre le langage de la mort car celle-ci est indissociablement liée à la vie. Jusqu’ici, il n’a connu que le langage de la vie comme le serpent lui-même. La mort qui lui apparaît comme le contraire de la vie elle-même est inassimilable. Sous la pression du serpent, qui demeure en lui comme sa propre origine, il refuse d’entendre la Parole de Dieu, qui voudrait lui faire faire un pas décisif dans l’évolution. Il s’installe dans un malentendre, source de tous les malentendus entre l’homme et le divin, entre les hommes et les femmes et dans toutes les relations qu’entretiennent les hommes entre eux.

 

Chacun doit pouvoir entendre le message du mythe, même s’il n’est pas croyant. La mutation qui nous sollicite encore aujourd’hui nous invite à l’intégration de la mort pour pouvoir la dépasser. Mais pour cela, il faut sortir du malentendre et de tous les malentendus qu’il provoque pour suivre le chemin que la vie elle-même nous propose.

 Etienne Duval


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commentaires

L
<br /> <br /> merci Socrate pour cette oreille patiente et ouverte qui m'ouvre à mon écoute et à celle des autres. La Sagesse est là.<br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Socrate accoucheur dans le Théétète<br /> <br /> <br /> Mon art d’accoucheur comprend donc toutes les fonctions que remplissent les sages-femmes ; mais il diffère du leur en ce qu’il délivre des hommes et non des<br /> femmes et qu’il surveille leurs âmes en travail et non leurs corps. Mais le principal avantage de mon art, [150c] c’est qu’il rend capable de discerner à coup sûr si l’esprit du jeune homme enfante une chimère et une<br /> fausseté, ou un fruit réel et vrai. J’ai d’ailleurs cela de commun avec les sages-femmes que je suis stérile en matière de sagesse, et le reproche qu’on m’a fait souvent d’interroger les autres<br /> sans jamais me déclarer sur aucune chose, parce que je n’ai en moi aucune sagesse, est un reproche qui ne manque pas de vérité. Et la raison, la voici ; c’est que le dieu me contraint<br /> d’accoucher les autres, mais ne m’a pas permis d’engendrer. Je ne suis donc [150d]<br /> pas du tout sage moi-même et je ne puis présenter aucune trouvaille de sagesse à laquelle mon âme ait donné le jour. Mais ceux qui s’attachent à moi, bien que certains d’entre eux paraissent au<br /> début complètement ignorants, font tous, au cours de leur commerce avec moi, si le dieu le leur permet, des progrès merveilleux non seulement à leur jugement, mais à celui des autres. Et il est<br /> clair comme le jour qu’ils n’ont jamais rien appris de moi, et qu’ils ont eux-mêmes trouvé en eux et enfanté beaucoup de belles choses. Mais s’ils en ont accouché, c’est grâce au dieu et à moi<br /> [150e] .<br /> <br /> <br /> Et voici qui le prouve. Plusieurs déjà, méconnaissant mon assistance et s’attribuant à eux-mêmes leurs progrès sans tenir aucun compte de moi, m’ont, soit<br /> d’eux-mêmes, soit à l’instigation d’autrui, quitté plus tôt qu’il ne fallait. Loin de moi, sous l’influence de mauvais maîtres, ils ont avorté de tous les germes qu’ils portaient, et ceux dont je<br /> les avais accouchés, ils les ont mal nourris et les ont laissés périr, parce qu’ils faisaient plus de cas de mensonges et de vaines apparences que de la vérité, et ils ont fini par paraître<br /> ignorants à leurs propres yeux comme aux yeux des autres [151a] . Aristide, fils de<br /> Lysimaque, a été un de ceux-là, et il y en a bien d’autres. Quand ils reviennent et me prient avec des instances extraordinaires de les recevoir en ma compagnie, le génie divin qui me parle<br /> m’interdit de renouer commerce avec certains d’entre eux, il me le permet avec d’autres, et ceux-ci profitent comme la première fois. Ceux qui s’attachent à moi ressemblent encore en ce point aux<br /> femmes en mal d’enfant : ils sont en proie aux douleurs et sont nuit et jour remplis d’inquiétudes plus vives que celles des femmes. Or ces douleurs, mon art est capable [151b] et de les éveiller et de les faire cesser. Voilà ce que je fais pour ceux qui me<br /> fréquentent. Mais il s’en trouve, Théétète, dont l’âme ne me paraît pas grosse. Quand j’ai reconnu qu’ils n’ont aucunement besoin de moi, je m’entremets pour eux en toute bienveillance et, grâce<br /> à Dieu, je conjecture fort heureusement quelle compagnie leur sera profitable. J’en ai ainsi accouplé plusieurs à Prodicos, et plusieurs à d’autres hommes sages et divins.<br /> <br /> <br /> Si je me suis ainsi étendu là-dessus, excellent Théétète, c’est que je soupçonne, comme tu t’en doutes toi-même, que ton âme est grosse et que tu es en travail<br /> d’enfantement. Confie-toi  [151c] donc à moi comme au fils d’une accoucheuse<br /> qui est accoucheur lui aussi, et quand je te poserai des questions, applique-toi à y répondre de ton mieux. Et si, en examinant telle ou telle des choses que tu diras, je juge que ce n’est qu’un<br /> fantôme sans réalité et qu’alors je te l’arrache et la rejette, ne te chagrine pas comme le font au sujet de leurs enfants les femmes qui sont mères pour la première fois. J’en ai vu plusieurs,<br /> mon admirable ami, tellement fâchés contre moi qu’ils étaient véritablement prêts à me mordre, pour leur avoir ôté quelque opinion extravagante. Ils ne croient pas que c’est par bienveillance que<br /> je le fais. Ils sont loin de savoir  [151d] qu’aucune divinité ne veut du mal<br /> aux hommes et que, moi non plus, ce n’est point par malveillance que j’agis comme je le fais, mais qu’il ne m’est permis en aucune manière ni d’acquiescer à ce qui est faux ni de cacher ce qui<br /> est vrai<br /> <br /> <br /> http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/platon/theetetefr.htm<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Oui Lucette, dans l´espérance sous le regard du Grand Autre, mais quand ni ce Grand Autre, ni ce Sujet qui porte inconsciement le pouvoir phallique "droit dans ses<br /> bottes" ne sont eux-měmes "barrés" par un symbolique qui n´est pas de l´ordre du pouvoir, alors il se passe ce qui s´est passé á Katyně en 1940 et<br /> pour une moindre part ce mois-ci. Comme me le disait un polonais dans le car d´aller, nous avons d´abord parlé allemand, puis trěs vite en frančais, parce que la langue des "deux grands frěres",<br /> il n´aime pas, "la faute du pilote", cést peut-ětre non seulement "la pression" pour atterrir ici, sans quoi la commémoration ne pouvait se faire dans la journée, mais le fait que le pilote<br /> précédent, á vérifier, avait été puni parce qu´íl avait préféré "écouter son corps" que d´obéir. Qu´est-ce que ce grand Autre et ce phallus imaginaire, quand derriěre se cache un<br /> mensonge d´Etat ? Pour cette fois-ci, cá n´a pas été la faute aux terroristes, ni un sacrifice pour "la cause",  quelle cause, celle de nos<br /> concepts ?  Et si l´écoute de notre corps, qui nígnore pas pour autant les techniques avec lesquelles il est aux prises, nous permettait de retrouver une certaine finesse<br /> d´oreille qui est de l´ordre du symbolique, au risque de ne pas obéir, au risque comme ces 20001 résistants d´avant-hier, de ne pas ětre d´accord, de ne pas s´arranger une belle<br /> synthése idylique, tel l´officier allemand de Vercors entre "la Belle et la Běte". Finesse d´oreille plus subtile que nos concepts, parce que le corps qui se laisse écouter, c´est "l´événement .<br /> La vertu socratique essentielle, l´étonnement, "thomazo" je m´étonne, alors oui Lucette, l ´événement qui est don. charles<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> LA QUALITE DE L'IGNORANCE<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> J'allais écrire la même chose, en souriant à l'idée de l'homo sapiens sapiens ! l'homme qui sait qu'il sait... quelle erreur, mais c'est le début obligatoire avant de s'apercevoir de l'ignorance<br /> qui nous fonde. Avec toute la qualité d'ouverture que cela nous donne.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Nos échanges nous montrent l'outil qu'est notre capacité à penser, et aussi comme le soulignent Charles, Marius ou nous tous, l'autre outil incontournable qu'est le corps. L'un et l'autre, la<br /> pensée comme le corps dans un entrecroisement permanent, n'en finissent pas de buter sur ce constat : nous ignorons. Une finitude, une butée, nous qui aspirons à l'infini...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Alors, cette ignorance m'ouvre à une autre dimension : l'espérance.<br /> <br /> <br /> Pour moi, espérer, c'est m'en remettre à ce qui est plus grand que moi, en confiance. Cette sensation me comble, et me rend mieux que légère, parce que c'est donné. Un peu comme du miel chaud qui<br /> coulerait en moi comme un onguent. <br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Je ne sais pas et je sais que je ne sais pas....<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> ta rěponse Etienne sur la subtile fonction du mensonge dans son rapport á la věritě est trěs éclairant > Aussi je me dis que sur ce terrain miné, la premiěre<br /> condition d´une véritable écoute n´est pas d´abord dans la recherche de concepts qui nous laisseraient croire qu´ainsi nous allons pouvoir entendre la vérité<br /> aletheia non-voilée de l´autre, mais dans "Je ne sais pas", la qualité de l´ignorance qui est la qualité de celui qui sait qu´il ne sait pas, qu´il est<br /> dans le voilé, "Voilá" aurait ajouté Raymond Devos ! Entendre, c´est avec mon corps, "le concept de chien n´aboie pas" disait Spinoza. Parler, c´est avec ma langue et<br /> c´est le měme mot qui désigne "les langues" ! Délicate approche de l´inconscient -individuel et sociétal- qui n´est pas ce qui n´est pas conscient, mais simplement " Un<br /> train peut en cacher un autre". Alors "l´Autre" peut commencer á ětre écouté, et qui sait, peut-ětre entendu ? Bon dimanche á tous -"neděle" en tcheque = surtout, "ne<br /> rien faire" ! Charles<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Mensonge et vérité<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Tous les mythes nous disent que notre mal-être vient du mensonge. Personnellement, j’ai tendance à penser qu’ils ont raison. Mais le mensonge n’est pas le contraire<br /> de la vérité. Le plus souvent il consiste à cacher une partie de la vérité. Dans le mythe de la chute, ce que dit le serpent n’est pas faux : « Vous deviendrez comme des dieux ».<br /> L’homme est effectivement appelé à devenir comme un dieu. Mais il cache la mort ; il ne veut pas en entendre parler alors que la mort fait partie de la condition humaine et que chacun doit<br /> pouvoir l’affronter pour éventuellement la dépasser. Autrement dit, le mensonge est un peu comme une donnée de base : la vérité sera toujours, en partie, cachée jusqu’à la fin des temps.<br /> Dans ce cas, le véritable mensonge consiste à dire que rien n’est caché, que tout est clair, que la vérité est entièrement à notre portée. Il oublie que la vérité est toujours devant nous, dans<br /> un espace irrémédiablement ouvert, qui reste toujours à défricher. D’ailleurs, en grec le mot qui « dit » la vérité est alêtheia, c’est–dire dévoiler ce qui est caché,<br /> un caché qui n’aura jamais fini d’être dévoilé. Par définition, elle nous libère du mensonge et, en ce sens, elle nous rend plus léger, plus libéré, comme dit Lucette. Alors peut-on toujours dire<br /> la vérité ? D’une part, on ne peut jamais la dire tout entière car elle nous échappe sans cesse. D’autre part, il appartient à chacun de la dévoiler : c’est une exigence personnelle.<br /> L’autre peut m’aider à la dévoiler mais il ne peut pas me l’imposer sans précaution car alors il court le risque de m’entraîner vers la mort. Il ne faut pas oublier, en effet, que le mensonge<br /> peut être une défense pour se prémunir contre la mort. Si j’enlève la défense, la mort peut l’emporter…<br /> <br /> <br /> Je voudrais souligner aussi que le mensonge peut être perfide, c’est-à-dire une arme, sciemment utilisée pour détruire l’autre.<br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> C est de Tchequie que j ecris sur un clavier tcheque, pas facile : les langues sont lieu de communication mais aussi des barrieres !<br /> <br /> <br /> En venant de lire ce qu ecrit Lucette, je me dis que nos concepts ne sont que des moyens pour approcher la verite, mais la veritable approche n est elle pas l ecoute de l autre avec nos oreilles<br /> pour entendre et nos yeux pour voir ? C est ainsi que j ai pris le car des polonais a Geneve -qui s arrete a Prague- pour venir ecouter deux tourtereaux et leur fils de bientot 2 ans . C est tout<br /> autre chose que le telephone, l ecriture ou internet. Retour mardi a Grenoble. Charles<br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Nous avons rencontré le malentendre dans diverses configurations :<br /> <br /> <br /> * le malentendre généalogique, qui nous vient de notre famille et qui peut être somatisé, organique.<br /> <br /> <br /> * le malentendre entre les humains, les hommes entre eux, entre les peuples<br /> <br /> <br /> * le malentendre entre un homme et une femme, avec toute la question sexuelle et la jouissance<br /> <br /> <br /> * enfin, le malentendre entre adultes/parents et enfants.<br /> <br /> <br /> Ce n'est sûrement pas exhaustif, mais c'est ce que j'ai retenu.<br /> <br /> <br /> J'avais évoqué le malentendre déjà entre les trois zones qui constituent notre cerveau.<br /> <br /> <br /> Dans chaque cas, le malentendre est lié au mensonge, ou au non-dit, au refoulé. Je comprends que le corps est structuré aussi de cela. Reconnaître nos limites, qui font que nous entendons mal ce<br /> qui nous vient de l'autre.<br /> <br /> <br /> Cependant Etienne, m'a fait tourner dans la tête cette question du mal-entendre. Elle peut avoir deux compréhensions :<br /> <br /> <br /> soit nous ne pouvons pas,par nature, bien entendre, et en tout cas non sans travail d'écoute, soit nous résistons à cette capacité d'entendre le mal. Et c'est pourtant ce qui deviendrait<br /> thérapeutique : devenir ainsi capable de passer le mur de la peur et de la mort.<br /> <br /> <br /> Alors, ce concept de mensonge m'a fait venir celui de vérité.<br /> <br /> <br /> A la question qu'est-ce que la vérité ? je répondrai d'expérience : ce qui me rend libre. et légère. Mais est-elle toujours à dire ? sous quelle forme et à quel moment ? et pour quel fruit ?<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> C'est intéressant de voir comment Bettelheim essaie de faire naître, chez l'enfant, le sentiment d'altérité de la mère.<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Bruno Bettelheim et la psychanalyse des enfants<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Bruno Bettelheim, dans l’ouvrage "Psychanalyse des contes de fées" considère que le conte est un rite de passage entre l'univers de l'enfance et le monde des<br /> parents<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Extrait<br /> <br /> <br /> Tout conte de fées est un miroir magique qui reflète certains aspects de notre univers intérieur et des démarches qu'exige notre passage de l'immaturité à la<br /> maturité. Pour ceux qui se plongent dans ce que le conte de fées à communiquer, il devient un lac paisible qui semble d'abord refléter notre image ; mais derrière cette image, nous découvrons<br /> bientôt le tumulte intérieur de notre esprit, sa profondeur et la manière de nous mettre en paix avec lui et le monde extérieur, ce qui nous récompense de nos efforts."<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Dans un autre ouvrage Bettelheim, cite ce passage d’une histoire figurant dans un livre de lecture autrichien, intitulé « Maman, s’il te plaît ! ».<br /> <br /> <br /> « Maman, s’il te plaît, un morceau de pain ! » dit l’enfant.<br /> <br /> <br /> « Oui », dit la mère, et elle coupe une tartine pour l’enfant.<br /> <br /> <br /> « Maman, s’il te plaît, lis-moi une histoire », dit l’enfant.<br /> <br /> <br /> « Plus tard », dit la mère.<br /> <br /> <br /> « Pourquoi plus tard » ? demande l’enfant.<br /> <br /> <br /> « Écoute ! dit la mère, n’entends-tu rien ? »<br /> <br /> <br /> L’enfant se tait, reste très tranquille et écoute.<br /> <br /> <br /> « Maman, s’il te plaît, lave-nous ! » crient les assiettes.<br /> <br /> <br /> « Maman, s’il te plaît, cire-nous ! » crient les chaussures.<br /> <br /> <br /> « Maman, s’il te plaît, reprise-nous ! » crient les chaussettes.<br /> <br /> <br /> ... Et la mère dit :<br /> <br /> <br /> « C’est comme ça toute la journée. »<br /> <br /> <br /> Alors, l’enfant dit :<br /> <br /> <br /> « Pot, viens, il faut aider maman. Nous allons tous les deux chercher le lait »<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Bettelheim note que cette histoire invite l’enfant à observer le comportement de sa mère, ce qui en l’amenant à découvrir les vraies raisons de ce comportement le<br /> délivre du sentiment d’être rejeté qu’il peut éprouver. La conclusion de cette petite histoire est qu’une mère aimante qui fait comprendre à son enfant ce qui se passe toute la journée lui montre<br /> comment ils pourraient se tenir compagnie en s’aidant mutuellement dans les tâches quotidiennes. Tout cela dans un livre de lecture qui non seulement amuse l’enfant qui le lit, mais lui permet de<br /> mieux comprendre la relation mère-enfant<br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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F
<br /> <br /> <br /> Françoise Dolto, psychanalyste de l’enfant<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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K
<br /> <br /> Vos enfants ne sont pas vos enfants<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Vos enfants ne sont pas vos enfants. Ils sont les fils et les filles du désir de la Vie pour elle-même. Ils passent par vous mais ne viennent pas de vous et bien<br /> qu’ils soient avec vous ils ne vous appartiennent pas. Vous pouvez leur donner votre amour mais pas vos pensées, car ils ont leurs propres pensées. Vous pouvez loger leurs corps mais pas leurs<br /> âmes, car leurs âmes habitent la maison de demain, que vous ne pouvez visiter, pas même en rêve. Vous pouvez vous efforcer d’être semblables à eux, mais ne cherchez pas à les rendre semblables à<br /> vous. Car la vie ne revient pas en arrière et ne s’attarde pas avec le passé. Vous êtes des arcs à partir desquels vos enfants, telles des flèches vivantes sont lancés. L’Archer vise la cible sur<br /> la trajectoire de l’infini, et Il vous courbe de toutes ses forces afin que les flèches soient rapides et leur portée lointaine. Puisse votre courbure dans la main de l’Archer être pour<br /> l’allégresse, car de même qu’Il chérit la flèche en son envol, Il aime l’arc aussi en sa stabilité.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Khalil Gibran, Le prophète, Folio classique<br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Pour que l’enfant trouve sa place dans le désir<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> On m’a dit qu'en Tchéquie, les allocations familiales ne durent que jusqu'aux 3 ans de l'enfant, si bien  que la mère en vient de plus en plus<br /> fréquemment, pour, dit-elle, "retrouver sa liberté", à virer le père, se garder l'enfant et exiger une pension.  Le jour où il y aura une véritable égalité professionnelle entre<br /> hommes et femmes, ce serait bien aussi que les femmes ne soient pas dans la toute puissance au sein de la famille, pour autant qu'il y ait encore des familles (composées, décomposées, recomposées<br /> !).Derrière ces questions de société, il y a non seulement la question des deux fonctions bien différentes du père et de la mère, mais la question du couple du fait, comme l'observe Lacan, que<br /> l'homme et la femme, non seulement ne sont pas à la même place, mais ce n'est ni réciproque, ni symétrique, "la jouissance phallique" qui est du côté de l'homme, n'est pas "la jouissance autre"<br /> du côté de la femme. D'où la tension dans les couples du fait de la différence d'intérêts qui, passée "la lune de miel", ou bien devient le lieu difficile mais fécond du désir (dans cette<br /> différence de tensions, "différence de potentiel" orientée) et de la parole bordée non par l'imaginaire mais par le symbolique, ou bien tourne au replis de chacun sur l'amour narcissique, sans<br /> limites, ni frontières, imaginaire :"jouir à tout prix". Et l'enfant issu de ce couple a besoin non seulement de sentir qu'il a été désiré, mais qu'il a été désiré par le désir de l'un pour<br /> l'autre de ses deux parents et que ce désir du couple continue pour lui aussi l'enfant à courir, à circuler, même si c'est dans la souffrance d'une communication difficile, voire<br /> silencieuse,  pour qu'à son tour il soit, non dans la demande, mais dans le désir et qu'il y trouve sa place. Autrement il va être objet d'amour, voire dans le lit des parents,<br /> et non sujet, ou bien encore objet de la pression phallique du père (réussir ses examens : des filles très brillantes mais anorexiques  dans un corps délabré; des garçons qui<br /> n'ont pas droit aux relations amoureuses), ou de la "jouissance autre" de la mère : celle du corps, imaginaire, narcissique, "jouir à tout prix", pas la peine d'en parler à ton père, je vais te<br /> le donner, hors symbolique.<br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Quelle belle parole de Bobin !<br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Dans "le silence de la mer" de Vercors, ou le film "le cerf-volant" deux femmes sont là, face à leur désir de sujet, contrarié par un impératif social. Si je considère, également sur ce thème, le<br /> livre de Duras "Hiroshima mon amour", transgresser ou pas l'interdit imposé par la société, je comprends que nous ne sortons pas indemne de l'Amour, quel que soit le choix fait. Et tant mieux, à<br /> mon expérience.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Jusqu'où la société, ses interdits, ses lois, peuvent-ils asphyxier le sujet ?  Et ne fait-elle que l'asphyxier ? Ne pose-t-elle pas du cadre ? Ne sommes-nous pas là dans le monde des<br /> idoles, qui dépendent d'un contexte, d'une culture ? Aimer un "allemand" aujourd'hui...<br /> <br /> <br /> Jusqu'où le sujet peut-il les transgresser ? Au nom de quelle icône...<br /> <br /> <br /> Ce que je retiens de positif dans cette relation souvent houleuse entre sujet et société, c'est qu'elle ouvre (pas toujours) un espace de parole. Je repense à Christian Bobin qui écrit "peut-être<br /> ne tombe-t-on amoureux que pour enfin commencer à parler".<br /> <br /> <br /> D'ailleurs, j'ai aussi en mémoire et au coeur, toute la subversion du message christique ! Guérir un jour de shabbat etc... <br /> <br /> <br /> "Tu ne tueras point" qui ? l'autre ?  mais aussi toi-même ! comme tu aimeras l'autre comme toi-même.<br /> <br /> <br /> En fait, je ne fais que poser des questions.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> <br /> Tu ne tueras point<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Les structures fondamentales du malentendre<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Je me demande si les deux films dont nous venons de parler ne sont pas révélateurs d’une des structures fondamentales du malentendre. Ce que je ne veux pas<br /> entendre, dès l’origine, c’est l’impératif social qui vient contrarier mes relations proches, impératif social qui a un lien secret avec la mort. Et pourtant la relation proche ne pourra survivre<br /> que si elle intègre aussi l’impératif social (et la mort). C’est le rôle de l’interdit du récit de la chute. Le refuser au départ, c’est s’engager dans un malentendre général non seulement avec<br /> la société mais aussi avec les plus proches. La relation ne peut réussir avec les plus proches que si elle se construit sur l’horizon de la société universelle. Mais, en même temps, la société<br /> universelle ne peut s’inscrire dans la toute-puissance au risque d’asphyxier le sujet. C’est pourquoi, dans un second temps, la priorité du sujet va impliquer une forme de transgression de<br /> l’impératif social : d’abord respect de l’espace qu’il dessine pour la parole, ensuite refus qu’il s’impose comme un absolu et refus aussi que la mort se constitue comme finalité de la vie.<br /> Mais je me rends bien compte qu’il y a là un terrain pour d’autres discussions en vue d’approcher d’un peu plus près la vérité.<br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> En te lisant, j'ai repensé au film Vercors, avec cette nuance quand même que là, l'amour est interdit et pourtant présent alors que dans ton film la femme a franchi l'interdit.<br /> Elle montre ainsi que l'amour n'a pas de frontière, scandale qui donne corps au malentendre et aux malentendus...<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Les hauts parleurs des souffrances et des non dits<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> La discussion actuellement sur le blog à propos du "malentendu" en se portant sur nos rapports avec l'Algérie, ce qui est en plein dans le sujet, m'évoque ce beau<br /> film que j'ai vu hier soir à Grenoble : /_Le Cerf-Volant_  //_(Et-tayara fil-wara)_ / film libanais de Randa <br /> <br /> <br /> Chahal-Sabbagh (2003, 80') qui revient avec grâce et humour sur le conflit israélo-libanais du plateau du Golan. Lamia, jeune libanaise du Golan est donnée en<br /> mariage à son cousin Samy qui vit de l'autre côté de la frontière israélienne. Elle abandonne sa vie et sa famille et<br /> <br /> <br /> franchit seule en robe de mariée le no man's land qui sépare les deux pays. Mariée contre son gré, elle va entretenir une liaison amoureuse impossible avec un<br /> garde-frontière druze sous le drapeau israélien. (film présenté par Nicolas GILLES, membre de l'association Maalish. à Lyon). J'ai d'abord pensé au film d'Albert Lamorice _/Le ballon rouge/_, à<br /> ceci près que le film de Lamorice, c'est après notre guerre à nous de 39-45 et avec des enfants, alors que là c'est avec des adultes et entre des frontières qui ne cessent de se multiplier mais<br /> qui, dans le même temps, le cinéaste l'a bien saisi avec ces hauts-parleurs par delà les barbelés, sont comme les amplificateurs, tels les masques (persona) de la tragédie grecque, des<br /> souffrances et des non-dits au sein des familles, et aussi de leur soif de vivre en marge et comme nettoyée de  notre société, dite mondiale, de consommation.<br /> <br /> <br /> Charles<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> L’émir Abdelkader<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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G
<br /> <br /> Vu. Je garde un oeil.<br /> Gérard<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Gérard, je sais bien que tu ne dors pas. C'est bien pour cela que je fais appel à toi aux moments critiques ! En tout cas merci.<br /> <br /> <br /> <br />
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G
<br /> <br /> Je ne dormais pas !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Je suis bien d'accord. La difficulté des historiens quels qu'ils soient est bien de faire émerger une vérité, sans escamotages, en appliquant "la déontologie"<br /> stricte du métier, sachant qu'on n'échappe pas aux questions du temps qui nous traversent tous plus ou moins consciemment<br /> <br /> <br /> (aux historiens de discerner les présupposés de leurs questions et de leurs hypothétiques réponses). Parmi les présupposés les plus grossiers et les plus tenaces,<br /> cette vision "jacobine" de l'histoire, apparemment contagieuse. L'exemple que tu proposais et tes commentaires suggèrent bien que la démocratie passe par une lutte acharnée, sans mollesse, contre<br /> le jacobinisme et toutes les autres mystifications. Et que ce combat, puisqu' éminemment démocratique, est par nature celui de tous, spécialiste ou pas cela va de soi (d'ailleurs sur ces<br /> questions, je ne suis pas "spécialiste" non plus). Ce qui a guidé, récemment, ma réflexion un peu plus loin sur ces questions est le petit bouquin de /HOBSBAWM (Eric J.) .- Marx et<br /> l'histoire,  textes inédits traduits de l'anglais.- Démopolis, 2008 .- 206 p.  /Son "/Nations et nationalisme depuis 1780"/ est davantage connu. Ajouter, pour<br /> faire bon poids, les deux petits bouquins de Marcel Detienne, déjà signalés, sur les mêmes sujets . Salut, et merci encore pour cette invitation. Mais je ne dormais pas.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Gérard<br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Un des problèmes, pour l'Algérie, et ceci a été évoqué dans les discussions après la conférence, est le suivant : sans même s'en rendre compte les chercheurs ont hérité de la tradition jacobine<br /> française si bien que des pans entiers de l'histoire sont passés sous silence. Ainsi nous leur reprochons des défauts dont nous sommes responsables. Et, en ce sens, je suis bien d'accord avec toi<br /> que nous devons d'abord balayé devant notre porte.<br /> <br /> <br /> Tu penses bien que si j'ai attiré ton attention sur le texte, c'est que je voulais réveiller le Breton. On n'a pas à attendre que l'histoire officielle traite des cultures marginalisées par excès<br /> de jacobinisme. Mais il est souhaitable que les personnes intéressées puissent entreprendre l'histoire de leur culture malmenée. Je ne suis pas sûr que ce soit tout à fait le cas en Algérie<br /> aujourd'hui. En cela ils suivent l'exemple français, qui continue à leur servir de modèle.<br /> <br /> <br /> Sur l'aspect thérapeutique de l'histoire, il me semble évident qu'elle n'a pas à chercher à être thrérapeutique. Mais les historiens joueront ce rôle, sans chercher à la jouer, s'ils sont fidèles<br /> à une recherche rigoureuse de la vérité historique. C'est ce qu'on leur demande et c'est déjà énorme.<br /> <br /> <br /> Cela étant dit, je reconnais mon incompétence pour une discipline que je ne pratique pas. Mais doit-on laisser la parole aux seuls spécialistes ? C'est une offense à la démocratie.<br /> <br /> <br /> <br />
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G
<br /> <br /> Un historien prend la défense d’un autre historien<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> 1.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Je défends le collègue : les historiens fixent des limites  chronologiques à leur sujet. Si celui-ci était « l'Algérie depuis <br /> son indépendance », trop remonter dans une période antérieure était hors sujet. Par ailleurs, si « la vérité » est une thérapie,  les historiens ne sont pas des<br /> thérapeutes. Leur travail  d'historien est déjà assez difficile, et on leur demande aussi  d'être des « gardiens de la mémoire », des<br />  « bâtisseurs d'identité   nationale », ce qui est trop, et surtout contraire aux règles du   métier, mais ce à quoi, dans la<br /> pratique, il n'est pas facile d'échapper. .<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />    2.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Mais pourquoi cette limite, quel que soit le sujet ; ou plutôt  pourquoi de tels sujets posent-ils de tels problèmes de limites ?<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  Ceux-ci tiennent probablement aux notions probablement contenues dans l'exposé, et dont le sens est peu explicité, souvent, porteurs<br /> d'innombrables non-dits, d’impensés, de confusions, de  */malentendus/* : État, Nation, Peuple etc. Leur contenu est  chargé d'imaginaire, leurs contours assez<br /> poreux, leur emploi, par  conséquent, assez dangereux. D'autant que les historiens que je  connais un peu n'aiment pas trop réfléchir sur des concepts, même<br /> sur ceux qu'ils utilisent. Ceci expliquerait le malaise du  collègue, mais aussi son besoin de parler une fois sorti, si j'ai  bien compris, du cadre strict du<br /> discours universitaire, scientifique.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />    3.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Plus au fond – c'est là que tu m'attends !- je me risque à dire ceci : sur ce genre de sujets, entre autres, la nécessaire vérité est malmenée de deux côtés.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  a) du côté du collègue algérien : comme beaucoup d'historiens universitaires (je vais me faire tuer, mais tant pis !), il met,<br /> à  son corps défendant, son savoir à la disposition de l'institution qui l'emploie, et qui oriente -implicitement- le discours. J'imagine le sous-entendu : /la Nation<br /> Algérienne, enfin munie de son État Souverain, est une Rupture radicale, l'entrée dans l'Absolu de la Modernité. / Puis, une fois qu'on a dit ça, on peut causer librement.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> b) mais côté français, la « vérité » sur ces sujets est tout autant malmenée ! Ce qui ne dissipe en rien */les malentendus/* La recherche et les publications sur la<br /> « période coloniale » -sur le système colonial, sont à ma connaissance, très pauvres et très  timides, à quelques exceptions près / (Cf. : BANC (Nicolas), BLANCHARD (Pascal),<br /> VERGÈS (Françoise).- La République coloniale.- Hachette littérature, 2003.- Pluriel Histoire. /). On ne saurait, en effet, mettre trop en évidence que la République des Droits de l'homme en a<br /> fait de bien belles dans ses colonies.  D'autres ont la délicatesse de ne pas nous le rappeler. Les*/ malentendus/* ont donc de beaux jours devant eux, couverts par les non<br /> dits.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> c) Il faut aller jusqu'au fond du sac. L'incapacité, côté français  au moins, à regarder en face ce passé colonial, me semble assez évidemment<br /> venir de la manière dont la France a écrit sa propre « histoire ». Il lui fallait, au XIX ème, forger le mythe d'une Nation de droit divin comme la monarchie à laquelle elle se <br /> substitue en 1792, de toute éternité parfaite et UNE, c'est à dire uniforme grâce, enfin, à la sainte Langue. Jusqu'à récemment, « l'Occitanie », la Corse, ....et naturellement la<br /> Bretagne  n'existent , dans l'historiographie et l'enseignement, qu'après  leurs annexions respectives. Celles-ci ne sont d'ailleurs pas <br /> présentées comme telles, encore moins avec leurs causes et leurs  circonstances (et leur processus, de type colonial !), mais, dans une perspective téléologique anti-historique,<br /> comme la réalisation heureuse d'un destin. Ces mensonges d'État et ces mystifications  pédagogiques sont remarquablement analysés et démontrés par / CITRON (Suzanne).- Le Mythe<br /> national, L'histoire de France revisitée.- Ed. de l'Atelier / éd. Ouvrières, 2008.-(Réédition  augmentée, 1ére éd. : 1987). / Ceci pour dire que l'attente de la vérité chez<br /> autrui devrait commencer par la recherche (humble) de la vérité chez soi. /<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Gérard Jaffrédou, 7. IV. 2010<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Danièle, merci d'évoquer ce grand personnage d'Abdel-Kader dont j'ai souvent entendu parler. Vous me donnez l'envie d'effectuer des recherches pour en savoir davantage.<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Abd el-Kader , l'harmonie des contraires<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Bonsoir Etienne<br /> <br /> <br /> Votre commentaire n° 73 m’a ramené à la mémoire le personnage Abd el-Kader<br /> <br /> <br /> Je tiens à disposition également une chronologie de sa biographie (un peu long pour le blog !!!)<br /> <br /> <br /> Abd el-Kader Figure majeure de l'époque pré-coloniale, né en 1808 dans un milieu soufi de l'Ouest de la Régence d'Alger, il reçoit une éducation intellectuelle et<br /> spirituelle qui le préparait à une carrière de lettré, quand la conquête de l'Algérie entreprise par la France le projette sur le devant de la scène politique et militaire, fin stratège,<br /> diplomate ingénieux, mais aussi poète, chantre de la tolérance, humaniste: Il est considéré comme étant à l'origine de la nation algérienne Parvenu, au bout d'une existence aussi éprouvante<br /> qu'exceptionnelle, il a la certitude que l'homme ne peut espérer accéder à la présence divine qu'en réalisant sa propre Humanité : «Ne demandez jamais quelle est l'origine d'un homme; interrogez<br /> plutôt sa vie, son courage ses qualités et vous saurez ce qu'il est. Si l'eau puisée dans une rivière est saine, agréable et douce, c'est qu'elle vient d'une source pure.» Abd el-Kader<br /> <br /> <br /> C'est à l'historien Ahmed Bouyerdene que l'on doit ce livre : Abd el-Kader, l'harmonie des contraires (Seuil, 2008)<br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Une des racines du malentendre entre Algériens et Français, et à l’intérieur de l’Algérie<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Je voudrais communiquer quelques réflexions que je me suis faites récemment sur l'histoire. Je suis, cette année, un cycle de conférences sur le Maghreb, avec des<br /> historiens d'assez haut niveau. Jeudi dernier (1er avril), un professeur algérien nous a dressé un état de la recherche en Algérie. Je me suis rapidement aperçu qu’il passait sous<br /> silence toute l'histoire antérieure à la période coloniale comme si l’indépendance constituait un moment absolu. Je l'ai interpellé sur un refoulement possible. Il est allé dans mon sens beaucoup<br /> plus que je ne m'y attendais, évoquant toutes les périodes laissées dans l'ombre, bien qu’elles aient joué un rôle certain dans la constitution de l’identité algérienne, avec la diversité des<br /> origines et des communautés. Il a finalement évoqué la période romaine qui était aussi, en partie, selon ses dires, une période chrétienne. Nous sentions chez lui un malaise, car l'histoire ne<br /> faisait pas son travail de "thérapie" en faisant émerger la vérité. Et j'ai compris que, dans les relations internes à l'Algérie, et dans ses relations extérieures avec la France, nous vivions<br /> dans un certain malentendre et même dans le mensonge, car la vérité historique de ce pays, qui ne peut être ni une vérité partielle ni une vérité politique,  a<br /> de la difficulté à émerger.<br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Personnellement je suis assez d'accord avec cette interprétation. J'y ai perçu aussi une volonté de s'attaquer au langage lui-même pour  donner plus de chances au bien vivre ensemble. Mais<br /> en refusant la différence et l'altérité, qui sont partie intégrante du langage, on a fini par détruire la communication et par entrer dans la confusion.<br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> LA TOUR DE BABEL, OU L'ÉLOGE DE LA DIVERSITÉ<br /> <br /> <br /> Je vais m'inspirer de l'étude faite à ce sujet par et avec Michel Alibert.<br /> <br /> <br /> Le récit mythique de la tour de Babel nous incite à rechercher d'abord l'enseignement qu'il porte. La réalité historique n'a pas une réelle importance, car la Bible ne raconte l'Histoire que nour<br /> dire le sens de l'histoire. Ce récit mythique, cependant, est situé géographiquement et historiquement. La ville, connue sous le nom de Babylone, est située en Babylonie,<br /> c'est-à-dire plutôt au sud de la Mésopotamie. Dans la Bible, cette région est nommée Shinéar. La ville elle-même se nomme Babel. En fait, il s'agit d'une déformation du nom akkadien (Akkad est<br /> une ville un peu au nord de Babylone) Bab-Ilu, qui signifie "Porte d'El" (Porte de Dieu). Le rédacteur biblique a joué avec le mot hébreu balal qui veut dire mêler.<br /> <br /> <br /> Dans les villes antiques de Mésopotamie, et notamment à Babylone, on construisait des édifices religieux en forme de tour à étages appelées "ziggourats" (étymologiquement, "construit en<br /> hauteur"). On trouve des vestiges de ces tours à Ur (Mésopotamie, l'Irak actuel), à Mari (Assyrie, actuelle Syrie) et à Suse (Elam, l'Iran actuel). Ces tours, imposantes constructions pour<br /> l'époque, ont peut-être joué le rôle d'observatoire astronomique mais on admet, plus généralement, qu'elles servaient principalement de temple. Dans son livre "Histoire 1", l'historien grec<br /> Hérodote (484-425 av J.C.) décrit la ziggourat de Babylone ayant huit niveaux auxquels on accède par une rampe extérieure en spirale. Le niveau le plus élevé abritait un sanctuaire au dieu<br /> Zeus-Bélos. Dans la représentation antique, on pensait que les dieux résidaient dans le ciel. Bâtir un édifice en hauteur était donc un moyen de se rapporcher des dieux et de communiquer avec<br /> eux. Notre discours garde cette empreinte quand nous parlons "d'une pensée élevée".<br /> <br /> <br /> Voilà pour l'Histoire. Alors quel en est le sens ?<br /> <br /> <br /> La lecture traditionnelle de l'épisode de Babel y a vu la diversité des langues imposée par Dieu pour punir les hommes de leurs fautes. Une relecture contemporaine met en lumière que la<br /> construction de la ville et de la tour, est chargée de symbolisme totalitaire. Ce qui avait été compris comme une langue unique, n'est en fait qu'un discours uniforme.<br /> <br /> <br /> Les indices de totalitarisme sont nombreux :<br /> <br /> <br /> *les hommes parlent d'une seule lèvre, toute diversité a disparu.<br /> <br /> <br /> * se bâtir une ville, c'est organiser de façon fortement structurée les multiples possibilités de l'homme.<br /> <br /> <br /> * construire une tour dont le sommet touche le ciel, c'est entreprendre un projet démesuré. Le ciel est la polarité indispensable à la terre. C'est la tension entre terre et ciel, aussi bien au<br /> sens propre qu'au sens figuré de ces deux notions, qui crée l'espace de vie. Vouloir relier les deux par un trait d'union figé, une tour, c'est supprimer toute possibilité de créativité, de<br /> nouveauté, de liberté.<br /> <br /> <br /> * se faire un nom, c'est vouloir de dépendre de personne pour exister. Ici c'est refuser la diversité.<br /> <br /> <br /> Après le choix d'Adam et ÈVE d'écouter le serpent leur disant qu'ils peuvent devenir comme des dieux, ces choix totalitaires mettent en scène, une fois de plus, des hommes qui veulent<br /> explicitement se mesurer à Dieu, lui-même.<br /> <br /> <br /> <br />
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B
<br /> <br /> La tour de Babel de Pieter Brueghel<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Sans même le vouloir, Ibrahim nous ouvre la porte du savoir en invoquant la langue. Il nous dit que c'est la langue qui définit l'identité. Si l'on pousse la seconde porte, c'est celle du<br /> langage, qui va s'ouvrir. Le langage, qui nous permet de parler, est un don, comme la vie elle-même. Il est au fondement de toutes les langues. Les textes mythiques nous disent que les hommes, à<br /> un moment donné, ont voulu s'attaquer aux structures du langage. Ils n'ont plus pu s'entendre. Ils sont tombés dans le malentendre de Babel, où tout était confondu, car ils ont voulu bâtir leur<br /> civilisation sur le même en écartant la différence et l'altérité. Or la différence et l'altérité font partie des structures fondamentales du langage. S'il y a la possibilité d'un péché originel,<br /> c'est sans doute là qu'elle se situe.<br /> <br /> <br /> <br />
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I
<br /> <br /> Ibrahim nous engage sur une autre voie, celle de l'identité et de la langue<br /> <br /> <br /> La langue Française<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> En nous le plus commun c’est la langue française<br /> <br /> <br /> C’est notre identité commune de tout temps<br /> <br /> <br /> Depuis le premier jour de notre avènement<br /> <br /> <br /> Et jusqu’au dernier jour, elle entretient la braise<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Et ranime le feu,  ou quelquefois l’apaise<br /> <br /> <br /> Dans nos cœurs, nos esprits  et nos corps, constamment<br /> <br /> <br /> C’est notre second souffle et notre enchantement<br /> <br /> <br /> Sans elle après la mort, les mémoires se taisent.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Par elle et grâce à elle à travers tous les âges,<br /> <br /> <br /> Les  cultures dialoguent en mots et en images<br /> <br /> <br /> Fleurissent et embaument allègrement l’univers !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Pourquoi aller chercher ailleurs l’identité<br /> <br /> <br /> Si ce n’est que pour faire en notre âme éclater<br /> <br /> <br /> Les querelles de sang, ou de race ou de terre !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Ibrahim le 05 04 2010<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Je crois en effet que Séduction se reconnaîtrait tout à fait dans ces paroles. Il y a pourtant un moment où elle tombe évanouie parce qu'elle est accusée de ce qui se passe et fortement remise en<br /> cause. C'est le passage au mal-entendre, à la capacité d'entendre le mal : pour être réellement écoute, celle-ci doit passer le mur de la peur et de la "mort". A mon avis, c'est cette capacité<br /> qui va instituer le thérapeute. En tout cas, c'est ce qui ressort des Mille et une Nuits.<br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> J'AI BESOIN DE TON OREILLE<br /> <br /> <br /> "Séduction, avant même de se faire reconnaître, commence par écouter la mère et la soeur de Ghânim", me renvoie au texte de Jacques Samomé, que je fais mien :<br /> <br /> <br /> Quand je te demande de m'écouter et que tu commences à me donner des conseils, je ne me sens pas entendu.<br /> <br /> <br /> Quand je te demande de m'écouter et que tu me poses des questions, quand tu argumentes, quand tu tentes de m'expliquer ce que je ressens ou ne devrais pas ressentir, je me sens agressé.<br /> <br /> <br /> Quand je te demande ton écoute, je te demande d'être là au présent, dans cet instant si fragile où je me cherche dans une parole parfois maladroite, inquiétante, injuste ou chaotique. J'ai besoin<br /> de ton oreille, de ta tolérance, de ta patience, pour me dire au plus difficile comme au plus léger.<br /> <br /> <br /> Oui, simplement m'écouter...sans excusation ou accusation, sans dépossession de ma parole.<br /> <br /> <br /> Ecoute, Ecoute-moi. Tout ce que je te demande c'est de m'écouter. Au plus proche de moi. Simplement accueillir ce que je tente de dire, ce que j'essaie de dire. Ne m'interromps pas dans mon<br /> murmure, n'aie pas peur de mes tâtonnements ou de mes imprécations.<br /> <br /> <br /> Mes contradictions comme mes accusations, aussi injustes soient-elles, sont importantes pour moi. Par ton écoute je tente de dire ma différence, j'essaye de me faire entendre surtout de moi-même.<br /> J'accède ainsi à une parole propre, celle dont j'ai longtemps été dépossédé. Oh non, je n'ai pas besoin de conseils. Je peux agir par moi-même et aussi me tromper. Je ne suis pas impuissant,<br /> parfois démuni, découragé, hésitant, pas toujours impotent.<br /> <br /> <br /> Si tu veux faire pour moi, tu contribues à ma peur, tu accentues mon inadéquation, et peut-être renforces ma dépendance.<br /> <br /> <br /> Quand je me sens écouté, je peux enfin m'entendre.<br /> <br /> <br /> Quand je me sens écouté, je peux entrer en reliance. Etablir des ponts, des passerelles incertaines entre mon histoire et mes histoires. Relier des évènements, des situations, des rencontres ou<br /> des émotions pour en faire la trame de mes interrogations.<br /> <br /> <br /> Pour tisser ainsi l'écoute de ma vie.<br /> <br /> <br /> Oui ton écoute est passionnante. S'il te plaît écoute et entends-moi. Et si tu veux parler à ton tour, attends juste un instant que je puisse terminer et je t'écouterai à mon tour, mieux surtout<br /> si je me suis senti entendu.<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Thérapie dans les Mille et Une Nuits et mal-entendre<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Je voudrais évoquer la démarche thérapeutique appliquée dans le dernier chapitre des Mille et Une Nuits, intitulé La Force de l’Amour. Après avoir<br /> été enterrée vivante, par jalousie,  et sauvée par Ghânim, Séduction devient thérapeute. Je vais essayer de restituer le cadre dans lequel elle fonctionne.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Le problème fondamental des humains tient à un malentendre initial<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Le dysfonctionnement de la société et des individus tient à un malentendre originel, c’est-à-dire à une mauvaise interprétation de la réalité. Il y a un a priori<br /> non discuté qui fait de la femme une coupable. Dès l’origine, elle est amenée à tromper l’homme, comme si elle était, par nature, porteuse du mensonge. En fait le mensonge consiste précisément à<br /> croire qu’elle est porteuse du mensonge. Le khalife croit que Séduction l’a trompé et toute sa conduite destructrice sera marquée par cette fausse croyance. A leur tour la mère et la sœur de<br /> Ghânim croient que le malheur de leur famille vient aussi de Séduction. Si elles restent figées dans une telle croyance, elles ne trouveront pas la voie de leur libération.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> La première démarche thérapeutique consiste à écouter les personnes qui malentendent<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Séduction, avant même de se faire reconnaître, commence par écouter la mère et la sœur de Ghânim. Elles font le récit de leurs malheurs, jusqu’aux plus odieuses<br /> humiliations.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Progressivement l’écoute thérapeutique devient un mal-entendre<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> L’écoute, pour être thérapeutique, ne doit pas être troublée par un excès de compassion, qui amènerait à prendre parti. Elle doit passer par le mal-entendre,<br /> c’est-à-dire par la capacité d’entendre le mal présent dans le récit, et de repérer ainsi ce qui dysfonctionne.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> En passant par le mal-entendre, le(a) thérapeute va faire prendre conscience du malentendre<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> En mal-entendant, Séduction, qui connaît tous les ressorts de l’histoire, l’égarement du khalife et son retour à la vérité, va faire repérer à ceux qu’elle écoute,<br /> l’écart entre ce qu’elles croient et la réalité elle-même. Elle ira jusqu’au point de les emmener au cœur de leur malentendre.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> En cheminant jusqu’au coeur de leur malentendre, les personnes finissent par être libérées du mensonge qui les aliène<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Ramenées au cœur de leur malentendre, la mère de Ghânim et sa sœur finissent par repérer le mensonge qui les trompe dans leur interprétation de la réalité. C’est là<br /> que se situe la guérison dans la démarche thérapeutique des mille et Une Nuits.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  Le dernier chapitre des Mille et Une Nuits, repris par le cycle annuel des cafés :<br /> <br /> <br /> http://etienneduval.perso.neuf.fr/Caf%E9s%20philosophiques%20interculturels%20de%20Formidec,%20saison%202009-2010.htm<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Texte précis relatif à la réflexion présente : Télécharger la<br /> version intégrale<br /> <br /> <br /> Etienne Duval<br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> <br /> Les Chinois en Algérie<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Suite<br /> <br /> <br /> Une semaine plus tard, les habitants chinois du quartier font profil bas et refusent de répondre aux questions. Après avoir passé trois jours cloîtrés chez eux,<br /> rideau baissé, ils ont repris leurs affaires, sans doute rassurés par la présence policière. L’ambassadeur de Chine, Yuhe Liu, est venu sur les lieux, sous bonne escorte, dans une volonté de<br /> calmer le jeu en qualifiant les affrontements de lundi «d’incidents isolés» et en appelant la communauté chinoise à «respecter les lois et coutumes locales». Mais Pékin, via la<br /> porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Jiang Yu, a réclamé que l’Algérie «punisse les responsables selon la loi». Car, pour les autorités chinoises, les Algériens sont aussi<br /> du côté des agresseurs. Une version confirmée par certains habitants algériens du quartier, qui expliquent discrètement que «les fautes ne sont pas d’un seul côté». De leur côté, la<br /> majorité des habitants ne veut pas en rester là. Ils demandent, dans une pétition adressée à la mairie, que les Chinois partent.<br /> <br /> <br /> Si ces troubles sont les premiers de cette ampleur, ils illustrent bien un certain malaise dans la cohabitation entre les deux communautés. A l’origine, la cité<br /> Boushaki était habitée quasi exclusivement par des familles musulmanes très pratiquantes. Les hommes portent la barbe et le kamis, une longue robe blanche caractéristique des salafistes.<br /> L’arrivée des Chinois date de ces trois dernières années. Venus pour travailler sur les grands chantiers de BTP, ils se sont installés ici et ont ouvert des commerces de textiles bon marché.<br /> Aujourd’hui, ils seraient près de 200 dans la cité, et ne s’embarrassent pas beaucoup des traditions locales, selon leurs voisins algériens. «Ils ne respectent pas notre religion, ils<br /> jouent aux cartes dehors jusqu’à deux ou trois heures du matin en buvant de l’alcool. Eux et leurs femmes portent de plus en plus des tenues dénudées, et nous, qui sommes très<br /> pratiquants et qui habitons juste en face, nous ne pouvons même plus ouvrir les fenêtres qui donnent sur leurs appartements», raconte un habitant du quartier.<br /> <br /> <br /> «Humiliés». Pour beaucoup, les affrontements de la semaine passée sont l’incident de trop. «Ici, c’est<br /> devenu le quartier chinois, d’ailleurs tout le monde l’appelle comme ça. Ils ont profité de notre bonté pour s’installer et maintenant ils veulent prendre tout le quartier. Ici, c’est un endroit<br /> respectable, les gens sont pratiquants, nous ne voulons pas de gens qui ne respectent pas notre religion. Nous sommes d’accord pour qu’ils restent en Algérie, mais qu’ils aillent dans un autre<br /> endroit», s’emporte un commerçant. «Nous n’avons rien contre le fait qu’ils travaillent ici, mais nous voulons qu’ils respectent nos lois, ou alors qu’ils vivent isolés, pas avec la<br /> société algérienne car, là, nous avons été humiliés», renchérit un autre.<br /> <br /> <br /> La tension ambiante témoigne d’un malaise plus large dans le pays, où on a du mal à accepter cette nouvelle immigration dont le dynamisme économique suscite des<br /> jalousies. En quelques années, plus de 30 000 Chinois ont émigré en Algérie. C’est la population étrangère la plus nombreuse dans le pays. D’abord cantonnés dans des bases de vie isolées sur<br /> les chantiers où ils travaillaient, les Chinois s’installent de plus en plus au cœur des villes, là où les différences de cultures et de modes de vie ont souvent plus de mal à coexister.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> <br /> Malentendus et malentendre entre Chinois et Algériens<br /> <br /> <br /> http://www.liberation.fr/monde/0101584631-les-chinois-un-casse-tete-algerien<br /> <br /> <br /> Les Chinois, un casse-tête algérien<br /> <br /> <br /> Immigration. Des rixes entre commerçants asiatiques et locaux ont fait dix blessés près d’Alger.<br /> <br /> <br /> Par RYMA ACHOURA ALGER, correspondance<br /> <br /> <br /> Des camions qui apportent de la marchandise dans les magasins d’électroménager importé, des groupes de commerçants chinois qui attendent assis devant leur boutique<br /> l’arrivée de clients, et des Algériens qui tiennent les murs du quartier : c’est le quotidien ordinaire de la cité Boushaki à Bab Ezzouar, dans la banlieue est d’Alger. On en oublierait<br /> presque qu’il y a une semaine de violents affrontements éclataient entre Chinois et Algériens. Presque, si ce n’était les patrouilles incessantes de policiers dans leurs imposants 4x4, roulant à<br /> petite vitesse dans les rues étroites et défoncées, et celles plus discrètes d’agents en civil.<br /> <br /> <br /> Bataille. Le conflit a éclaté lundi dernier. Un jeune Chinois s’est garé devant la porte d’une boutique et,<br /> lorsque le commerçant lui a demandé de déplacer sa voiture pour que les clients puissent entrer, le conducteur a refusé. «Il a insulté sa mère en arabe ! Alors, fou de rage, l’Algérien<br /> est allé appeler ses frères à l’étage. Dès qu’il est redescendu, il s’est retrouvé nez à nez avec des dizaines de Chinois armés de pelles, de pioches et de barres de fer», raconte un voisin,<br /> dont le frère, Abdelkrim, qui tient la boutique voisine, a été blessé dans les affrontements. «Des membres de la famille du commerçant sont sortis pour tenter de les calmer, et mon frère, qui<br /> se trouvait là, s’est fait lyncher», ajoute-t-il, montrant des photos et un film, pris au téléphone portable, des blessures de son frère.<br /> <br /> <br /> La dispute a tourné à la bataille de rue avec une cinquantaine d’habitants de chaque côté et une dizaine de blessés. Le lendemain, des boutiques chinoises ont été<br /> saccagées. Les affrontements ont été largement relayés par une partie de la presse arabophone, qui n’a pas hésité à mettre en une la photo d’un blessé avec ce titre : «Une Chinoise lance<br /> un cocktail Molotov sur un jeune.»<br /> <br /> <br /> Une semaine plus tard, les habita<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Décidément, je vois que la grande personne Danièle ne comprend rien aux enfants car elle a oublié que les mythes sont les enfants de la pensée !<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> <br /> Les grandes personnes ne comprennent jamais rien toutes seules<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> A notre Maître en Mythes-Mites, je lui suggère d’utiliser des boules de naphtaline pour préserver sa garde robe.<br /> <br /> <br /> A Charles : Tu as raison Charles car les bons mots (hors contexte) peuvent prendre la résonance du slogan : "Pensée sloganesque : pensée Unique"<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Le Petit Hans ou La phobie des chevaux<br /> <br /> <br /> Freud et Le Brave petit Hans dans leur dialogue donnent un sens et démontrent, la validité de la méthode psychanalytique : « Brave petit Hans ! Je ne souhaiterais<br /> pas chez un adulte une meilleure compréhension de la psychanalyse. »<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Le Petit Prince ou La complexité des chapeaux<br /> <br /> <br /> Antoine de Saint Exupéy à Léon Werth.<br /> <br /> <br /> Je demande pardon aux enfants d’avoir dédié ce livre à une grande personne. J’ai une excuse sérieuse : cette grande personne est le meilleur ami que j’ai au monde.<br /> J’ai une autre excuse : cette grande personne peut tout comprendre, même les livres pour enfants. J’ai une troisième excuse : cette grande personne habite la France où elle a faim et froid. Elle<br /> a besoin d’être consolée. Si toutes ces excuses ne suffisent pas, je veux bien dédier ce livre à l’enfant qu’a été autrefois cette grande personne. Toutes les grandes personnes ont d’abord été<br /> des enfants. (Mais peu d’entre elles s’en souviennent.) Je corrige donc ma dédicace<br /> <br /> <br /> À Léon Werth quand il était petit garçon.<br /> <br /> <br /> Chapitre I<br /> <br /> <br /> Lorsque j’avais six ans j’ai vu, une fois, une magnifique image, dans un livre sur la forêt vierge qui s’appelait Histoires vécues. Ça représentait un serpent boa<br /> qui avalait un fauve.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> On disait dans le livre : « Les serpents boas avalent leur proie tout entière, sans la mâcher. Ensuite ils ne peuvent plus bouger et ils dorment pendant les six<br /> mois de leur digestion ».<br /> <br /> <br /> J’ai alors beaucoup réfléchi sur les aventures de la jungle et, à mon tour, j’ai réussi, avec un crayon de couleur, à tracer mon premier dessin. Mon dessin numéro<br /> 1. Il était comme ça (cf le chapeau) :<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> J’ai montré mon chef-d’œuvre aux grandes personnes et je leur ai demandé si mon dessin leur faisait peur.<br /> <br /> <br /> Elles m’ont répondu : « Pourquoi un chapeau ferait-il peur ? »<br /> <br /> <br /> Mon dessin ne représentait pas un chapeau. Il représentait un serpent boa qui digérait un éléphant. J’ai alors dessiné l’intérieur du serpent boa, afin que les<br /> grandes personnes puissent comprendre. Elles ont toujours besoin d’explications. Mon dessin numéro 2 était comme ça (cf l'éléphant) :<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Les grandes personnes m’ont conseillé de laisser de côté les dessins de serpents boas ouverts ou fermés, et de m’intéresser plutôt à la géographie, à l’histoire, au<br /> calcul et à la grammaire. C’est ainsi que j’ai abandonné, à l’âge de six ans, une magnifique carrière de peintre. J’avais été découragé par l’insuccès de mon dessin numéro 1 et de mon dessin<br /> numéro 2. Les grandes personnes ne comprennent jamais rien toutes seules, et c’est fatigant, pour les enfants, de toujours leur donner des explications…<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Charles, quelle belle histoire que celle du petit Hans, mais je laisse à Danièle le soin de te répondre sur ce point.<br /> <br /> <br /> Personnellement, je ne pensais pas donner du grain à moudre si ce n'est à Lacan, du moins, à son disciple ! L'autre est au-delà de la jouissance sexuelle et c'est peut-être ce qui fait toujours<br /> problème, en ce domaine. Mais pour que cette jouissance soit pleinement humaine, il convient de s'y engager sur un arrière-fond de séparation, qui implique la reconnaissance de sa propre altérité<br /> et de celle de l'autre. Et cette altérité doit se profiler à l'horizon de la jouissance elle-même pour éviter l'emprise d'une aliénation possible...<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> De l’indécence à l’altérité de la femme (concrète)<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Danièle, en post-criptum, tu  me demandes de développer ce jeu de mot de Lacan : "L'un des sens - l'indécence"; bien que je ne<br /> sache  où tu l'as trouvé -et chez Lacan, c'est toujours important, dans le contexte de son bon mot, d'aller chercher derrière le sujet de l'énoncé, celui de son énonciation- je<br /> vais d'abord te répondre par ce joli dialogue entre le petit Hans qui, après la naissance de sa soeur Hanna, vient d'avoir 4 ans, et son père Max qui, sous la conduite du "professeur" (S.Freud),<br /> l'interroge suite à sa phobie des chevaux : Max "Est-ce que tu aimes bien Hanna?"- Hans "Oh oui, beaucoup"- Max "Préfèrerais-tu que Hanna ne<br /> <br /> <br /> soit pas venue au monde ou préfères-tu qu'elle soit venue au monde ?"-"Je préfèrerais qu'elle ne soit pas venu au monde."-"Pourquoi ?"- "Au moins, comme ça, elle ne<br /> crie pas et je ne peux pas supporter les cris."-Max "Si tu préférais qu'elle ne soit pas au monde, c'est que tu<br /> <br /> <br /> ne l'aimes pas du tout."- Hans "Hum, hum (approuvant)."- Max "C'est pourquoi tu as pensé, quand petite maman la baigne, que si elle pouvait retirer les mains, elle<br /> pourrait tomber dans l'eau..."- Hans (complète) "et mourir."- Max "Et tu serais alors seul avec petite maman. Et un<br /> <br /> <br /> gentil petit garçon ne souhaite tout de même pas cela."- Hans "/*Mais il a le droit de le penser*/."- Max "Mais ce n'est pas bien." - Hans "*/S'il le pense<br /> vraiment, c'est quand même bien, pour qu'on l'écrive au professeur./*" Et Freud d'ajouter en note : "Brave petit Hans ! Je ne souhaiterais pas chez un adulte une meilleure compréhension de la<br /> psychanalyse." Cela se passait au début du siècle dernier. Aujourd'hui nous pourrions confier l'indécence, l'un des sens, de ce "penser vrai" à notre maître en mythes, Etienne, n'est-ce pas ! Et<br /> justement, je saisis l'occasion, en abordant Lacan, de te remercier Etienne pour ta courte réponse à ce que j'avais d'abord mal interprété :  "La femme comme autre */au-delà/*<br /> de la différenciation sexuelle", pensant d'abord que, pressé par cet "au-delà", tu gommais la différenciation sexuelle, la "Vierge Marie" par exemple se retrouvant asexuée, comptée parmi les<br /> anges. Mais pas du tout, et cet "au-delà "sur lequel tu insistes, me fait encore mieux percevoir la perspicacité de l'analyse de Lacan : Si pour lui, paradoxalement, la jouissance sexuelle<br /> <br /> <br /> (qui se fonde comme le "sexe" l'indique, sur la différenciation sexuelle) est */hors-corps/*, c'est parce qu'elle touche, il me semble, à la question œdipienne du<br /> père, de la mère, de la procréation, de l'espèce humaine, du phallus symbolique en quelque sorte, et par suite<br /> <br /> <br /> du langage; car à la différence des animaux, si la jouissance sexuelle est "hors corps", c'est qu'elle n'est pas hors langage. Mais la difficulté pour nous, du<br /> moins "les mecs", c'est que lorsque nous entendons ces mots : "la jouissance", "le sexe" -et Dieu sait s'ils apparaissent à tout bout de champ- nous voyons aussitôt sous le chapeau (^) de Matisse<br /> :  la femme, et sous l'habit (non sans indécence, je ne te le cache pas Danièle), le corps, sans nous rendre compte, comme l'observe Lacan (_/Encore/_ p.13 sq, qu'il écrit aussi<br /> "en-corps") que "jouir d'un corps quand il n'y a plus d'habits laisse intacte la question de l'Un, c.à.d. celle de l’identification...C'est ce que le discours analytique démontre, en ceci que,<br /> pour un de ces êtres comme sexués, pour l'homme en tant qu'il est pourvu de l'organe dit phallique...le sexe de la femme ne lui dit rien, si ce n'est par l'intermédiaire de la jouissance du<br /> corps...Je vais un peu plus loin : la jouissance phallique est l'obstacle par quoi l'homme n'arrive pas, dirai-je, à jouir du corps de la femme, précisément parce que ce dont il jouit, c'est de<br /> la jouissance de */l'organe/*." On pourrait ajouter, comme le rappelait un documentaire, (je ne l'ai pas vu), de /Planète/ mercredi dernier, que chez la femme le clitoris est aussi cet organe, ce<br /> phallus imaginaire, et même le seul à être exclusivement dédié au plaisir. Cela dit,  parce qu'elle n'est /pas-tout/ à l'endroit de la jouissance phallique, parce qu'elle est<br /> aussi dans une jouissance /autre/, autre corrélat de la castration,  que "la jouissance de l'Autre, du corps de l'Autre, ne se promeut que de /l'infinitude/", comme le dit<br /> encore Lacan. La femme nous fait entendre que le corps n'est pas qu'une histoire de sexe, ce que nous enseigne déjà la sexualité polymorphe du<br /> <br /> <br /> tout petit enfant dans sa période pré-œdipienne. Elle nous dit, non pas en tant que mère et épouse, mais en tant que femme, dans une jouissance autre,<br /> que  jouir d'un corps laisse entière la question  de l'identification et, comme tu le dis Etienne, la question symbolique du<br /> <br /> <br /> */sujet/*. D'où "l'impossibilité du rapport sexuel comme tel" qu'énonce le discours analytique : "La jouissance, /en tant que sexuelle,/ dit Lacan, est phallique,<br /> c.à.d. qu'elle ne se rapporte pas à */l'Autre comme tel./*" Ce n'est pas là une question de puissance ou d'impuissance, comme  semble l'entendre Lucette, moins encore bien sûr<br /> de pouvoir, mais une question de structure, cet */impossible/* c'est dans la structure, au risque sinon de sombrer dans la psychose du "jouir à tout prix".Aussi, lorsque j'entends cette parole au<br /> soir du Jeudi Saint :"Ceci est mon corps, ceci est mon sang", comme l'ont entendue les premiers chrétiens, après Cana, après l'eau changée en vin d'un repas de noces, je ne puis l'entendre que<br /> d'un */corps ressuscité/*, "re-suscité" comme l'écrivait Jacques Pohier; autrement c'est de la folie, nous sommes en pleine psychose, ou avec tous les problèmes d'agression sexuelle que peuvent<br /> connaître les relations humaines, dans les églises comme ailleurs."Un corps ressuscité" : "Noli me tangere", répond Jésus à Marie-Madeleine. De retour  de "Vipassana" dans le<br /> Diois à observer 10 jours durant, silencieusement, les sensations sur mon corps, partie par partie sans en omettre aucune, telles que je les perçois réellement et sans réagir, je réfléchissais au<br /> "code de discipline" qui prévoit une séparation  très stricte entre les hommes et les femmes, (nous étions une cinquantaine des heures durant, dans la même salle de méditation),<br /> et je me disais que loin de nier notre sexualité, cette ségrégation, c'était au contraire la reconnaître et être sur ce point vigilant; ce n'est pas innocent en effet que d'être à l'écoute de son<br /> corps et du vivant qui y circule, ni dans l'avidité, ni dans l'aversion.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Il y a un bon dictionnaire de philosophie chez Armand Colin, qui ne coûte pas très cher. Voici les références et sa présentation :<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Je pense que le Littré n'est pas tout à fait la bonne référence. La bonne référence est du côté de la philosophie.<br /> <br /> <br /> L'altérité est du côté de l'être, alors que la différence est plutôt du côté de la forme.<br /> <br /> <br /> C'est le corps qui est à l'origine de l'individu. Un chien concret et un homme concret sont tous les deux des individus.<br /> <br /> <br /> Seul l'homme concret est sujet, mais le sujet se construit aussi au cours de la vie. Est sujet, celui qui peut dire je. C'est  de me situer comme autre par rapport aux autres, qui fait de<br /> moi un sujet.<br /> <br /> <br /> Je laisse à d'autres le soin de rebondir sur les peurs.<br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> ALTERITÉ et DIFFÉRENCE     SUJET et INDIVIDU<br /> <br /> <br /> On aurait tendance à les confondre. Cette remarque pertinente m'a invitée à aller lire le "Littré".<br /> <br /> <br /> Altérité : Qualité d'être autre.<br /> <br /> <br /> Différence : Etat de ce qui est différent, de ce qui est autre.<br /> <br /> <br /> Sujet : Il se dit des personnes qui sont objet, sujet,motif de quelque chose.<br /> <br /> <br /> Individu : Il se dit particulièrement des personnes. Tous les individus qui composent une nation.<br /> <br /> <br /> Ce qui voudrait dire que l'Altérité est une capacité à être autre, une fonction qui nous est intrinsèque en tant que sujet ; tandis que<br /> la Différence, est ce qui est autre, ainsi de par sa nature et sa forme, comme individu.<br /> <br /> <br /> Nous sommes tous des individus différents et uniques, mais nous avons aussi en commun cette capacité d'altérité. Et quel serait le "bénéfice" d'une telle capacité, puisque cela demande quand même<br /> un certain travail sur nous-mêmes, et d'aller affronter nos peurs ? les réponses sont certainement uniques et toutes différentes... <br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Bonsoir Etienne : C’est si joli la Dame de Vie ! Merci, Danièle.<br /> <br /> <br /> Je me semble Charles que mon commentaire n°40 était plus une invitation à dénouer le problème : de la femme légendaire : (l’Imaginaire) d’avec (la<br /> Réelle) : la femme de Vix. Que nous ayons recours au (Symbolisme) cela me semble bien normal ! Quand au combat singulier (homme-femme) que tu proposes j’ai quelques doutes !!!<br /> <br /> <br /> En ce qui me concerne devant "Le mystère de la dame de Vix" et l’avalanche de signes qui l’entourait (Pégase, Gorgone, le vase de bronze) je me suis mise à penser à<br /> Danaé la mère de Persée.<br /> <br /> <br /> Cette visite à la Dame de Vix remonte à l’année de 1990<br /> <br /> <br /> PS : J’aimerai Charles que tu développes ce jeu de mots de Lacan : « L’un des sens - l’indécence » car je ne connais pas le langage Lacanien<br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> <br /> Emmanuel Lévinas et Jean-Paul Sartre<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Juste une petite précision parce que je veux laisser la parole à tous les autres. Mais je pense qu'il n'y a pas d'altérité féminine parce que l'altérité concerne un sujet concret. On a tendance à<br /> confondre altérité et différence, sujet et individu...<br /> <br /> <br /> <br />
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