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23 novembre 2015 1 23 /11 /novembre /2015 16:31

 

 

 

Chahrazade

Chrazadehttp://belly-danceuse.skyrock.com/3.html

 

Comment sortir de la violence meurtrière

L’intuition de Chahrazade dans les Mille et Une Nuits

 

A l’origine de chaque culture, il y a une lumière fondamentale, qui doit orienter le destin et le fonctionnement humain. Or cette lumière arrive dans un environnement, qui, par ses imperfections, peut détourner du message initial. Il importe alors de séparer le bon grain de l’ivraie, de dégager la pierre précieuse de la gangue qui l’entoure. En fait, il semble que, dans la culture musulmane, ce travail reste encore inachevé, comme semblent le manifester les violences meurtrières de l’islamisme. Et, pourtant l’Islam et les cultures avoisinantes ont produit un texte prophétique, souvent déprécié, qui montre le chemin de la purification à entreprendre : il s’agit des Mille et Une Nuits, qui s’expriment de manière admirable dans la parole de Chahrazade elle-même.

Le dialogue à la source de la culture

La parole est dialogue avec l’autre. Elle structure toute culture pour l’orienter vers la vérité. Contrairement à ce que nous croyons spontanément, elle ne présente pas un message parfaitement défini : son message ne pourra se manifester que dans le temps, dans un dialogue intérieur et peut-être plus encore dans le dialogue avec les autres cultures. J’ai personnellement beaucoup fréquenté le Liban et je dois dire, qu’en dépit de la guerre importée d’Israël, entre Palestiniens et Israéliens, il existe, dans ce pays, une sérénité de fond que je ne retrouve pas en France : une telle sérénité vient d’une confrontation constante entre la culture musulmane et la culture chrétienne, à tel point que le musulman est d’autant plus musulman qu’il porte en lui de solides racines chrétiennes. Et il en va de même pour le chrétien, qui découvre dans l’Islam un miroir tout à fait apte à réfléchir la culture venue du christianisme. C’est pourquoi la peur que certains éprouvent, en France, face aux Musulmans, me paraît, en partie, infondée. C’est plutôt à un enrichissement considérable des uns et des autres que prépare la confrontation quotidienne de nos cultures différentes. Le dialogue, en effet, a le pouvoir d’effacer les imperfections de chacune des parties.

Le problème non résolu de la violence dans la culture musulmane

C’est bien la culture musulmane qui produit l’islamisme et ses violences meurtrières, si contraires au message de l’Islam. Le terreau sur laquelle elle est apparue a contaminé la parole qui l’a structurée, au point de faire apparaître la violence antérieure comme une injonction de Dieu. Il fallait un travail de purification et ce travail n’est pas encore achevé. Il est vrai qu’une forme de violence fait partie de la nature humaine : il existe une pulsion de mort, qui, sous la pression de l’interdit du meurtre, doit se transformer en force de séparation, nécessaire à l’épanouissement de la vie. Or, dans une petite partie de la culture musulmane elle-même, une telle transformation n’a pas été complètement effectuée ; la violence, dégagée des liens qui devaient l’humaniser, se déchaîne en se démultipliant, sous l’effet d’un mimétisme devenu incontrôlable, et engendre la jouissance, à tel point que le meurtrier trouve un plaisir indicible à tuer. Pour opérer la purification indispensable, il faut accepter l’interprétation, comme le pensait déjà Averroès, car le Coran n’est pas la Parole de Dieu mais un Livre, transmis sous la forme d’une écriture. Et l’écriture ne livre ses secrets que sous l’effet d’un patient travail d’interprétation. Pour un certain nombre de Musulmans intégristes, l’effort de purification se trouve contrarié, sous prétexte de fidélité, par une forme d’interdit de l’interprétation.

L’intuition de Chahrazade

Dans les Mille et Une Nuits, Chahrazade avait pris conscience du problème. Elle pensait, en effet, que la parole comporte une double face, une face féminine et une face masculine. Or l’homme ne retient que la face masculine et ne peut entendre la parole féminine. Le dialogue fondamental entre l’homme et la femme se trouve ainsi contrarié et, il en résulte, pour la société entière, une violence destructrice. On oubliait ainsi que l’homme n’est pas simplement engendré par la sexualité : il l’est aussi par la parole. Dans la situation décrite par Les Mille et une Nuits, il manquait la parole de la femme pour que l’engendrement soit complet. C’est pourquoi, Charazade va faire passer le roi, que la violence avait profondément contaminé, par une cure thérapeutique de trois ans environ, en lui faisant écouter la parole de la femme sous la forme de plus d’un millier de contes. Non seulement l’oreille du roi finira par s’ouvrir complètement, au point que son engendrement par la parole trouvera ainsi son accomplissement, mais Chahrazade elle-même aura le temps de donner naissance à trois superbes enfants. Au terme de la cure, la violence avait disparu chez le roi. Et, sous la puissance de l’exemple, elle avait aussi disparu chez les citoyens et dans la société entière.

Le dialogue dans la société et entre les cultures passe par le dialogue entre l’homme et la femme

Le dialogue entre l’homme et la femme est fondamental car il est au croisement de tous les autres dialogues dans la mesure même où il s’inscrit au cœur même du désir. C’est pourquoi tout écart et tout dysfonctionnement à ce niveau auront des répercussions importantes sur tous les autres dialogues, qui impliquent le jeu du désir, à l’intérieur de la société ou même entre les différentes cultures. Chahrazade a parfaitement compris qu’en redonnant toute sa place au dialogue homme/femme au sein du couple royal par la cure thérapeutique mise en place, elle agissait de manière bénéfique sur le gouvernement du royaume dans son ensemble. « L’allégresse se répandit partout, depuis le palais du roi jusqu’aux quartiers reculés de la ville. Oui, le souvenir de cette nuit-là fut unique dans la mémoire de tous ceux qui la vécurent, nuit plus brillante même que le visage resplendissant du jour... On battit du tambour, on joua de la flûte. Les baladins les plus habiles donnèrent des représentations gratuites devant la foule et le roi les combla eux aussi de faveurs et de cadeaux. Il fit de larges aumônes aux pauvres et aux indigents, et sa générosité étendit ses bienfaits jusqu’au dernier des habitants de son royaume. Ainsi vécurent-ils, lui et les siens, dans le bien-être, le plaisir, le bonheur et la gaîté… jusqu’à ce qu’ils fussent rejoints par celle qui efface toute jouissance et disperse les assemblées… » (Chahrazade).

Le dérèglement du croire qui engendre la toute-puissance destructrice du dialogue

Lorsque le dialogue homme/femme est vécu dans l’inégalité et que l’homme lui-même exerce sa toute-puissance sur sa compagne, l’attitude religieuse s’en trouve perturbée. La toute-puissance de l’homme engendre la toute-puissance de Dieu et le contenu de la foi court le risque d’être vécu comme une injonction qui ne peut être soumis à la discussion ou à la réflexion. Il en arrive à s’imposer contre l’évidence même de la réalité et du réel. A un moment donné, il est nécessaire de décrocher du croire pour accueillir la lumière toujours nouvelle de l’autre et de l’Autre. Mais pour passer du croire à l’accueil de la lumière, il faudrait que le jeu du masculin et du féminin puisse s’effectuer normalement, le féminin favorisant l’attitude d’accueil et de réceptivité. Ainsi la violence qu’engendre une relation inégalitaire entre les hommes et les femmes risque, à tout moment, d’être transférée non seulement dans la relation avec l’autre mais aussi dans la relation avec le Dieu des croyants.

La construction d’un sujet ouvert à toutes les femmes et à tous les hommes

A terme, dans le jeu du dialogue, ce qui est en cause, c’est la construction d’un sujet ouvert non seulement à une femme ou à un homme, mais à toutes les femmes et à tous les hommes. La relation singulière, amicale ou amoureuse, suppose en effet la possibilité d’un dialogue universel, qui n’exclut aucune femme et aucun homme. Sans doute s’agit-il d’un but à atteindre, qui va demander une vie entière. En aucun cas, il ne pourra être atteint si le dialogue initial homme/femme est bloqué et soumis à la violence à cause d’un rapport inégalitaire.

Etienne Duval

 

 

 

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commentaires

V
Je suis vraiment fière de vous découvrir, votre blog est vraiment super ! J’aime bien son interface, et j’ai trop adoré le contenu aussi. Surtout continuez ainsi !
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J
merci pour tes propos éclairants en ce jour de 8 décembre où je mettrai qq lumignons sur mes fenêtres . Bien besoin de lumière et d' espoir en ce moment , n'est-ce-pas ?
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E
Merci Josiane. J'ai mis mes lumignons sur ma terrasse, mais, sous l'effet du vent, ils ont cessé d'éclairer la nuit. Faut-il y voir un signe ?
F
Merci à toi Etienne pour ce beau texte, si juste et ouvert sur un horizon neuf. <br /> <br /> Je le transfère à des amies Malika, Nadia ...<br /> <br /> Cordialement. Françoise
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E
J'espère, en tout cas, que ce texte révèle une part de vérité.
E
Je ne dis pas qu'il n'existe pas de violence dans l'Islam, mais j'essaie de rester fidèle au texte en me tournant du côté des Mille et Une Nuits, qui sont un texte critique de l'Islam, issue de la culture musulmane elle-même. Chahrazade dit qu'à son époque cette violence s'explique par des rapports inégalitaires entre les hommes et les femmes, et sa thérapie consiste à faire entendre à l'homme violent la parole de la femme qu'il n'arrive pas à écouter. A partir de cela je fais l'hypothèse qu'il pourrait en aller de même aujourd'hui,ce qui ne me paraît pas invraisemblable...
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M
Comme je lisais FinkielKraut j'ai trouvé cette phrase:"Mais n'est-ce pas dans la bouche du gaffeur que se faufile la vérité, quand la pensée n'est plus animée que par le souci de ménager la susceptibilité des uns et surtout des autres." Elle me parait trop vraie aujourd'hui.<br /> <br /> Ceci m'amène à poser la question:"Qu'est-ce qu'une religion?". Aujourd'hui on nous dit l'Islam ce n'est pas la violence voyez les soufis, or les soufis ne semblent plus être acceptés par les musulmans eux-mêmes. Est-ce la croyance de telle personne ou de telle autre ou un ensemble de textes. Je suis plus enclins à adopter cette dernière solution et alors ta discussion ne peut conduire à rien, à moins que tu ne penses faire corriger les textes eux-mêmes ou ce qu'ils représentent. <br /> <br /> En disant que l'Islam a pour origine la violence, s'est développé dans la violence et est intimement lié à la violence je ne dis pas que telle personne même musulmane est violente. <br /> <br /> A cacher la vérité elle ressort inévitablement.<br /> <br /> Voilà ce que m'est venu à l'idée de te dire.<br /> <br /> En espérant que ta grippe a été définitivement vaincue je t'embrasse,
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F
Merci, Etienne de tes encouragements. Cette piste que tu relances avec un texte inattendu et fort, j'avais mis beaucoup de temps pour commencer d'y comprendre quelque chose, faute de maturité sans doute. D'abord un peu avec Jolif, quand il commentait, de façon critique d'ailleurs, "Le deuxième sexe" de Simone de Beauvoir. Je me souviens aussi de son extrême pessimisme sur ce point, après un voyage en Tunisie, pourtant réputée avancée...<br /> <br /> Puis, en1967, quand il avait cédé sa place à Pohier (pour le "traité de la tempérance" de Thomas, rebaptisé très justement "traité du désir et du plaisir"). Avec la découverte concommittante et intense de la psychanalyse, d'abord par les textes de Freud puis dans un stage à Tignes, redoutable d'implications des participants, dont beaucoup étaient des analystes, voir des analysants, ce qui n'avait pas été sans problèmes. Mais tout cela ne fournit que des données de base, essentielles pour l'implication au niveau des sociétés, que tu esquisses...
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E
Merci de tes encouragements. J’ai bien l’intention de poursuivre une réflexion en ce sens. Ce matin, j’ai écouté l’émission "Interception" sur la situation des femmes en Arabie Saoudite. Il apparaissait évident que, dans ce pays, la religion est utilisée pour défendre une tradition culturelle sur les femmes, qui n’a rien à voir avec la religion. Il faudra bien s’exprimer un peu fortement sur ce problème.
I
Il y avait ce matin une émission de France Inter, intitulé "Interception" sur la condition des femmes en Arabie Saoudite. On voit bien comment le dialogue hommes/femme et les droits élémentaires de la femme sont contrariés par un discours religieux qui vient renforcer une tradition culturelle rétrograde au nom de la religion. Il est clair, dans ce pays, que le tri entre religieux et culture n'est pas fait. Par ailleurs, l'inégalité dans le dialogue hommes/femmes semble bien constituer un verrou, qui engandre la violence.<br /> "C’est un pays où peu de journalistes occidentaux peuvent aller travailler : l’Arabie Saoudite. <br /> La religion du royaume est l’islam wahhabite. On y pratique une forme rigoriste de la religion, dans laquelle les femmes sont à peine visibles. Dès leur naissance, elles sont placées sous l’autorité d’un homme, le père ou le frère. Puis le mari. Par exemple, l’Arabie Saoudite est le seul pays au monde où il leur est interdit de conduire. Certaines femmes très courageuses, ont bravé cet interdit, elles se sont filmées au volant sous leur niqab (voile noir masquant l’intégralité du visage, ne laissant apparaitre que les yeux). Ces vidéos amateurs ont fait sensation. Le Royaume, lui, n’a pas apprécié ce vent de rébellion. La séparation des sexes est si stricte en Arabie Saoudite, que le terme de ségrégation n’est pas galvaudé. Les bâtiments publics et officiels, les banques, les universités ont des entrées séparées. <br /> En 2011, cependant, une décision du roi Abdallah (décédé en janvier 2015 et remplacé par le roi Salman, monarque âgé de 80 ans) a créé un peu d’espoir. Il a accordé aux femmes le droit de vote, ainsi que celui d’être éligible. Ce droit sera ainsi appliqué pour la première fois le 12 décembre prochain, pour des élections municipales. Pour la première fois, des femmes seront candidates. Mais comment faire campagne dans un pays où les femmes ne se montrent pas ou si peu ? Leur campagne est si difficile à mener que déjà certaines, jettent l’éponge." <br /> <br /> Reportage de Christian Chesnot, prise de son Arthur Gerbault. Mixage : Claude Niort. Réalisation d’Anne Lhioreau assistée de Stéphane Cosme, et Zohra Bensmaïli
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F
Tout à fait exact, hélas Je me suis trompé de mois dans les dédales de mon ordinateur, mal rangé souvent : et le dernier blog, intitulé "de fin d'année" et non de décembre", m'a égaré !<br /> <br /> C'est bien au problème de la relation homme-femme et de son caractère fondateur que je souhaitais d'abord répondre : le rapport mythe-rationalité, c'est très complexe et, en général, on ne parle ni des mêmes mythes, ni de la même rationalité, ce qui crée moult équivoques... Je ne t'en avais parlé qu'à cause de la confidence tardive et surprenante de Montuclard, au terme d'une vie passionnée de recherche et d'action dont les racines me touchent beaucoup : ce sont les nôtres...<br /> <br /> Pour Schérhazade, ne peux que te dire mon plein accord. Cela éclate dès le premier chapitre de la bible. Bien des théologiens contemporains qui sont, comme par hasard, souvent des théologiennes, pensent que le thème "image et ressemblance de dieu" s'adresse au couple humain. Et ce mythe en rejoint bien d'autres (androgyne, etc...) J'aime beaucoup l'approche des psychologues systèmiciens qui disent que, dans cette affaire, ils sont toujours trois : l'homme, la femme et le couple ! Ce dernier est une réalité nouvelle, irréductible à la somme des composants, et n'existant pas, bien sûr, sans eux. C'est l'exemple parfait de la "totalité différenciée", base de l'enseignement de notre maître Joilf.<br /> <br /> Tout de même, le défaut de partage concerne bien d'autres groupes que ceux qui relèvent de la culture musulmane. Toutes les civilisations méditerranéennes, en particulier, affichent un passif terrible en la matière. Les théologiennes dont je parlais son souvent du nord... pourtant réputé peuplé de guerriers..<br /> `<br /> En pratique,le souci d'une égalité réelle de droits est très récent et lié aux derniers développements de la modernité occidentale. A peine une ou deux générations ont essayé de la pratiquer et sont encore loin du but. La situation de la France laïque, refusant le vote des femmes (par anticléricalisme borné) jusqu'en 1945, est corrélative du machisme radical de l'église romaine, dite caholique, qui rate cette forme de catholicité là !<br /> <br /> Mais c'est aussi une joie d'avoir vécu une libération, déjà souvent dans la génération de nos parents, dans la nôtre et, en plus nettement encore, dans celle de nos enfants. Parfois, le désert recule !<br /> <br /> Marie Aubertin-Montuclard écrivait, en 1942 , au moment d'accepter l'amour, suite à une déjà longue amitié militante :<br /> <br /> "Du début à la fin de notre vie commune, c'est à dire dès 1942, nous avions admis lucidement, je crois, que deux existences peuvent librement s'épanouir ensemble à condition, justement, d'être libres ensemble. Cette recherche d'une liberté mise en commun est bien l'affaire de toute une vie". <br /> <br /> Dans le livre de T.Keck "Jeunesse de l'église", p165.<br /> <br /> C'etait 26 ans avant 1968... Et tu as bien raison : c'est le noyau de tous les autres problèmes. Peut-être aussi une source de leurs éventuelles solutions...<br /> <br /> François Douchin
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E
Finalement je suis bien content que tu apportes de l’eau à mon moulin car je commençais à avoir des doutes sur mon hypothèse principale : à savoir que l’inégalité de l’homme et de la femme dans le rapport du couple est une des causes fondamentales des dysfonctionnements humains, y compris ceux de la société elle-même. C’est en tout cas ce que pense Chahrazade dans les Mille et Une Nuits. Et ce que tu dis sur le couple m’amène à poursuivre ma réflexion pour donner toute son ampleur à une telle pensée.<br /> Par ailleurs c’est vrai que toutes les cultures sont plus ou moins marquées par une certaine inégalité à l’intérieur des couples. Mais ce qui est intéressant, c’est que ce soit la culture musulmane elle-même, souvent attaquée pour son machisme, qui ait produit un des textes les plus révolutionnaires pour redonner toute sa place à la femme et, en particulier, à la parole de la femme.
G
Merci pour cette invitation à regarder l'islam d'un autre oeil, plus de l'intérieur. Et si cela nous permet de nous voir nous-mêmes, enfin, avec un recul salutaire, tant mieux !!! <br /> Voilà une bonne indication pour poursuivre la réflexion. <br /> A une fois prochaine.<br /> Gérard
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E
Je persiste à penser qu'un dialogue avec l'Islam a toujours un aspect fructueux
G
Merci pour ta réponse qui me rassure. J'avais le sentiment; une fois le texte expédié, d'avoir été fort sommaire et de radoter.<br /> <br /> Je n'ai jamais lu le Coran, je n'en ai absolument pas envie. Mais il faudrait quand même y mettre le nez un jour afin d'éviter les généralités faciles, liées à une vision de l'extérieur.<br /> <br /> Si je te comprends bien, tu as la même perplexité que moi, la tienne étant plus savante, sur cette difficulté que je dis "congénitale" à ll'islalm, de séparer ce qui est "de foi" et ce qui est "de culture" , du poliitique, du social etc. Difficulté augmentée par l'ambivalence du cadre hexagonal ( ouvert, et fermé ; explicite et implicite ; le discours et le non-dit, etc.) . Je ne recommence pas. <br /> Je pense que si l'islam peut et doit réfléchir à cette question , nous devons tout autant réfléchir sérieusement à la signification de nos "cadres intellectuels", de nos symboles, de nos "identités" et à l'usage que nous en faisons.Et de la difficulté qu'ils présentent pour ceux qui viennent d'ailleurs, ave d'autres références et d'rautres représentations. Je ne pense pas que la "mondialisation", qui uniformise et installe des dominations, aide à penser. Elle ferait plutôt l'inverse. Mais je m'arrête là. <br /> <br /> Bonne fin de semaine. <br /> Nous avons de temps en temps un peu de soleil, qui traverse notre éponge.<br /> Bien amicalement
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E
Merci Gérard, <br /> <br /> Je crois que je suis d'accord avec tout ce que tu dis. Personnellement j'ai lu, au moins en partie, le Coran et cela en groupe avec un professeur de littérature marocain. Je me suis aussi beaucoup attardé sur les Mille et Une Nuits avec le personnage extraordinaire de Chahrazade. C'est vrai qu'ils sont un peu en retard sur le travail exégétique et historique pour faire le tri entre les différents matériaux d'origine. Mais je ne doute pas un seul instant qu'ils arriveront assez rapidement au stade où nous en sommes dans le christianisme. Mais ce qu'il faut savoir c'est que l'Islam n'est pas un savoir : c'est une posture ouverte sur la Vie, sur le mystère qui nous enveloppe. Sous-jacent à tout musulman, il y a l'homme du désert, apte à écouter le silence et à entendre l'appel de l'Autre. Autrement dit, l'Islam est gardien des fondamentaux et c'est en cela qu'il m'intéresse. Pour le reste, il s'égare parfois, par manque de parole, et je pense que nous apprendrons beaucoup si nous acceptons de dialoguer avec lui de manière bienveillante et que nous serons alors amenés à remettre en cause un certain nombre de nos certitudes.certitudes.
A
Mais une radicalité plus profonde, plus authentique, qui peut être, comme le proposent certaines voies musulmanes, une radicalité spirituelle : la recherche de Dieu en soi, la rencontre de Dieu dans la prière personnelle plutôt que dans l’attentat-suicide me paraissent une aventure nettement plus radicale, si on la poursuit sérieusement. Dans cette voie, la tradition islamique aurait bien des richesses, aujourd’hui largement inexploitées, à faire valoir. Saura-t-elle le faire dans les années qui viennent ? Ce serait, il me semble, une des rares façons de sortir par le haut de ces luttes sanglantes ; mais la réponse appartient évidemment aux musulmans eux-mêmes.<br /> <br /> Adrien Candiard<br /> ISLAM <br /> Adrien Candiard est un dominicain français, né à Paris en 1982, vivant au Caire et membre de l'Institut dominicain d'études orientales (Idéo). Ancien élève de l'École normale supérieure et à Sciences po.
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G
Cher Etienne,<br /> J'entends bien, je crois, ta réponse, qui me laisse sur ma faim. Je reste avec cette question : pourquoi ce que tu espères, et nous autres avec toi, semble si difficile pour nos amis et concitoyens musulmans : cette difficulté à accorder une priorité au réationnel (je ne dis pas une exclusivité), à relativiser en le contextualiant un texte tenu pour sacré ; somme toute à entrer dans nos codes et cadres de pensée (bref à s'intégrer jusqu'à l'assimilation !). Sans aucun doute, pratiquement, nos amis et concitoyens musulmans rentrent volontiers dans le cadre de la laïcité, comme garantie de la liberté, leur liberté, religieuse ; mais certains, n'entrent pas encore dans le code qui invite à la discrétion quant aux signes religieux ("non ostentatoires", de préférence) et le respect de tout autrui y compris les femmes, semble-t-il ; et, certains -les mêmes ou d'autres-, refusent d'admettre une Loi commune si elle vient non du prophète, mais d'une banale et triviale volonté commune (ou prétendue telle), et votée, de surcroît, par des mécréants. <br /> Sans doute le dialogue dans l'égalité , notamment et d'abord l'égalité des femmes est une base nécessaire. Mais la condition d'un tel dialogue est que cette égalité soit admise radicalement, en principe. Oui, je sais bien qu'on n'avance qu'en marchant. Mais il faut un accord sur le chemin, le point de départ ou les points de rencontre, ou le but. Or nous nous mettons, dans cette affaire, dans la position d'imposer nos cadres. Je m'empresse de dire que c'est légitime et que nous n'en connaissons pas de meilleurs (quoique ...). Mais il va de soi que ces cadres seraient plus aimables, plus acceptables, si la réalité historique qu'ils couvrent l'était aussi.<br /> <br /> Je veux dire que ce débat compliqué est théologique, théorique, philosophique sociologique si on veut et tout ce qu'on veut, mais qu'il est fondamentalement, inséparablement historique c'est-à-dire politique. Et là on est sur un noeud. Le pire, le plus difficile n'est pas la "justice sociale" et le je ne sais quoi "pour tous" . Le difficile est que nos "cadres", dans lesquels il faut rentrer, sont ceux qui font "l'identité nationale, bien chosifiée, qui déterminent historiquement les codes et garantissent les libertés. Or cette "identité" repose sur des "principes républicains" qui se veulent universels, donc largement ouverts, où chacun doit trouver sa place (en faisant comme dit Mona Ozouf, sa "composition française") ... en rentrant dans les codes. Comment concilier, "composer !", entre les codes déterminés et déterminants d'une part, et les grands principes, l'ouverture universelle d'autre part. Entre les réalités historiques et les symboles, en effet. Pas ue question de synthèse ou de compromis. Il s'agit de tenir les deux. c'est tout le problème politique. On peut se gargariser de symboles en planant doucement. On peut s'abriter le nez dans les "réalités concrètes" et ne plus bouger; l'arme au poing derrière ses frontières. C'est un problème d'articulation(s). Or, sur ces questions, nos articulations, un peu vieilles, grincent terriblement. <br /> Gérard Jaffrédou, 27. XI. 2015
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E
Bonjour Gérard, Je comprends que tu sois encore sur ta faim. Je le suis moi aussi. Il me semble qu’il y a un problème interne au religieux, qui consiste à séparer ce qui est de l’ordre de la révélation et ce qui est interne à la culture d’accueil. Normalement, c’est aux exégètes et aux historiens à le faire. Les exégètes juifs, et chrétiens me semblent avoir beaucoup travaillé en ce sens. Je ne suis pas sûr que ce travail soit achevé aujourd’hui, dans l’Islam. Par rapport à la culture musulmane, il y a tout l’apport des Mille et une Nuits avec la voix prédominante de Chahrazade. Cette voix a très fortement remis en cause l’inégalité dans la parole entre les hommes et les femmes. Mais on n’en a pas complètement aujourd’hui tiré les conséquences. Bien qu’incompétent, j’ai été invité à Fez pour un colloque concernant la traduction des textes sacrés. Mon apport a été de dire qu’on ne peut pas interpréter correctement le Coran si l’on ne tient pas compte des Mille et Une Nuits. J’ai apparemment été entendu mais cela est loin de suffire. Il y a, en même temps, un problème philosophique lié à l’anthropologie, qui admet ou n’admet pas, mais au nom de quoi, l’égalité entre les sexes et les droits de l’un et l’autre. Et, bien sûr, comme tu le dis, les choses ne peuvent finalement avancer sans l’action du politique pour fixer les principes des constitutions et promulguer un certain nombre de lois ouvrant l’espace des droits de la femme et de l'homme. A coup sûr, la mondialisation devrait amener, par les confrontations qui se produisent, à ce que chacun s’interroge sur ses propres pratiques.
J
Très intéressantes tes réflexions sur l'islamisme, la violence,, le dialogue H/F, en particulier le fait que la relation inégalitaire entre les 2 peut aller jusqu'à son transfert dans la relation avec DIEU. Tu évoques également l'interdit d'interprétation du coran qui est vécu par une majorité de musulmans. Je pense à ce sujet que les événements que ns venons de vivre peuvent entrainer une évolution de cet interdit et conduire l'islam vécu en France à sortir de son extrême discrétion et à s'engager sur la voie de l'interprétation mais c'est aussi aux non musulmans qu'il appartient de se rendre compte que l'islamisme est un dévoiement de l'islam; j'ai le sentiment de buter sur ce point sur une incompréhension totale de la plupart de mes interlocuteurs; ils sont persuadés que cette évolution de l'islam est quasi impossible et que la seule solution au problème est celle préconisée par le FN.
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E
Jean, je souscris à tout ce que tu dis. En fait, il y a un règle simple pour notre comportement avec l'Islam : un dialogue bienveillant. C'est ce dialogue qui permet de trouver le juste voie et de progresser, à plusieurs, vers un plus de vérité et de paix.
F
Pour ce qui est de ton blog de Novembre, assez provoquant finalement, j'ai de la peine à accepter l'opposition radicale entre "raison" et "symbolique". Pour moi qui suis un vieux du moyen-âge (je traque en ce moment Albert-le-grand) cette opposition est une caractéristique de la vie moderne. Elle naît avec la rupture qu'on appelle habituellement "nominalisme" (fin du XIIIème) et qui va faire naître, en plusieurs siècles, à la fois le statut "moderne" de la religion (principal support du symbolisme jusque là) et aussi celui de l'approche scientifique. J'essaie d'être fidèle, pour ma vie perso, à la "raison grecque" où "théorie" veut dire contemplation de la vérité, plus ou moins divine. Me poursuit le testament de Chenu : "chez nous (les dominicains), l'intellectuel garde le spirituel".<br /> <br /> Il ne s'agit pas d'opposer mais d'articuler. Le "rationnel" moderne n'est toxique que lorsqu'il s'est voulu "savoir absolu" (les philosophies allemandes du XIXème siècle) et avenir radieux, comme au temps du scientisme. Avec le fantasme annexe qu'on allait finir par tout savoir, tout dominer. Les réactions des meilleurs n'ont pas tardé (Poincaré, etc... ) et, plus près de nous, Lévinas qui oppose génialement "totalité" fermée et "infini", définitivement ouvert...<br /> <br /> Il doit être possible de retrouver une articulation entre les deux approches. Mais c'est difficile et le retour au passé est impossible... La condition, est, sans doute, comme tu le dis, d'accorder une priorité réelle à la relation interhumaine. Nous en sommes loin et ça ne s'arrange pas. Mais ca n'était pas meilleur autrefois. Jolif nous citait Valéry : "Toute lumière nouvelle crée d'ombre une morne moitié..." Le bonheur total n'est pas de ce monde mais les miettes qu'on y croque suffisent à enraciner l'espérance d'un achèvement sans fin.<br /> <br /> En tout cas, tu as raison de rappeler qu'il ne faut pas tuer notre loup mais l'apprivoiser. Et ce n'est pas facile dans un moment où, fort légitimement, on se met en position de défense... La non-violence a aussi ses limites : elle ne peut jouer que dans certaines conditions. Nous sommes assez vieux pour savoir qu'au temps de notre enfance, sous le règne nazi, ce n'était pas non plus le moment... Il faut parfois que notre loup sorte ses griffes mais la vraie question est le retour à la paix, généralement raté (1919 restera une abomination mêlée de stupidité)<br /> <br /> J'arrête le petit jeu familier des retours sur l'histoire. Mais ça aide à comprendre !<br /> <br /> Bene tibi<br /> <br /> François Douchin
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E
Je m’attendais à ce que tu interviennes sur le dernier blog concernant La violence et Chahrazade. Cette dernière m’a amené, non sans raison à mettre un lien entre les rapports inégalitaires de l’homme et la femme et le développement de la violence meurtrière. Comme la vie, et surtout la vie culturelle, se développe par le truchement du dialogue, il devient compréhensible, comme tout semble passer par le rapport entre l’homme et la femme, que des blocages à ce niveau finissent par entraîner des conséquences désastreuses au sein de la vie culturelle dans son ensemble. En dépit de certaines critiques, je maintiens mon hypothèse. Il suffit de repérer, dans les banlieues, un certain nombre de meurtres de jeunes adolescentes pour vérifier que le problème posé n’a pas encore été résolu. Comme dans les deux blogs, j’évoquais la violence, j’ai mis ton commentaire dans le dernier blog.<br /> Tu parles de ton questionnement sur l’opposition entre raison et symbolique. Il n’y a pas opposition mais dépassement. Un tel dépassement me paraît nécessaire pour ancrer le cheminement de la raison dans un parcours de vérité car le symbolique oblige la raison à se confronter à une forme de totalité qui, normalement, lui échappe. Le problème de la raison se présente lorsque la raison veut échapper à la démarche symbolique.<br /> Enfin, personnellement je pense en effet qu’il faut intégrer la violence pour pouvoir la dépasser. C’est pourquoi je ne suis pas toujours d’accord avec certaines formes de non-violence. Un véritable retour à la paix ne peut se faire sans le respect de certaines conditions, notamment la création d’un espace de séparation, engendré, par une forme de violence, pour permettre le dialogue.
G
Cher Etienne,<br /> <br /> J'admire toujours ton art d'amener tes lecteurs à ta conclusion préférée, fondamentale : la nécessité vitale de construire le Sujet ouvert sur l'Autre, sur l'Universel, et du même coup sur la Transcendance. Cela est peu discutable, dans tous les sens du terme.<br /> Je bute quand même sur l'une de tes prémices. Tu dis que l'Islam doit encore « séparer le bon grain de l’ivraie, (…) dégager la pierre précieuse de la gangue qui l’entoure. En fait, il semble que, dans la culture musulmane, ce travail reste encore inachevé, comme semblent le manifester les violences meurtrières de l’islamisme ». Sans doute. Mais je me demande, quant à moi, pourquoi ce n'est pas fait ; je ne suis pas théologien, surtout pas de l'Islam, ni connaisseur de son histoire. Et je suis bien conscient qu'il faudrait faire de nombreuses distinctions : entre les variétés de l'Islam, entre les fondamentalismes et le djihadisme , entre les formes et sens du djihad, entre les voyous « européens » et la puissante machine proto- ou pseudo-étatique dont on parle sans en bien connaître la réalité. <br /> Je me demande depuis longtemps s'il n'y aurait pas dans l'islam une difficulté congénitale (qu'on trouve d'une autre manière dans le christianisme, mais pour d'autres raisons et dans un autre contexte, ce qui lui a permis de s'en exempter). Cette difficulté serait d'accorder sérieusement son autonomie à la raison, au rationnel, notamment au politique (qui ne l'est pas toujours) Les efforts conjugués et successifs de Thomas d'Aquin, des Lumières et des anticléricaux de la IIIè République y sont parvenu : conclusion provisoire en 1905, puis 1945, etc. <br /> Je viens de relire et relire de Slavoj Zizek, Quelques réflexions blasphématoires, Islam et modernité, Actes Sud, mai 2015, 87 p.. Zizek examine d'un oeil lacanien, l'origine des monothéismes, leurs mythes fondateurs. L'islam, dit-il, est dans un « désert généalogique » (p. 50), (à la différence du judaïsme, fondé dans la généalogie, et du christianisme, fondé sur sur une histoire de Sainte-famille). Je ne suis pas sûr, j'avoue, d'avoir bien compris toute l'explication. Ce « désert généalogique » fonderait le statut du Livre sacré, substitut de la Parole Divine, qui a doncle premier et dernier mot. L'islam reposerait ainsi sur le Texte définitif, absolu, qui fixerait un mode de vie. C'est ce qui expliquerait qu'on trouve dans l'islam une « imbrication entre le religieux et le politique » (p. 50) , dont la forme logique -si on peut dire- est bien le califat. Le Politique définit le Théologique, et inversement. Ce qui donne à la vérité un statut très particulier. Et du même coup à la femme. Tu mets le doigt sur le point important. <br /> La femme est exclue. Pire. Zizek (p. 78) se demande « si le vrai scandale que (le )voile (dans l'islam) cherche à dissimuler n'était pas le corps féminin, mais l'INEXISTENCE du féminin ? ». Si on admet, avec Nietzsche, dit-il, que « la vérité est femme », on comprend (sans l'admettre !) que la femme,« incarnation même de l'indiscernabilité de la vérité et du mensonge » (qu'on pourrait croire) « en mesure de garantir la Vérité » (« indiscernable ») doit rester voilée. Elle « est en soi un scandale ontologique » (p. 70). S'y ajoute l'idée qu'on retient habituellement : la séduction est le pire des péchés, pire que le viol ou le meurtre, car elle souille l'âme. Or la femme en est le vecteur principal et imparable. Mais de même tout le fonctionnement de « l'occident » (le rock peut en être tenu pour un résumé ! ). Si on ajoute que chaque croyant a le droit et le devoir de dénoncer voire châtier les mécréants ; et qu'aucune Institution ne vient apporter l'interprétation qui fait autorité, et calmerait éventuellement les fanatiques, …. il y a du travail pour « dégager la pierre précieuse de la gangue » . Et avec quel outil ? Elles semblent l'une et l'autre, pierre précieuse et gangue, faites d'une même matière. <br /> <br /> On peut penser (c'est la thèse de Zizek, et quelques autres) que desmusulmans ont commencé depuis plusieurs années, un combat qui se développe et s'intensifie, se diffuse et se déplacera. Et durera, et qui est un combat d'arrière-garde. Ce ne sont pas les moins acharnés. Ni les plus faciles à contre-battre. Car ils sont fondamentalement idéologiques et, sur ce terrain, nous sommes bien mal armés (y sont pour beaucoup : notre mépris et notre ignorance des religions, surtout exotiques, la bonne conscience démocratique et nationale – voilà plusieurs sujets). De plus, ces combats naissent de réalités historiques et sociologiques : les colonisations et leur suite, notamment : la fabrication, d'autorité, hors des réalités et du temps, des états-supposés-nations, par les « mandats » en 1918, 1920-23 (les traités de Sèvres et de Lausanne) ; l'intervention américaine dévastatrice en 2002-2003, jusqu'en 2011 ; la « mondialisation » qui impose partout un mode de vie à la fois fascinant, séduisant, désirable … et condamnable par un fondamentalisme religieux, que n'effraie pourtant pas la Loi du marché qui légitime l'enrichissement, (la vente du pétrole, etc. ), et est aussi une forme de violence. En d'autres termes, la « modernité » la progresse, menace la religion en diffusant l'indifférence (sans faire progresser la Laïcité ! ), et l'islam semble avoir de la peine à y faire face. La violence est une forme de réponse. Bref, cette violence ne sort pas de nulle part. Elle a des fondements réels qui alimentent une structure mentale profonde et fournissent une apparence de légitimité.<br /> C'est probablement pourquoi elle se diffuse et prolifère dans ces populations de jeunes marginalisés comme on sait, installés depuis leur enfance dans une « toute-puissance » et une grande inculture, y compris religieuse. C'est devenu un lieu commun : l'Etat, dont c'est la fonction, ne produit plus de « normes » acceptées par tous. Et encore moins de symboles (Dieu merci!). Ou bien il se trouve de plus en plus qui les acceptent de moins en moins, ce qui se sent depuis longtemps dans certains établissement scolaires... Et on ne voit pas de réponse politique à la hauteur du problème. Seulement des incantations sur le « vivre-ensemble » et une déploration sur « la perte des repères ». Dans ce contexte, des jeunes français ou belges de fait et linguistiquement ne le sont guère culturellement ou de désir. Ils se voient -ou se veulent- exclus, se voyant -ou se voulant- inassimilables. Ils cherchent dans un islam sommaire une pseudo-identité qui les fait exister. Les moyens techniques sont faciles : internet, le téléphone, la libre circulation des hommes, des capitaux et des kalachnikovs démultiplient la puissance. C'est-à-dire la violence. Et si en plus « Allah est avec nous » !… (« Gott mit uns » : on l'a déjà proclamé en d'autres temps). Je ne peux m'empêcher de penser aux fils petit-bourgeois et souvent cathos d'origine qui s'engouffraient dans le maoïsme pour exister (et sont passés au PS pour durer). Certes, sans kalachnikovs : ce n'était pas la mode. Mais c'était, en germe, la même violence désespérée (verbale et romantique) dans un contexte où, pour d'autres raisons, « le politique » n'ouvrait pas d'avenir. Du moins a-t-il fourni à certains des carrières. Ce que ne fera pas, pour ces nouveaux combattants on peut l'espérer, la situation présente. Elle en sera d'autant plus explosive. <br /> A moins, peut-être, qu'on dégage de la gangue de nos grands principes, une vision exacte du réel ?<br /> <br /> Gérard Jaffrédou, 24-26. XI. 2015.
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E
Merci de Gérard de ton application à mettre un peu de rationalité dans le problème traité. Et cela me convient d’autant plus qu’il n’existe pas de révélation, c’est-à-dire de moment où le voile se lève pour laisser filtrer une lumière indicible, pour laisser émerger le réel, si l’on ne fait pas appel à la raison. La lumière appelle la raison à son secours, ce qui ne veut pas dire que la raison doive avoir le dernier mot. Le sujet que j’essaie toujours de faire apparaître transcende d’une certaine façon la rationalité. Et je pense en effet que les penseurs musulmans, pour ne pas dire les théologiens musulmans, n’ont pas vraiment fait leur travail en distinguant ce qui était d’ordre culturel et ce qui pouvait être de l’ordre d’une révélation. Et cela notamment en ce qui concerne la violence<br /> Mais il y avait un autre domaine où la raison devait davantage intervenir, c’était dans la distinction entre la Parole de Dieu et le Livre transmis par l’archange Gabriel. Seule la Parole de Dieu s’impose, avec cette restriction qu’elle ne peut pas vraiment être dite à l’homme. Dieu et l’homme ne sont pas au même niveau. C’est pourquoi il faut, me semble-t-il, passer par l’écriture (le livre). Or il ne peut y avoir d’écriture sans interprétation et sans une interprétation qui ne sera jamais exhaustive. Il n’y a donc pas de texte définitif et absolu. La croyance à ce caractère définitif nous écarte de la lumière.<br /> Ce que j’ai voulu pointer c’est la confusion qui s’est opérée en ce qui concerne la violence, au point d’en faire une injonction divine sans passer par le discernement nécessaire de la raison. Et m’aidant des Mille et Une Nuits, j’ai émis l’hypothèse qu’elle avait son origine dans le dialogue inégalitaire entre l’homme et la femme. Je persiste à penser que cette thèse mérite d’être défendue. Il n’y a qu’à se référer à l’émission prévue par Arte dont j’ai relaté une partie du contenu sur ce blog. Les violences actuelles entre les hommes et les femmes, en particulier dans les milieux maghrébins, semblent même dépasser ce qu’évoque les Mille et Une Nuits. Ce qui est en cause, aujourd’hui encore, c’est moins la violence explosive que les relations inégalitaires entre hommes et femmes, dans certains milieux musulmans.
A
Arte et les violences faites aux femmes<br /> http://www.eteignezvotreordinateur.com/la-cite-du-male-le-reportage-darte-sur-les-violences-faites-aux-femmes/<br /> 2004, à Marseille : Ghofrane, 23 ans, est lapidée. 2005, à Neuilly-sur-Marne : Chahrazad, brûlée à 60 % par son ex-petit ami, est maintenue plus de six semaines dans un coma artificiel. 2009, Oullins, dans la banlieue de Lyon : Fatima, 22 ans, est étranglée par son frère… La jeune femme s’était fiancée et avait trouvé un emploi. Chaque jour, les services de police enregistrent plus d’une vingtaine de plaintes pour des actes de délinquance similaires… Cathy Sanchez s’est immergée plusieurs semaines à Vitry, là où, en 2002, Sohane, 17 ans, est morte brûlée vive dans un local à poubelles… La réalisatrice, qui s’était mobilisée à l’époque, veut comprendre comment les choses ont évolué. Pourquoi les violences faites aux femmes sont-elles trop souvent ignorées ou minimisées ? À travers les scènes de la vie quotidienne, les dits et les non-dits, se dégagent les valeurs autour desquelles se construit une certaine identité masculine et le constat d’une situation qui ne cesse de se dégrader.
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D
Pour moi, il n'y a aucun problème avec cette adresse. Il suffit d'appuyer dessus ou de la mettre à l'endroit habituel.
F
L'Url cité ne donne plus accès au reportage
E
Réponse à Marie-Claude,<br /> <br /> Marie-Claude, je te suis en bonne partie. Mais, en matière de discussion religieuse, nous sommes constamment comme des éléphants, dans un magasin de porcelaine, chacun mettant l'essentiel, là où il n'est .pas toujours....
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G
J'ai reçu et lu bien attentivement ton texte. J'essayais justement de réfléchir à ces questions, en pensant à une amie musulmane, documentariste, qui vit à Paris et qui en est bouleversée.<br /> J'essaie de mettre mes réflexions en forme et en ordre (et en nuances, autant que possible).<br /> A bientôt donc.<br /> Gérard
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E
A bientôt !
M
N'est-ce pas en en haut Lieu , Etienne, que tu devrais envoyer ta réflexion, je viens de lire ceci dans l'article de dénommé Isa<br /> "Mohammed Merah était, par exemple, fiché au niveau « S5 ». Ayoub El-Khazzani (histoire du Thalys) avait une fiche « S3 ». Yassin Salhi (décapitation de l’Isère) et Sid Ahmed Ghlam (assassinat de Villejuif) avaient une fiche « S13 ». Les combattants djihadistes revenant d’Irak ou de Syrie prennent le « S14 », alors que le dernier niveau, le « S16 », concerne tout individu (extrême-droite, extrême-gauche, écologistes, supporteurs de foot, anarchistes, etc.) susceptible de se livrer à des actions violentes.<br /> <br /> Mais une nouvelle subdivision vient d’être ajoutée depuis quelque temps à cette série. C’est le niveau « S17 » sous lequel sont fichés les éléments suspectés à l’Elysée, à Matignon et au ministère de l’Intérieur. Ce sont de loin les personnes les plus dangereuses.<br /> <br /> Si certains députés (en fait, un seul – la députée Pécresse des Yvelines) ont exprimé leur inquiétude au sujet de la radicalisation au sein de la RATP estimant qu’ « un fiché S ne doit pas pouvoir conduire un train, un RER ou un métro», que dire des fichés « S17 » qui conduisent les affaire de l’Etat et gèrent le présent de la République française ?<br /> <br /> La décence ne permet pas de citer les noms des personnes fichées « S17». Mais, on l’aura compris, le « S » résonne comme « Sournois », comme « Saboteur de la Société », mais surtout comme « Soumis ». Soumis à l’Islam. L’islam qui terrorise et qui tue."
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M
Etienne, il est moins question de mon émotion que de faits et de paradoxes, des bras baissés, des bras tueurs, des méconnaissances respectives culturo-religieuses, je ne parle même pas, dès lors, de la méconnaissance de la culture religieuse de l'autre faite de clichés. Clichés que j'avais trouvés au cours de ma lecture du Coran (ce qui m'avait renvoyé à la bible qu'il évoquait)<br /> Ce qui me parait difficile à expliquer ce sont les paradoxes et les sempiternels mouvements pendulaires des crises récurrentes d’hégémonie religieuse avec sa soif de pouvoir, crises génératrices de "tue-la-VIE !" sous tellement de forme, dont le classique totalitarisme politico-idéologico-religieux qui se veut chaque fois tellement pan-xxxisme.....<br /> <br /> <br /> J'y réfléchis plus en profondeur ... A plus tard, quand les enfants naitront par les oreilles pour hausser l'humanité plutôt que d'y entrer comme dans de mortels utérus.<br /> <br /> Jésus- Christ mort pour l'humanité, pour une humanité hissée vers toujours plus de grandeur humaine ... plus de six-cents ans après en quoi Mahomet a-t-il été supérieur dans son message, c'est ce que j'aurais aimé trouver à sa lecture.<br /> <br /> Le "mauvais" Islam, comme le "mauvais" christianisme, ce que l'on a su et sait si bien fustiger , l'un comme l'autre pour en évincer l'insupportable d'un quasi à l'unisson : "L'Islam ce n'est pas çà"/"le christianisme ce n'est pas çà!" (çà= les tueries en tous genre), sont aussi pernicieux l'un que l'autre....<br /> Alors racontons nous des contes, en effet.
E
Marie-Claude, je comprends ton émotion. Mais il y a tellement de gens fichés S que nous pourrions nous retrouver avec les dérives de l'étoile jaune, ce que je voudrais à tout prix éviter. J'essaie simplement de comprendre l'incompréhensible...
R
Bonjour Étienne,<br /> <br /> <br /> <br /> Ce que tu dis sur le dialogue interculturel, la place du sujet et surtout la pulsion de mort me semblent très pertinents, mais j'ai du mal, beaucoup de mal avec certaines expressions et réflexions qui donnent l'impression que tu essentialises la culture musulmane. Par exemple:<br /> <br /> <br /> <br /> "C’est bien la culture musulmane qui produit l’islamisme et ses violences meurtrières, si contraires au message de l’Islam". Tout d'abord la paire islamisme / violence ne me semble pas pertinente, sinon comment qualifier le gouvernement marocain actuel qui est islamiste et très pacifique, et que dire du gouvernement islamiste turc? Ce que tu veux probablement dire c'est "extrémisme". Mais dans ce cas-là, pourquoi en faire une spécificité de la culture musulmane? Toutes les sociétés humaines ont produit, produisent et produiront de la violence et de la contre-violence, la pulsion et les possibilités de sa sublimation, un processus de sublimation qui ne connaît pas de fin.<br /> <br /> Cela me mène vers un deuxième point de désaccord. Tu sembles comparer la culture musulmane avec d'autres cultures qui auraient, elles, réglé le problème de la violence en utilisant un terme qui me dérange: "purification":<br /> <br /> <br /> <br /> "Il fallait un travail de purification et ce travail n’est pas encore achevé. Il est vrai qu’une forme de violence fait partie de la nature humaine : il existe une pulsion de mort, qui, sous la pression de l’interdit du meurtre, doit se transformer en force de séparation, nécessaire à l’épanouissement de la vie. Or, dans une petite partie de la culture musulmane elle-même, une telle transformation n’a pas été complètement effectuée ; la violence, dégagée des liens qui devaient l’humaniser, se déchaîne en se démultipliant, sous l’effet d’un mimétisme devenu incontrôlable, et engendre la jouissance, à tel point que le meurtrier trouve un plaisir indicible à tuer".<br /> <br /> Ce que tu dis là est très juste mais dans la mesure où on l'applique à toute société humaine; toute société génère de l'exclusion, de la violence, du mépris, de la haine ; c'est structurel et inévitable pour les raisons mêmes que tu évoques: le couplage jouissance / pulsion.<br /> <br /> C'est pourquoi il n'y a jamais de travail de purification, mais seulement une libération (cathartique) suivie d'une répétition. Sinon, comment expliques-tu les guerres qui ne cessent de se répéter? La Première Guerre mondiale aurait-elle purifié la société? Bien sûr que non ! On a eu la Deuxième, puis l'Indochine, puis la guerre d'Algérie, puis la guerre du Vietnam, et ainsi de suite jusqu'à l'invasion de l'Irak, le bombardement de la Libye... Pour moi le mot clé n'est pas purification, mais bien répétition.<br /> <br /> Le symbolique peut-il tout expliquer? A mon avis, le symbolique n'est éclairant que lorsqu'il est universalisé, lorsqu'il nous permet de comprendre les structures à la base de la genèse de toutes les sociétés, mais pas d'une société. Si on spécifie le symbolique, on affaiblit sa portée. A le spécifier on ne peut plus faire rentrer dans sa structure les quelques dizaines de milliers de musulmans massacrés par des extrémistes bouddhistes en Birmanie récemment, ni cet autre génocide de musulmans perpétré par des extrémistes chrétiens pendant les deux dernières années en Centrafrique, etc. Pour moi, il n'y a rien d'autre ici que des hommes en train de tuer d'autres hommes. L'identité religieuse n'est qu'un mot d'ordre utilisé par ceux qui se battent pour le pouvoir et pour les richesses. Et cela fait des milliers d'années que cette histoire dure ; et ses forces n'ont pas encore été purifiées.<br /> <br /> Enfin il me semble très difficile d'occulter la dimension politique lorsqu'on évoque le lien entre la violence et la religion.<br /> <br /> Amitiés.<br /> <br /> Rédouane
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E
Bonjour Rédouane, <br /> <br /> Je te connais assez pour n’être pas étonné de tes réactions. Et il est bien possible que j’aie donné des verges pour me faire fouetter.<br /> En fait mon but n’était pas de dénoncer les limites de l’Islam. D’ailleurs, sous ton instigation, je préfère parler de culture musulmane que de religion musulmane. Mais j’essaie de comprendre pourquoi une violence aussi incontrôlée que celle qui vient de se produire, peut se revendiquer d’une telle culture, prodigieuse sur bien des points. Et lorsque je m’exprime ainsi, je ne veux pas incriminer la culture dans son ensemble mais je ne veux pas non plus refuser de voir qu’il y a problème sinon rien ne peut être fait pour lui trouver une solution.<br /> Dans ce cadre, l’histoire de Chahrazade me paraît fournir quelques clés. Ce qu’elle met en évidence a bien une portée générale qui peut concerner toute culture quelle qu’elle soit. Elle nous montre que l’inégalité dans le dialogue homme/femme peut être à l’origine de violences meurtrières. Pour elle, le cas de la culture musulmane est un cas parmi d’autres et c’est bien pour cela que son discours a une portée universelle. Je pose alors l’hypothèse que nous pourrions avoir là une explication des dérives actuelles. A l’origine de ces dérives, il pourrait y avoir certaines formes de rapports inégalitaires entre les hommes et les femmes. De toute façon, je continue à penser qu’il y a là une source d’interrogation permanente, quel que soit le contexte culturel dans lequel nous nous trouvons.<br /> Alors c’est vrai que les religions ont une responsabilité pour ne pas attribuer à la révélation ce qui n’est qu’un des aspects de la culture au sein de laquelle, la religion a pris naissance. A l’intérieur du christianisme, il me semble que cette préoccupation est présente depuis longtemps. Mais elle doit être encore approfondie. Et, quel que soit le camp, nous sommes tous menacés par une sorte de toute-puissance du croire qui nous empêche d’accueillir la lumière d’où qu’elle vienne. Et il y a là une source inépuisable de critiques possibles. <br /> Par ailleurs je n’ai pas peur d’invoquer une identité religieuse, car chaque religion emprunte un chemin particulier mais, il est vrai, c’est pour atteindre un même but au-delà des particularités de chacune. Il peut y avoir une idéologie à refuser le concept d’identité comme à vouloir toujours s’y référer. Le gros problème, en ce domaine, est que le rapport à l’autre nous construit comme sujets et que le sujet transcende les identités.
D
Bonjour Étienne.<br /> Pas de poil à gratter, mais essai de comprendre le schéma historique qui se répète au cours du temps,<br /> Comparaison n'est pas raison.<br /> Mais :<br /> l'homme reste le même, seul l'habit change.<br /> Et ce qui m'intéresse, c'est homme. J'embrasse toutes les femmes.<br /> La culture religieuse ! La mort a son point commun entre les pyramides, le tombeau, et les monuments souvenirs, voire les différents types de lieux de cultes où se célèbrent les lendemains qui chantent.<br /> J'attends la musique, voire les paroles.<br /> Reste que ton texte est excellent<br /> Fraternellement.<br /> -- <br /> denis jeanson<br /> <br /> www.denisjeanson.fr
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E
Ce que je trouve intéressant dans ta manière de réagir, c'est que tu introduis l'espace de la plaisanterie ; cela m'aide à prendre de la distance par rapport au texte que j'ai écrit.Aussi, en dépit de ce que tu dis, je comprends que mon texte ne pourra jamais être excellent. Ce qui est parfaitement exact.
D
Danièle Petel, qui intervenait fréquemment sur le blog,, avec beaucoup d'à propos et d'originalité, vient de nous quitter. Personnellement (Etienne Duval), je la regretterai beaucoup. Et je suis sûr que d'autres seront dans la même position que moi.<br /> <br /> Au nom de tous, j'adresse mes sincères condoléances à sa fille.
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G
L'article est maintenant référencé par google.
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D
C’est bien la culture musulmane qui produit l’islamisme et ses violences meurtrières, si contraires au message de l’Islam. Le terreau sur laquelle elle est apparue a contaminé la parole qui l’a structurée, au point de faire apparaître la violence antérieure comme une injonction de Dieu. Il fallait un travail de purification et ce travail n’est pas encore achevé. Il est vrai qu’une forme de violence fait partie de la nature humaine : il existe une pulsion de mort, qui, sous la pression de l’interdit du meurtre, doit se transformer en force de séparation, nécessaire à l’épanouissement de la vie. Or, dans une petite partie de la culture musulmane elle-même, une telle transformation n’a pas été complètement effectuée ; la violence, dégagée des liens qui devaient l’humaniser, se déchaîne en se démultipliant, sous l’effet d’un mimétisme devenu incontrôlable, et engendre la jouissance, à tel point que le meurtrier trouve un plaisir indicible à tuer. Pour opérer la purification indispensable, il faut accepter l’interprétation, comme le pensait déjà Averroès, car le Coran n’est pas la Parole de Dieu mais un Livre [sur Dieu], transmis sous la forme d’une écriture. Et l’écriture livre ses secrets sous l’effet d’un patient travail d’interprétation. Pour un certain nombre de Musulmans intégristes, l’effort de purification se trouve contrarié, sous prétexte de fidélité, par une forme d’interdit de l’interprétation.<br /> Tu mets culture chrétienne et tu as la même chose : les cathares, les intégrismes de tout poil, j'en passe et des meilleurs avec la Sainte Inquisition.<br /> A croire que la religion est intrinsèquement perverse.<br /> Le dialogue religieux serait-il un dialogue de sourdingue ?<br /> A ta suite, le dialogue commence près de chez soi. Mais comment y arriver ?<br /> <br /> Très fraternellement<br /> denis
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E
Je ne crois pas que la religion soit intrinsèquement perverse, mais je pense qu'il lui incombe de faire les tris nécessaires pour purifier le message. Par ailleurs je m'intéresse avant tout au dialogue culturel parce que les religions produisent des cultures et c'est un peu cela qui m'intéresse au premier chef : essayer de décrypter comment se fait le jeu des cultures. Mais je remarque aussi, du côté de l'Islam que le religion n'a pas complètement fait son boulot et qu'il peut en résulter de terribles conséquences...
E
A Marie-Joseph<br /> <br /> Merci de cet accord qui ne m'étonne pas !
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A
Merci, Etienne.<br /> Point de vue très intéressant.<br /> Alain
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M
je suis bien en accord avec ton analyse
E
Merci du merci !

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